actrice française (Paris 1931).
Après une enfance difficile partagée entre Paris et la Normandie, elle suit des cours d'art dramatique, entre au Conservatoire, puis à la Comédie-Française (1954-1957). À l'issue de la générale de sa Machine à écrire, Jean Cocteau la salue : « Tu as le plus beau tempérament dramatique de l'après-guerre ! » Parallèlement, elle se produit dans les cabarets de la Rive gauche et débute au cinéma (dans Treize à table d'André Hunebelle, en 1956). En 1957, elle quitte le Théâtre-Français en adressant une lettre de démission retentissante à Pierre Descaves. Elle tourne à cette époque un grand nombre de films populaires, dans le goût « Série noire » qui prévaut avant la Nouvelle Vague : Le rouge est mis (G. Grangier, 1957), Maigret tend un piège (J. Delannoy, 1958), l'un et l'autre avec Jean Gabin.
Après un début de carrière dans des productions très populaires, elle s'engage dans une autre direction grâce à Luchino Visconti (il l'a déjà dirigée au théâtre dans Deux sur la balançoire avec Jean Marais), qui fait appel à elle pour le rôle de Nadia dans Rocco et ses frères (1960). Elle tourne énormément, en France et en Italie (elle a épousé Renato Salvatori, un de ses partenaires dans Rocco), des films médiocres et des grands films, sans discernement, jusqu'à une crise qui la chasse presque complètement des écrans en 1965-66.
Elle reparaît à la fin des années 60, et pendant une décennie elle est l'une des stars les plus populaires du cinéma français — la seule comédienne après 1970 dont le nom suffise pour permettre le « montage » financier d'un film. Elle passe sans heurt de ce cinéma facile (sous la direction de Michel Audiard, de Claude Lelouch, d'André Cayatte) à des films plus ambitieux comme Dillinger est mort ou Il seme dell'uomo, réalisés en 1969 en Italie par Marco Ferreri. Vers 1975, Annie Girardot sait être Madame Tout-le-Monde, une vedette populaire plutôt qu'une star, sympathique, drôle ou pathétique, désirable naturellement, aussi crédible en chauffeur de taxi qu'en juge d'instruction, aussi à l'aise dans la bouffonnerie que dans le drame. Elle s'impose logiquement dans ce temps où le féminisme accrédite une promotion, toute relative, de la femme adulte. Elle endosse les personnages nouveaux et en tempère l'audace par la familiarité qu'elle entretient avec le public populaire.
Autres films :
la Proie pour l'ombre (A. Astruc, 1961) ; le Vice et la Vertu (R. Vadim, 1963) ; les Camarades (M. Monicelli, id.) ; Trois Chambres à Manhattan (M. Carné, 1965) ; Vivre pour vivre (C. Lelouch, 1967) ; les Gauloises bleues (Michel Cournot, 1968) ; Érotissimo (G. Pirès, id.) ; Il pleut dans mon village (A. Petrovic, id.) ; Un homme qui me plaît (Lelouch, 1969) ; Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais elle cause (M. Audiard, 1970) ; Mourir d'aimer (A. Cayatte, id.) ; la Vieille Fille (Jean-Pierre Blanc, 1972) ; Il n'y a pas de fumée sans feu (Cayatte, 1973) ; Traitement de choc (A. Jessua, id.) ; la Gifle (C. Pinoteau, 1974) ; Docteur Françoise Gailland (J. -L. Bertucelli, 1976) ; Tendre Poulet (Ph. de Broca, 1978) ; la Zizanie (Zidi, id.) ; la Clé sur la porte (Y. Boisset, id.) ; le Cavaleur (de Broca, 1979) ; le Grand Embouteillage (L. Comencini, id.) ; On a volé la cuisse de Jupiter (de Broca, 1980) ; Liste noire (Alain Bonnot, 1984) ; Partir, revenir (Lelouch, 1985) ; Prisonnières (Charlotte Silvera, 1988) ; Cinq jours en juin (M. Legrand, 1989) ; Comédie d'amour (Jean-Pierre Rawson, id.) ; Il y a des jours et des lunes (Lelouch, 1990) ; Merci la vie (Bertrand Blier, 1991) ; les Misérables (Lelouch, 1995) ; la Pianiste (M. Haneke, 2001).