Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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SCOTT (Randolph Crane, dit Randolph)

acteur américain (Orange, Va., 1898 - Bel Air, Ca., 1987).

On dit qu'il vint au cinéma, en 1929, après avoir rencontré Howard Hughes sur un court de golf. Très actif dans les années 30, il se partage, dans une quarantaine de films, entre les rôles de jeunes premiers décoratifs et fades de productions parfois prestigieuses (Roberta, W. A. Seiter, 1933 ; She, I. Pichel, id. ; So Red the Rose, K. Vidor, id.) et les héros de westerns de série B, adaptations de Zane Grey sous la direction nerveuse d'Henry Hathaway (Heritage of the Desert, 1933 ; To the Last Man, id. ; The Thundering Herd, id.). Sa haute taille, sa prestance d'athlète, sa blondeur photogénique et ses traits réguliers, burinés l'âge venant, composent une image idéalisée de la virilité américaine, associée à une courtoisie quasi chevaleresque avec les femmes. Son impassibilité le dessert quelquefois : même des cinéastes aussi exceptionnels que Fritz Lang (les Pionniers de la Western Union, 1941) ne surent pas aller au-delà du « grand visage de pierre », comme on le surnommait. Il est remarquablement à l'aise dans des productions peu ambitieuses comme les Écumeurs (R. Enright, 1942) ou les Desperados (Ch. Vidor, 1943). C'est dans ces westerns que Randolph Scott finit par affirmer sa présence, justicier intraitable ou vengeur secrètement tourmenté, dans la grande tradition de William S. Hart : on sent dans les Aventuriers du désert (J. Sturges, 1950) ainsi que dans certains films d'André de Toth (le Cavalier de la mort [Man in the Saddle], 1951 ; les Massacreurs du Kansas [The Stranger Wore a Gun], 1953) que le personnage de Scott, mûri, était prêt pour une grande rencontre. Elle se produit quand John Wayne finance Sept Hommes à abattre (1956) que Randolph Scott interprète sous la direction de Budd Boetticher. Pour l'acteur et le cinéaste, cette rencontre fut une révélation. Fondant, en association avec Harry Joe Brown, une société de production indépendante, il apparaît dans une série de sept westerns, tous réalisés par Budd Boetticher, entre 1956 et 1960 ; soutenu par une mise en scène qui va à l'essentiel, il crée un personnage d'homme torturé, déchiré intérieurement, obsédé par la tâche qu'il doit accomplir — souvent une vengeance. L'intensité de sa présence dans l'Homme de l'Arizona (1957) ou dans Comanche Station (1960) est la raison d'être de ces films et le place au rang des plus grands héros westerniens. Il termine sa carrière en beauté, inaugurant, aux côtés de Joel McCrea, l'ère des aventuriers vieillis et dérisoirement pathétiques, dans Coups de feu dans la Sierra (S. Peckinpah, 1962) : composition inhabituellement vive qui met un point final à une trajectoire digne d'éloges.

SCOTT (Ridley)

cinéaste britannique (South Shields 1939).

Formé à la télévision et par le film publicitaire, Ridley Scott, découvert par le producteur David Puttnam, possède aussi un grand talent de décorateur et est vivement impliqué dans le travail de la caméra. Ses films produisent un grand impact visuel, évident dès ses débuts avec les Duellistes (The Duellists, 1976), affrontement de deux soldats napoléoniens, d'après une nouvelle de Conrad, où la beauté des cadrages au bord de la préciosité donnait à l'œuvre une grande tenue formelle. Alien, le 8e passager (Alien, 1979) confirmait cette tendance dans le registre du film de science-fiction. Les maquettes spectaculaires, les jeux chromatiques donnaient le coup d'envoi à l'une des plus étonnantes séries du genre. Mais c'est sans doute Blade Runner (id., 1983) qui permit à Ridley Scott de donner la pleine mesure de son imagination plastique, en explorant une cité du futur digne des grands films expressionnistes allemands. Legend (id., 1985) recrée un monde imaginaire proche des contes de fées et s'inspire de la peinture préraphaélite. Ridley Scott aborde le thriller, intimiste avec Traquée (Someone To Watch Over Me, 1987), exotique avec Black Rain (id., 1989) dont l'action se déroule chez les yakusas et les mafiosi japonais. Deux films mineurs qui décrivent avec un certain talent l'univers urbain. C'est par contre l'Amérique profonde qui est le cadre de Thelma et Louise (Thelma and Louise, 1991), chevauchée suicidaire de deux jeunes femmes que la fatalité transforme en sympathiques hors-la-loi. 1492 Christophe Colomb (1992), superproduction commandée à l'occasion du 500e anniversaire de la découverte de l'Amérique, puis Lame de fond (White Squall, 1996) et À armes égales (G.I. Jane, 1997) attestent une perte d'inspiration. Par contre Gladiator (id., 2000) ressuscite avec panache un genre que l'on croyait mort, le péplum, et permet de retrouver les qualités d'illustrateur et de conteur du cinéaste. Hannibal (id., 2001), suite du Silence des agneaux, malgré des facilités, est traité à la manière d'un conte de fées dévoyé et renoue avec l'inspiration de Blade Runner et de Legend.

SCOTT (Tony)

cinéaste américain d'origine britannique (Newcastle, 1944).

Frère cadet de Ridley Scott, comme lui célèbre réalisateur de publicité, Tony Scott se lance dans le long métrage avec les Prédateurs (The Hunger, 1983), modernisation sophistiquée et chichiteuse d'un thème vampirique où David Bowie, Catherine Deneuve et Susan Sarandon ont du mal à sortir de leur fonction décorative. Trois ans plus tard, il signe son deuxième film, Top Gun (id.), succès considérable, incroyable cocktail de musique rythmée, de patriotisme et de machisme à bon marché dont un emballage luxueux masque aux yeux de certains la vacuité réactionnaire (Quentin Tarantino est un admirateur du film !). Depuis, Tony Scott applique immuablement son traitement chic et choc aux entreprises les plus disparates : le Flic de Beverly Hills 2 (1987), une resucée de Top Gun (Jours de tonnerre [Days ot Thunder], 1990), un faux film noir (Revenges, [id.], id.), True Romance (1993), affadissement d'un scénario de Quentin Tarantino, le Fan (The Fan, 1996) qui ne fait aucune justice au jeu de Robert De Niro, Ennemi d'État (Ennemy of State, 1998), un film catastrophe sans personnalité.

SCOTT (Zachary Thomson Scott Jr., dit Zachary)

acteur américain (Austin, Tex., 1914 - id. 1965).