COUTINHO (Eduardo)
cinéaste brésilien (São Paulo 1933).
Formé à l'IDHEC, il appartient à la génération des fondateurs du Cinema Novo. Le coup d'État de 1964 interrompt le tournage du film où il prétendait glorifier un dirigeant assassiné des Ligues paysannes du Nordeste. Il reprend le matériel filmé, relevant de la fiction, et l'intègre dans une démarche documentaire, vingt ans plus tard, lorsqu'il part à la recherche de la famille et des participants, eux-mêmes victimes de la dictature militaire : Un homme à abattre (Cabra marcado para morrer, 1984) constitue l'une des plus émouvantes évocations de cette période déchirante, toujours à la lisière entre les genres, entre le passé et le présent, mêlant la réflexion sur le cinéma et sur la politique. Après des incursions dans la fiction peu convaincantes (O homem que comprou o mundo, 1968 ; Faustão, 1970), Coutinho profite de son expérience à Globo Repórter. Pourtant, son travail personnel est conçu par opposition aux normes en vigueur à la télévision. Il devient ainsi le praticien d'un « cinéma de dialogue », à l'écoute des exclus, au profit de leur dignité retrouvée, même si, pour cela, il doit recourir à la vidéo : Santa Marta (1990), O fio da memória (Cem anos de Abolição, 1991), Boca de lixo (1992, Santo forte (1999), Babilonia 2000 (2001).
COWARD (sir Noel)
écrivain, dramaturge, scénariste et cinéaste britannique (Teddington, Middlesex, 1899 - Kingston, Jamaïque, 1973).
Cet amuseur à tout faire, surnommé « le Maître », fut acteur, auteur dramatique, scénariste, cinéaste, producteur, metteur en scène de théâtre, danseur, chanteur, parolier et musicien. Il débute au théâtre à douze ans et apparaît dans les Cœurs du monde (D. W. Griffith, 1918). Il écrit et interprète sa première pièce en 1919 (I'll Leave It to You). Beaucoup de ses pièces (c'est un virtuose du dialogue) sont portées à l'écran, notamment par Hitchcock (Easy Virtue, 1927), Adrian Brunel (The Vortex, id.), Sidney Franklin (Private Lives, 1931), Frank Lloyd (Cavalcade, 1933), Lubitsch (Sérénade à trois, id.), Marc Allégret (les Amants terribles, 1936, d'après Private Lives). Sans renier son goût pour l'humour, il sait adapter sa forte personnalité au style de l'école documentariste anglaise avec l'un des films les plus importants des années de guerre : Ceux qui servent en mer (In Which We Serve, 1942), dont il est le coréalisateur, avec David Lean, mais également producteur, scénariste, acteur et musicien. Noel Coward est à l'origine de la carrière de Lean, lorsqu'il produit Heureux Mortels (1944, d'après sa pièce Cavalcade) et L'esprit s'amuse (1945), dont il est également coréalisateur et scénariste. Brève Rencontre (D. Lean, 1945), qui adapte sa pièce To-Night at 8. 30, est devenu un classique du cinéma britannique. On a vu Noel Coward comme acteur dans le Goujat (B. Hecht, 1935), le Tour du monde en 80 jours (M. Anderson, 1956), Notre agent à La Havane (C. Reed, 1959) ; Bunny Lake a disparu (O. Preminger, 1965) ; Boom (J. Losey, 1968) ; L'or se barre (The Italian Job, Peter Collinson, 1969).
COX (Alex)
cinéaste britannique (Birkenheadn, 1954).
C'est en Californie qu'il fait ses études de cinéma et réalise son premier film, Repo Man (id., 1984), une intrigue insolite où l'apprentissage du métier de récupérateur d'automobiles non payées croise le mythe du savant fou, avec des références à Aldrich (En quatrième vitesse). En Grande-Bretagne, Sid et Nancy (id., 1985) décrit la culture « punk » à travers les amours et la mort de Sid Vicious, bassiste des Sex Pistols. Dans l'histoire de Walker (id., 1987), une production américaine évoquant un mercenaire devenu dictateur du Nicaragua vers 1960, il dénonce l'impérialisme des États-Unis. Highway Patrolman (El Patrullero, 1991) est un thriller baroque tourné au Mexique qui confirme l'originalité du cinéaste. Même à la télévision, Alex Cox parvient à préserver son invention visuelle et narrative : la Mort et la boussole (The Death and the Compass, 1992), d'après J.-L. Borges. Il est aussi acteur dans la Reine de la nuit, d'Arturo Ripstein (1994).
COX (Paulus Cox, dit Paul)
cinéaste australien d'origine néerlandaise (Venlo, Pays-Bas, 1940).
Élevé dans une famille catholique, il envisage à seize ans de devenir prêtre. Mais, après avoir étudié à l'université de Melbourne, il choisit de s'établir en Australie et opte pour le métier de photographe. Il débute au cinéma en 1965 et tourne de nombreux courts métrages (Matula, 1965 ; Time Past, 1966 ; Skindeep, 1968 ; Marcel, 1969 ; Symphony, id. ; Mirka, 1970 ; Calcutta, id. ; Phyllis, 1971 ; The Journey, 1972 ; All Set Back Stage, 1974 ; Island, 1975 ; We Are All Alone, id. ; My Dear, id. ; Ways of Seeing, 1977 ; Ritual, 1978 ; For a Child Called Michael, 1979 ; The Kingdom of Neckchand, 1980 ; Underdog, id. Son premier long métrage, Illuminations (1976), suivi par Inside Looking Out (1977) et Kostas (1978), attire l'attention sur lui mais c'est Lonely Hearts (1982) qui lui apporte une première notoriété internationale. L'Homme aux fleurs (Man of Flowers, 1983) est une œuvre à la fois originale et insolite et conduit Paul Cox à signer plusieurs films qui baignent souvent dans un climat de claustrophobie oppressante. Il réalise successivement Death and Destiny (1984), My First Wife (id.), The Paper Boy (TV, 1985), Handle With Care (DOC, id.), Cactus (1986), The Secret Life of Trees (TV, id.), Vincent (1988), The Gift (TV, id.), Island (1989), Golden Braid (1990), A Woman's Tale (1991), The Nun and the Bandit (1992), Exile (1993), Touch Me (CM, id.), Lust and Revenge (1996), The Hidden Dimension (1997), Molokai : the True Story of Father Damien (1999), Innocence (id.).
COZARINSKY (Edgardo)
cinéaste et critique argentin (Buenos Aires 1939).
Rattaché à un courant expérimental, il met en scène Puntos suspensivos (1971). En France, il tourne les Apprentis sorciers (1977) et collabore au scénario de la Mémoire courte (1979), de son compatriote Eduardo De Gregorio. Il réalise ensuite la Guerre d'un seul homme (1981), brillant montage d'actualités vichyssoises, avec des textes de l'écrivain allemand Ernst Jünger en contrepoint, Haute mer (1984), sorte de fable sur l'« aventure d'un homme parti à la découverte de soi », puis évoque « la guerre indienne » en Argentine dans Guerriers et captives (Guerreros y cautivas, 1988). Plusieurs « hasards orientés » l'ont conduit à signer des documentaires très personnels sur Mary McCarthy, Jean Cocteau, Serge et Beate Klarsfeld, Sarah Bernhardt, André Chastel, Domenico Scarlatti, Le Vigan, Falconetti, Borges, Lorca et Henri Langlois (Citizen Langlois, 1995). Auteur de l'essai Jorge Luis Borges : sur le cinéma (Paris, 1979) et de Vaudou urbain (id., 1989) ; il revient à la fiction avec le Violon de Rothschild (1995), puis Fantômes de Tanger (1997), avant de célébrer la cinéphilie dans le Cinéma des Cahiers (2001).