GÉNÉRIQUE. (suite)
Dans la deuxième école, popularisée par les premiers westerns sur écran large, la projection débutait directement par des images du film, en l'occurrence des plans d'ensemble (qui situaient le décor de l'action, pendant que la musique situait le genre du film), sur lesquels venaient se superposer les lettres du générique. L'action proprement dite commençait après le générique.
En règle générale, les génériques d'aujourd'hui relèvent de la seconde école, le générique apparaissant souvent lors d'un temps mort ménagé après une séquence de quelques minutes (le prégénérique) qui plonge directement le spectateur dans l'action. La nécessité de ne pas trop briser le rythme du film conduit alors à ne présenter qu'un générique succinct, le générique complet étant reporté en fin de film. Ce fractionnement du générique, parfois perçu comme permettant d'allonger la liste des noms, correspond aussi à une nouvelle façon de « faire sortir » le spectateur du film : le générique de fin, où l'on reprend les thèmes musicaux du film, ménage une transition entre la fin de l'action et la fin du spectacle cinématographique, contrairement au coup d'arrêt brusque que provoquait jadis l'apparition des traditionnelles lettres FIN.
Si la majorité des génériques relèvent d'un des schémas décrits ci-dessus, de nombreux autres témoignent d'une belle imagination : outre certains films déjà mentionnés, on pensera par exemple aux génériques parlés d'Orson Welles ou de Sacha Guitry, ou encore de M. A. S. H. (R. Altmann, 1970), au générique de la Fête à Henriette (J. Duvivier, 1952).
Le contenu du générique.
Le film est précédé par l'indicatif du distributeur. Cet indicatif ne relève pas du générique proprement dit, puisqu'un même film peut être distribué, selon les pays et selon les époques, par différents distributeurs. Une mention particulière doit cependant être faite des indicatifs des grandes compagnies d'Hollywood : « un film Paramount » faisait référence à Paramount en tant que compagnie de production et de distribution. Certains de ces indicatifs sont passés à la postérité, notamment le lion rugissant de la MGM et les lettres monumentales de la 20th Century Fox. L'homme au gong de la compagnie britannique Rank, aujourd'hui disparue, connut lui aussi la notoriété.
Les indications contenues dans le générique peuvent être regroupées en diverses rubriques. On trouvera ci-dessous les principaux termes susceptibles d'être rencontrés avec, dans les cas les plus importants, les équivalents anglais et italien. Sauf mention particulière, la présentation est la suivante : terme français (terme anglais, terme italien).
La production.
Le producteur (producer, produttore) est le fabricant du film au sens économique : c'est lui qui rassemble tous les éléments nécessaires à la fabrication du film : sujet, vedettes, techniciens, studio, réalisateur, financement, etc. ( ÉCONOMIE DU CINÉMA.) En France, les films de long métrage doivent être produits par une société de production : « le producteur » désigne alors soit cette société, soit son animateur. Le nom du producteur est le premier à apparaître dans le générique traditionnel, où il « présente... » (nom des vedettes) « dans... » (titre du film), le nom de la société de production étant éventuellement rappelé vers la fin du générique : « une production... ». On peut aussi trouver uniquement produit par (produced by, prodotto da).
Producteur associé, coproduction. Souvent, le producteur qui a l'initiative du film s'associe pour le financer à des producteurs associés (angl. associate producer). En Europe, cette association est plutôt appelée coproduction, le terme pouvant prendre un sens plus restreint si le film est produit dans le cadre d'un accord de coproduction signé entre deux ou plusieurs pays ( PRODUCTION).
Producteur délégué, producteur exécutif. Dans le cas d'une association de producteurs, ou dans le cas d'une société de production assez importante pour produire simultanément plusieurs films, les fonctions effectives du producteur sont assurées, pour un film précis, par le producteur délégué (cf., par ex., Alain Poiré pour nombre de films produits par Gaumont). En France, producteur exécutif a le même sens que producteur délégué. Aux États-Unis, à l'époque des « grandes compagnies », l'executive producer, employé de haut rang de la compagnie, supervisait la production de plusieurs films, chacun de ceux-ci étant à la charge d'un producer, équivalent du producteur délégué décrit plus haut. (Dans ce dernier cas, le nom de la compagnie — MGM, Fox, ou autre — apparaissait en tête du générique ; « produced by » faisait référence au producer.)
Le directeur de production (production manager, direttore di produzione) est un technicien chargé de la gestion du film, depuis la phase de préparation jusqu'à la première copie projetable, en passant par le tournage où il est présent en permanence. Les problèmes matériels du tournage (autorisations diverses, convocation des acteurs ou des techniciens, transports, restauration, etc.) sont à la charge du régisseur général. Sur les grosses productions, les problèmes administratifs sont confiés à un administrateur général.
Les auteurs.
Le scénario (screenplay, sceneggiatura) est le document littéraire de base du film, écrit par le scénariste (screenwriter, sceneggiatore), éventuellement par développement d'un sujet (story, soggetto) plus court ou d'après un roman de... (based on a novel by..., dal romanzo di...). Le générique se contente parfois d'indiquer : écrit par... (written by..., scritto da...).
L'adaptation est le travail littéraire, ou bien le document résultant de ce travail, dans lequel le scénario est adapté aux spécificités du cinéma ou à celles du film envisagé. Le découpage (rarement indiqué au générique) est le document où l'on trouve indiqué, plan par plan, tout ce qui va être tourné. L'indication de l'auteur de la musique est souvent accompagnée d'indications diverses non spécifiques du cinéma : éditeur de la musique (en France, c'est lui qui supporte les frais d'enregistrement de la musique), orchestre, chef d'orchestre, etc. L'anglais lyrics désigne les paroles d'une chanson.