ZACCARO (Maurizio)
cinéaste italien (Milan 1952).
Diplômé de l'école du cinéma de Milan, Maurizio Zaccaro est remarqué par Ermanno Olmi qui le prend comme assistant pour l'Arbre aux sabots (1978) et comme chef opérateur pour Lunga vita alla signora (1987). Olmi l'associe de 1982 à 1992 à Ipotesi Cinema, l'école créée par le cinéaste à Bassano del Grappa. C'est dans ce cadre que, après une quinzaine de courts métrages – certains primés dans les festivals –, Zaccaro réalise un moyen métrage interprété par Alessandro Haber, In coda alla coda (1988), dans lequel il se fait remarquer par ses qualités d'observateur du comportement humain. Grâce à Pupi Avati, Zaccaro tourne aux États-Unis en 1990 son premier long métrage, Dove comincia la notte. Commence alors une carrière marquée par des films courageux ne cédant jamais rien aux modes ou aux formes dominantes Kalkstein la valle di pietra (1992) ; L'articolo 2 (1993), où il prend la défense des traditions des Maghrébins immigrés en Italie ; Cervellini fritti impanati (1996), une comédie avec Anna Galliena et Alessandro Haber ; Il carniere (1997), sur les débuts de la guerre dans l'ex-Yougoslavie ; La missione (id.) série de trois épisodes pour la télévision sur une mission médicale en Afrique avec Michele Placido dans le rôle d'un chirurgien ; Un uomo per bene (1999), qui met en scène à nouveau Michele Placido dans l'histoire d'Enzo Tortora, animateur vedette de la RAI, injustement accusé de trafic de drogue et longtemps incarcéré à tort.
ZAGREB (école de).
École d'animation yougoslave formée à Zagreb au cours des années 50. Le premier dessin animé yougoslave est déjà réalisé à Zagreb en 1922 par un émigré russe d'origine polonaise, Sergije Tagatz. En 1929, dans la production de l'École de la santé populaire, sont tournés plusieurs films qui combinent les techniques des ombres chinoises et celles du dessin animé, ainsi qu'un petit court métrage de 300 mètres, Martin dans le ciel (Martin u nebo). De 1931 à 1936, Marathon-Film Publicitaire produit une centaine de spots publicitaires d'animation. Immédiatement après la Libération, les frères Walter et Norbert Neugebauer, disciples de Walt Disney et maîtres de la bande dessinée zagreboise d'avant-guerre, mettent en scène des dessins animés de propagande : Journaux oraux (Usmene novine) et Tous aux urnes (Sni na izbore). Des films éducatifs comportant des séquences animées sont produits par Uski Film (Film étroit), Nastavni Film (Film instructif) et Zora Film (1952-1964). Les frères Neugebauer signent en 1950 le Grand Meeting (Veliki miting), satire de l'« Inform-bureau » et traitant de la rupture entre la Yougoslavie et l'URSS. Ce film est né grâce au courant créatif et frondeur qui agitait à l'époque le journal humoristique Kerempuh. Ce sont également des collaborateurs de ce journal qui seront à l'origine de la fondation de Duga Film, première société yougoslave d'animation. Parmi les films de cette société, deux sont signés par le futur leader de l'école dite « de Zagreb » Dušan Vukotić* : Comment naquit Kićo (Kako se rodio Kićo, 1951) et le Château enchanté de Dudinci (Začarani dvorac u Dudincima, 1952), et un autre par Borivoj Dovniković (Gool !, id.). L'influence de Walt Disney est encore très perceptible. En 1955, quand Nikola Kostelac terminera pour Zora Film le Chaperon rouge (Crvenkapicu), premier dessin animé yougoslave en couleurs, on notera que le style national vient de changer brutalement de cap et de se rapprocher de la concision moderniste de l'UPA* de Stephen Bosustow. C'est en 1954 et 1955, autour justement de Vukotić et de Kostelac, que se réunit le premier noyau de l'école de Zagreb, composé d'Aleksandar Marks, Vladimir Jutrisa, Boris Kolar et Zlatko Bourek notamment. Pour la Zagreb Film, ces cinéastes tournent treize publicités d'une minute chacune et mettent en pratique les expériences anti-Disney de l'animation « réduite ».
Grâce au succès de ces publicités s'ouvre en 1956 à Zagreb Film un studio de dessin animé particulier qui, en se développant, permettra à un nombre important de cinéastes inventifs et imaginatifs de s'affirmer. La première réalisation du studio est confiée à Vukotić. Bientôt, les festivals internationaux décernent leurs Grands Prix aux animateurs yougoslaves : Première (Premijeru) de Kostelac est primé à Oberhausen, Cowboy Jimmy (id.) de Vukotić à Berlin. En 1958, Cannes prend le relais, puis Venise (le Solitaire [Samac] de Vatroslav Mimica*) et Tours. Dans ces hauts lieux, « l'école zagreboise du dessin animé » (selon la dénomination de Georges Sadoul et André Martin) s'impose comme un mouvement original, caustique, ironique, sociocritique. La première génération, celle des Vukotić, Mimica, Kostelac, Vlado Kristl*, se renouvelle, s'élargit et fait appel à de nouveaux talents, sans pour autant abandonner son esprit de créativité et ses propres expérimentations (Vukotić obtient en 1962 pour Ersatz [Surogatu] l'Oscar pour le meilleur court métrage d'animation mondial). Parmi les représentants de cette nouvelle orientation, certains sont des dessinateurs et des graveurs qui cherchent leur inspiration dans la bande dessinée et la caricature (Borivoj Dovniković, Nedelko Dragić, Zlatko Grgić, Boris Kolar, Ante Zaninović) ; d'autres, fascinés par la peinture moderne, cultivent le mouvement ralenti des formes stylisées (Aleksandar Marks et Vladimir Jutrisa, Zlatko Bourek, Dragutin Vunak, Pavle Štalter et Brando Ranitović).
Au début des années 80, une troisième génération apparaît, avec Josko Marusić, Kresimir Zimonić, Milan Blazetović, Zlatko Pav-linić.
ZAFRANOVIĆ (Lordan)
cinéaste croate (Maslinica, île de Šolta, 1944).
Après des études de littérature et d'histoire de l'art à l'université de Split, il part à Prague où il retrouve à la FAMU Grlić, Marković, Karanović et Paskaljević qui vont former quelques années plus tard l'ossature d'un nouveau cinéma yougoslave. Zafranović tourne de nombreux films d'amateur puis des courts métrages : les Gens de passage (Ljudi u prolazu, 1967), Un après-midi, le fusil (Poslije podne - puška, 1968). Il signe son premier long-métrage en 1969 : le Dimanche (Nedelja). Après la fin de ses études en Tchécoslovaquie, il signe successivement Chronique d'un crime (Kronika jednog zločina, 1973), les Supplices selon Mate (Muke po Mati, 1973), l'Occupation en 26 images (Okupacija u 26 slika, 1978), la Chute de l'Italie (Pad Italije, 1981), la Morsure de l'ange (Ujed andela, 1984), les Cloches du soir (Vecernja zvona, 1986). Les Cloches du soir, son œuvre la plus réputée, évoque le destin de trois jeunes gens du même âge, un Croate, un Italien et un juif qui, après avoir été des amis inséparables, se retrouvent politiquement et moralement en opposition à la mise en place du régime fasciste à Dubrovnik pendant la Seconde Guerre mondiale.