GIANIKIAN (Yervant), RICCI LUCCHI (Angela)
cinéastes italiens (Merano, 1942), (Lugo di Romagna, 1942).
Angela Ricci Lucchi commence sa carrière en tant que peintre, tandis que Yervant Gianikian, diplômé en architecture, s'essaye à la réalisation d'œuvres artistiques à partir d'objets trouvés. Suite à leur rencontre en 1972, leurs intérêts se concentrent sur le cinéma, qu'ils abordent de façon tout à fait originale. Ils mettent tout d'abord en scène leurs collections d'objets personnels, accompagnant ces courts métrages muets de bande olfactive. Ils réalisent ainsi, de 1975 à 1978, près d'une vingtaine de films dont Alice profumata di rose (1975), Cesare Lombroso - sull'odore del garofano (1976), Cataloghi - non è altro che gli odori chi sente (1976)... À partir du début des années 80, ils réorientent leur travail et s'emploient dorénavent à retrouver de vieilles pellicules en perdition, dont ils isolent, déchiffrent, restaurent, re-filment, ralentissent, dupliquent, montent, colorent et sonorisent certains fragments. Ils réalisent ainsi de nouveaux films d'une poésie et d'une intensité rarement égalées. Ces travaux ne sont pas non plus, loin s'en faut, dénués d'un esprit militant. Ces échos revisités de documentaires et fictions du début du siècle dénoncent tour à tour la pornographie (Essence d'absinthe, 1981), l'endoctrinement religieux (Passion, 1988), le colonialisme (Dal polo all'equatore, 1986 ; Diario africano, 1994), la guerre (Uomini, anni, vita, 1990 ; Prigionieri della guerra, 1995 ; Su tutte le vette è pace, 1998), les perversions du national-socialisme (Das lied von der erde : Gustav Mahler, 1982) et du fascisme italien (Archivi italiani (n.1) : il fiore della razza, 1991 ; Animali criminali, 1994 ; Lo Specchio di Diana, 1996), ou encore la situation en ex-Yougoslavie (Inventario Balcanico, 2000). Ces œuvres, uniques en leur genre, proposent une expression fascinante d'un refus de l'oubli et de la disparition auxquels semblent inéluctablement confrontées les archives cinématographiques.
GIANNETTI (Alfredo)
scénariste et cinéaste italien (Rome 1924 - id. 1995).
Ses débuts sont marqués par le scénario de la Fille sans homme, de Giuseppe De Santis (1953), que suivent d'autres mélodrames. En 1956, il collabore avec Germi sur le Disque rouge et obtient un Oscar en 1963 pour le scénario de Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana, 1961). Il avait débuté la même année par un lourd drame réaliste, Giorno per giorno disperatamente. Il dirige d'autres films mineurs ou médiocres, pour les studios ou la TV, avant de reprendre son premier métier de scénariste : Ragazzo di borgata (G. Paradisi, 1976), Febbre da cavallo (Steno, 1976).
GIANNINI (Ettore)
scénariste, metteur en scène italien de théâtre et cinéaste (Naples 1912 - Marciano 1990).
Il abandonne progressivement son activité théâtrale après une belle carrière, pour se consacrer au cinéma à partir de 1941, cosignant le script de l'Orizzonte dipinto (G. Salvini). Il est également l'auteur du scénario des Coupables (Processo alla città, L. Zampa, 1952), de Scandale à Milan (Difendo il mio amore, V. Sherman, 1956), de La Nonna Sabella (D. Risi, 1957) et du dialogue de Fra Diavolo de Luigi Zampa (1942), notamment. Il passe à la mise en scène en 1947 avec Gli uomini sono nemici, puis obtient un gros succès critique et public avec le Carrousel fantastique (Carosello napoletano, 1954), spectacle folklorique riche en inventions dramatiques. Signalons qu'il a participé en tant qu'acteur à Europe 51 (R. Rossellini, 1952).
GIANNINI (Giancarlo)
acteur italien (La Spezia 1942).
Diplômé de l'Academia d'arte drammatica de Rome en 1963, il débute cette même année au théâtre, où il obtient de nombreux succès. Au cinéma, il n'a encore que des rôles mineurs : Fango sulla metropoli (H. Wilson, 1964) ; Rita la zanzara (L. Wertmüller, sous le pseud. de George H. Brown, 1966) ; Arabella (M. Bolognini, 1967) ; Fräulein Doktor (A. Lattuada, 1969). Mais il joue le personnage brillant du « pizzarolo » dans Drame de la jalousie (E. Scola, 1970). Dès lors, il prend place parmi les stars les plus populaires, grâce aux comédies de Lina Wertmüller (Mimi métallo blessé dans son honneur, 1972 ; Un film d'amour et d'anarchie, 1973 ; Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été, 1974 ; Pasqualino, 1975). Il crée des figures grotesques dans les films de Dino Risi (Sexe fou, 1973), Monicelli (Voyage avec Anita, 1979), Petri (Buone notizie, id.) ; mais il sait également s'adapter avec aisance aux sombres psychologies imposées par Visconti (l'Innocent, 1976), par Fassbinder (Lili Marleen, 1981), voire par Richard Brooks (Fever Pitch, 1985). En 1986, il débute dans la mise en scène avec Ternosecco, une bizarre comédie napolitaine. Actif à la télévision, il n'abandonne pas pour autant le cinéma : I picari (M. Monicelli, 1987) ; O'Re (L. Magni, 1988) ; Snack Bar Budapest (T. Brass, id) ; New York Stories (F. F. Coppola, id.) ; Lo zio indegno (F. Brusati, id.) ; Il male oscuro (Monicelli, 1990) ; le Raccourci (G. Montaldo, 1991) ; Giovanni Falcone (Giuseppe Ferrara,1993) ; Cervellini fritti impanati (M. Zaccaro, 1996), La frontiera (F. Giraldi, 1996), Ultimo bersaglio (A. Frezza, 1996), Una vacanza all'inferno (T. Valerii, 1997), La stanza dello scirocco (M. Sciarra, 1998), le Dîner (E. Scola, 1998), Terra bruciata (F. Segatori, 1999), Milonga (E. Greco, 1999), Dolce farniente (N. Caranfil, 1999), Una lunga lunga lunga notte d'amore (L. Emmer, 2000), Une nuit avec Sabrina Love (A. Agresti, 2000), Vipera (S. Citti, 2000).
GIBBONS (Cedric)
décorateur américain d'origine irlandaise (New York, N. Y., 1893 - Los Angeles, Ca., 1960).
Il débute en 1915 aux studios Edison et travaille pour Sam Goldwyn de 1918 à 1923. Dès la formation de la MGM en 1924, il prend la direction de la décoration, département qu'il supervisera jusqu'en 1956. Son nom figure au générique de quelque 1 500 films produits par la MGM durant cette période et il est difficile de savoir lesquels il a réellement supervisés : les Rapaces (1925, RE 1923) et la Veuve joyeuse (1925) d'Erich von Stroheim doivent certainement bien plus à Richard Day. Indéniablement, c'est à lui (et à ses collaborateurs les plus proches : William A. Horning, A. Arnold Gillespie) qu'il faut attribuer la tenue visuelle très caractéristique des décors MGM dans les années 30 (des décors très clairs et raffinés, éclairés sans excès) et le souci de qualité qui est la marque du studio. Après la guerre, il délègue davantage son autorité, et les comédies musicales des années 50 lui doivent moins qu'à Preston Ames ou Jack Martin Smith. Il a signé en 1934 une unique réalisation : Tarzan et sa compagne (Tarzan and His Mate), qui a été dirigée en fait par Jack Conway. Ses décors ont reçu onze Oscars. Il fut un temps le mari de Dolores del Río.