WARHOL (Andrew Marhola, dit Andy) (suite)
Installé dans un vaste atelier qu'il nomme la Factory, Warhol crée une véritable cour autour de lui où se côtoient les membres reconnus de l'intelligentsia de l'époque (Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Taylor Mead, Jack Smith) et toute une faune de nouvelles vedettes dont les noms renvoient à un étrange phénomène de fascination pour Hollywood : Baby Jane Holzer, Mario Montez, Viva, Edie Sedgwick, Ondine, Ingrid Superstar... Le succès de Warhol, aux diverses étapes de sa carrière, est dû à une attitude froide, distante par rapport aux sujets filmés, dont il se contente de reproduire les actes et les confessions sans les juger. Il promeut un art de la surface, sans intériorité, sans sentiments : un univers d'objets, d'automates. On note une continuité logique entre ses sérigraphies et ses premiers films : Sleep (1963), un homme qui dort pendant plus de six heures ; Empire (1964), une pellicule de huit heures composée d'une suite de bobines montées bout à bout et cadrant en plan fixe l'Empire State Building de New York. Le plasticien y développe une esthétique de l'ascétisme qui le classe parmi les pères du cinéma dit « structurel ». Il introduit une nette rupture dans le courant expérimental de l'époque en abandonnant tout recours au lyrisme ou à l'onirisme. À partir de Harlot (1964), il utilise le son dans ses films mais leur facture demeure toujours aussi brute, aussi relâchée. Toutefois, certains collaborateurs comme Ronald Tavel (Vinyl, 1965), Chuck Wein (My Hustler, id.) ou Paul Morrissey (The Nude Restaurant, 1967) conduisent Warhol à concevoir ses bandes avec un peu plus de soin. Ses œuvres de la dernière période (The Chelsea Girls, 1966 — qui connaît un succès foudroyant et passe dans plus de cent salles aux États-Unis ; Bike Boy, 1967) se présentent comme des documentaires, des essais sociologiques à mi-chemin entre la réalité et la fantaisie, sur une certaine faune artistique. Ses films, comme le Flaming Creatures de Jack Smith (1963), contribuent à assouplir la censure dans le pays. Victime, le 5 juin 1968, d'une tentative d'assassinat de la part de Valerie Solanas, une de ses « stars », Andy Warhol ne tourne plus, après Lonesome Cowboys (1968), personnellement. Son nom apparaît encore au générique d'œuvres comme Flesh (1968), Trash (1970), mais c'est Paul Morrissey qui les réalise.