FAÏNTSIMMER (Aleksandr) [Aleksandr Mihajlovič Fajncimmer]
cinéaste soviétique (Iekaterinoslav [auj. Dniepropetrovsk] 1905 - Moscou 1982).
Assistant de Poudovkine en 1927 pour la Fin de Saint-Pétersbourg et de Raïzman en 1928 pour le Bagne, il tourne son premier film Hôtel Savoy (Otel ’ Savoj, 1930) et s'inscrit alors — et ce, pendant une quarantaine d'années — comme un réalisateur conformiste, habile à épouser « l'air du temps », un artisan à la technique honnête et efficace. Il signe successivement le Bonheur (Sčast'e ; CO V. Soloviev, 1932), le Lieutenant Kijé (Poručik Kiže, 1934), Ceux de la Baltique (Baltijcy, 1938), le Pétrolier « Derbent » (Tanker Derbent, 1941), Kotovski (Kotovskij, 1943), les Fusiliers de la marine (Morskoj batalon, CO A. Minkine, 1946), Konstantin Zaslonov (id., CO V. Korch-Sabline, 1949), Ils ont une patrie (U nih est ' rodina, CO V. Legochine, 1950), l'Aube sur le Niémen (Nad Nemanom rassvet, 1953), le Taon (Ovod, 1955), Jeune Fille à la guitare (Devuška s gitaroj, 1958), la Nuit sans pitié (Noč ’ bez miloserdija, 1962), le Lion endormi (Spjaščij lev, 1965), Loin à l'Ouest (Daleko na Zapade, 1969).
FAIRBANKS (Douglas Elton Ulman, dit Douglas)
acteur américain (Denver, Colo., 1883 - Santa Monica, Ca., 1939).
Élevé par sa mère et par le second mari de celle-ci, Mousian Fairbanks, Douglas, impétueux et bouillant, s'oriente dès l'âge de seize ans vers le théâtre. En 1915, alors qu'il s'est acquis une honorable réputation d'acteur, il signe un contrat avec la Triangle et tourne son premier film, Un timide (The Lamb, W.C. Cabanne). Le succès est immédiat et, en 1916, il interprète onze films, souvent dirigés par John Emerson ou Allan Dwan, qui deviendra son metteur en scène d'élection. Déjà, Fairbanks s'intéresse à l'écriture et contribue à bon nombre d'idées originales. En 1917, il signe un contrat plus substantiel à la Paramount, où John Emerson le suit, et qu'Anita Loos, la scénariste, future épouse d'Emerson, vient bientôt rejoindre. En 1918, l'équipe est au complet avec la venue de Dwan, et Fairbanks plus actif que jamais. Ces films, rondement menés, imposent définitivement sa personne athlétique, bronzée et souriante, et la philosophie optimiste qui le caractérise. En 1919, ayant fondé avec Mary Pickford, qu'il vient d'épouser, Griffith et Chaplin, les Artistes associés, il transporte ses activités à la nouvelle compagnie. Il profite de l'occasion pour ralentir le tournage de ses films et pour y apporter plus de soins et de détails. Victor Fleming vient alors le seconder comme cinéaste. En 1920, il tourne le Signe de Zorro (F. Niblo), qui sera déterminant pour sa carrière.
Il ne s'agit plus d'un sujet moderne, mais d'une aventure historiquement datée, qui nécessite une attention particulière aux décors et aux costumes. Fairbanks en profite aussi pour fignoler ses cascades, déjà proverbiales, et les rendre encore plus spectaculaires. Le succès est immédiat, énorme, et après l'Excentrique (The Nut, Ted Reed, 1921), un film selon l'ancienne formule, il va revenir à des productions de plus d'ampleur, soignées, dont le Signe de Zorro lui avait ouvert la voie. C'est alors Fred Niblo qui reprend les responsabilités de réalisateur pour les Trois Mousquetaires (1921), dont Fairbanks avait cosigné le scénario. Dans une ivresse de perfectionnisme, l'acteur-auteur va viser de plus en plus haut, de plus en plus grand et de plus en plus cher, tenant toujours fermement en main sa carrière, collaborant à l'écriture de ses scénarios, supervisant tous les aspects du film et choisissant d'excellents cinéastes. S'ensuivent de belles réussites : Robin des Bois (A. Dwan, 1922) ; le Voleur de Bagdad (R. Walsh, 1924) ; Don X, fils de Zorro (Crisp, 1925) ; le Pirate noir (Albert Parker, en Technicolor, 1926) ; le Gaucho (F. Richard Jones, 1927) ; le Masque de fer (A. Dwan, 1929). C'est là un ensemble d'une rare cohésion, où la patte de Fairbanks est partout sensible. C'est probablement le sommet de la carrière de Douglas Fairbanks, même si certains privilégient l'amateurisme souriant de ses premiers films.
C'était un acteur-auteur. De nombreux témoins attestent qu'il souffrait de ne pas créer lui-même ; il voulait diriger et mettre en scène. Il s'est rattrapé en projetant sa personnalité sur le travail des autres. Car, plus que sa philosophie, relativement simpliste (un sourire, et le malheur s'enfuit), en évidence dans ses premiers films, c'est sa personnalité que les films du milieu de sa carrière exploitent. Son insouciance, sa bonne humeur, son enfance prolongée avec délices, mais aussi sa sentimentalité et ses brusques assauts de tristesse. Il a eu cet extraordinaire culot de faire vivre ses propres rêves d'enfance et d'en faire les rêves d'une génération. De plus, Douglas Fairbanks, acrobate et danseur, à l'élégance suprême, aux gestes sensibles, à la grâce aérienne, possédait plus que quiconque les dons physiques propres à donner vie à ses rêves.
Au milieu d'immenses décors, tout droit sortis des livres d'images et des gravures, cet homme gambadant incarnait, avec une innocence totale, l'éternité du beau et du bien. Mais, dans les meilleurs cas, une certaine mélancolie, une sorte de conscience de l'irréel, vient tempérer l'enthousiasme de l'illusion. Si Robin des Bois souffre un peu de décors gigantesques encore mal maîtrisés, le Voleur de Bagdad est déjà un émerveillement continuel. Si le Gaucho est un peu lent, le Pirate noir contrebalance le même défaut par une splendide imagerie aux couleurs pastel. Enfin, ses œuvres les plus belles, car les plus teintées de mélancolie, Don X, fils de Zorro et le Masque de fer, méditations délicates sur les héros vieillis et sur le temps cruel, équilibrent admirablement la nonchalance du rythme et la fougue de l'action.
Le parlant fut moins généreux avec lui. Après l'échec de la Mégère apprivoisée (Sam Taylor, 1929), où il jouait pour la première et dernière fois avec Mary Pickford, il s'orienta vers des productions plus modestes qui tentaient de recréer l'amateurisme de ses débuts. Il eut du mal à s'intégrer à un cinéma en plein changement. Sa dernière prestation fut particulièrement touchante : le Don Juan sentimental et vieillissant de la jolie Vie privée de Don Juan (A. Korda, 1934). Après, il se retira. Ayant divorcé de Mary Pickford, il épousa lady Sylvia Ashley avant de regagner la Californie. Aucun acteur de films d'aventures n'a retrouvé le panache de Fairbanks, probablement parce qu'aucun après lui n'a proposé au public une osmose aussi parfaite entre l'homme et le personnage. Il reste un mythe dont la simplicité et l'innocence fascinent encore.