PONTI (Carlo)
producteur italien (Magenta 1910).
Après des études en droit, il débute en 1940 à la compagnie ATA, pour laquelle il produit trois des films « calligraphiques » les plus réussis de la période de guerre : Piccolo mondo antico (M. Soldati, 1941), Sissignora (F. M. Poggioli, id.) et Giacomo l'idealista (A. Lattuada, 1943). Il travaille ensuite pour la Lux Film, où il finance plusieurs œuvres marquantes du néoréalisme, des comédies populaires et des mélodrames d'aventures : La freccia nel fianco (Lattuada, 1944), Deux Lettres anonymes (M. Camerini, 1945), Un americano in vacanza (L. Zampa, id.), Vivre en paix (id., 1946), La primula bianca (C. L. Bragaglia, 1947), Amanti senza amore (G. Franciolini, id.), l'Évadé du bagne (R. Freda, 1948), Gioventù perduta (P. Germi, id.), Sans pitié (Lattuada, id.), Fuga in Francia (Soldati, id.), le Moulin du Pô (Lattuada, 1949), Campane a martello (Zampa, id.), L'imperatore di Capri (L. Comencini, id.), Quel bandito sono io ! (Soldati, 1950), Cuori senza frontiere (Zampa, id.). Il revient à la ATA pour produire trois comédies dirigées par Steno et M. Monicelli : Totò cherche un appartement (1949), È arrivato il cavaliere (1950) et Dans les coulisses (id.). Le succès de ces films lui permet de fonder en 1950 une compagnie de production avec D. De Laurentiis, la Ponti-De Laurentiis. C'est la plus ambitieuse des compagnies des années 50, qui produit des films célèbres comme Gendarmes et Voleurs (Steno et M. Monicelli, 1951), Totò terzo uomo (M. Mattoli, id.), Europe 51 (R. Rossellini, 1952), Totò a colori (Steno, id., le premier film italien en couleurs), Anna (Lattuada 1953 [RÉ 1951]), Où est la liberté ? (Rossellini, id.), la Louve de Calabre (Lattuada, id.), Anni facili (Zampa, id.), La strada (F. Fellini, 1954), et aussi trois films internationaux à grand spectacle : Attila (Pietro Francisci, id.), Ulysse (Camerini, id.) et Guerre et Paix (K. Vidor, 1956). Entre 1954 et 1958, il produit, pour les compagnies C. Ponti, Excelsa et Enic, des comédies de mœurs, dont Guendalina (Lattuada, 1957), Marisa la civetta (M. Bolognini, id.), Susanna tutta panna (Steno, id.), Camping (F. Zeffirelli, 1958). Il se marie en 1957 au Mexique avec Sophia Loren, qu'il avait lancée, et se transfère à Hollywood pour produire à la Paramount les premiers films américains de son épouse : l'Orchidée noire (M. Ritt, 1959), Une espèce de garce (S. Lumet, id.), la Diablesse en collant rose (G. Cukor, 1960), puis La Ciociara (V. De Sica), film qui permet à la star de remporter l'Oscar. Dans les années 60, il contribue au renouvellement des cinémas italien et français avec des coproductions souvent courageuses, dont Une femme est une femme (J.-L. Godard, 1961), Boccace 70 (Fellini, Visconti, Monicelli, De Sica, 1962), Léon Morin, prêtre (J. -P. Melville, id.), le Mépris (Godard, 1963), le Mari de la femme à barbe (M. Ferreri, 1964), la Belle et le Cavalier (F. Rosi, 1967). Après le triomphe commercial de son Docteur Jivago (D. Lean, 1965), il produit encore des films toujours conçus pour Sophia Loren (ayant acquis la citoyenneté française en 1964, il « légalise » son mariage, qui jusqu'alors n'avait pas été reconnu par les autorités italiennes) : la Femme du prêtre (D. Risi, 1970) ; Mortadella (Monicelli, 1971) ; le Voyage (De Sica, 1974), le Pont de Cassandra (G. Pan Cosmatos, 1976) ; Une journée particulière (E. Scola, 1977) et aussi quelques œuvres ambitieuses ou risquées comme Quoi ? (R. Polanski, 1973), Rapt à l'italienne (Risi, id.), Profession : reporter (M. Antonioni, 1975), Affreux, sales et méchants (Scola, 1976). À la suite de troubles avec le fisc italien, il transfère ses activités au Canada, d'où il supervise des coproductions internationales. En 1988, il produit pour sa femme le remake TV de La ciociara (D. Risi).
POOL (Léa)
cinéaste canadienne (québécoise) d'origine suisse (Soglio, Suisse, 1950).
Émigrée au Québec en 1975, elle tourne un premier film, Strass Café (1980), dense et introspectif, qui a donné d'elle l'image d'une cinéaste austère, qui s'est atténuée après la Femme de l'hôtel (1984) — un film nourri de la complexité des relations entre trois femmes engagées dans le tournage d'un film. Le romanesque l'a peu à peu emporté, avec son cortège de dérives psychologiques et sociales propres à fragiliser une œuvre orientée vers le portrait de personnages en crises : Anne Trister, en partie autobiographique (1986), À corps perdu (1988), tiré d'un roman d'Yves Navarre, et trois films coproduits par le Québec et la Suisse : la Demoiselle sauvage (1991), Mouvements du désir (1994)... Elle poursuit sa carrière avec un film largement autobiographique : Emporte-moi (1998) et signe en 2000 Lost and Delirious, son premier film tourné en anglais.
POPESCO (Elvira Popescu, dite Elvire)
actrice française d'origine roumaine (Bucarest 1894 - Paris 1993).
Elle arrive à Paris en 1923, venant de Roumanie, où elle jouait brillamment la comédie et paraissait déjà dans des films. Louis Verneuil lui écrit des rôles et, d'emblée, Paris l'adopte. Durant une cinquantaine d'années, elle éblouit au théâtre par son effervescence, son dynamisme, le charme de son accent et sa sensibilité à fleur de peau. Elle défend victorieusement à l'écran un répertoire essentiellement théâtral où voisinent Alexandre Dumas fils (l'Étrangère, Gaston Ravel, 1930), Louis Verneuil (Ma cousine de Varsovie, C. Gallone, 1931), Flers et Caillavet (le Roi, Pierre Colombier, 1936 ; l'Habit vert, Roger Richebé, 1937 ; le Bois sacré, Léon Mathot, 1939), Maurice Donnay (Éducation de prince, Alexandre Esway, 1938), Maurice Hennequin et Pierre Veber (la Présidente, Fernand Rivers, id.), Sacha Guitry (Ils étaient neuf célibataires, 1939) ou Bernard Zimmer (le Veau gras, S. de Poligny, id.), mais où se glissent parfois néanmoins des scénarios originaux tels Dora Nelson (René Guissart, 1935) ou Paradis perdu (A. Gance, 1939). Elle s'arrête pratiquement de tourner en 1942, se contentant d'apparaître dans Plein Soleil (R. Clément, 1959) et Austerlitz (Gance, id.).
POPESCU-GOPO (Ion)
cinéaste roumain (Bucarest 1923 - id. 1989).