MEXIQUE. (suite)
Désillusions et nouveaux espoirs.
L'espoir ne dure guère au-delà du sexennat 1970-1976, et cela malgré l'organisation d'un front de jeunes cinéastes, dont le manifeste estime que le cinéma mexicain s'est fait un agent actif du colonialisme culturel (1975). L'œuvre destructrice du sexennat suivant, sous la direction de Margarita López Portillo (sœur du président), reconduit loin en arrière : dissolution des principales entreprises officielles de production, reprivatisation en règle, réémergence des intérêts traditionnels. Le marasme et la chute de la production, l'incendie de la Cinémathèque nationale (1982) acquièrent, dans cette atmosphère de démantèlement, une dimension de symbole. Les gouvernements suivants amorcent un retour du balancier, à partir de la création d'IMCINE (Institut mexicain de la cinématographie, 1983), sans remettre en question pour autant le désengagement progressif de l'État. Les réalisateurs les plus doués (Ripstein, Leduc, Hermosillo) peuvent enfin donner toute la mesure de leur originalité et entretenir un dialogue fructueux avec la tradition. Le renouvellement suscité par les écoles professionnelles et soutenu par les nouvelles autorités favorise les débuts de Ariel Zú~niga, Alejandro Pelayo, Nicolás Echevarría (auteur du superbe Cabeza de Vaca, 1991), Juan Antonio de la Riva, Alberto Cortés, Gerardo Lara, María Novaro (Danzón, 1990), Gabriel Retes (El bulto, 1992), Dana Rotberg (Angel de fuego, 1992), Carlos Carrera (La mujer de Benjamín, 1990 ; Palme d'or à Cannes pour son dessin animé El héroe, 1993), Guillermo del Toro (Cronos, 1993), José Buil, Juan Carlos Rulfo, Carlos Bolado et Alejandro González Iñárritu (Amours chiennes/Amores perros, 2000), parmi d'autres. À l'heure de son intégration plus que problématique dans le vaste marché nord-américain, le Mexique est confronté au défi de préserver ses industries culturelles et son identité, sans se contenter du virtuel monopole exercé par Televisa. Le cinéma aura été une de ses formes d'expression privilégiées, tout au long du siècle.