TRINTIGNANT (Marie)
actrice française (Paris 1962).
Fille de Jean-Louis Trintignant et de la réalisatrice Nadine Trintignant (née Marquand – Nice, 1934), elle fait ses débuts dès 1971 et enchaîne les rôles secondaires jusqu'à Série noire, de Corneau (1979), suivi des Îles d'Iradj Azimi (1982). Elle est aux côtés de son père dans le film de Nadine l'Été prochain (1985) et se fait apprécier en compagnie d'Isabelle Huppert dans un film de Chabrol, Une affaire de femmes (1988). Elle doit à ce même Chabrol un de ses meilleurs rôles avec Betty (1992). Elle est dirigée par de jeunes metteurs en scène, Pierre Salvadori dans Cibles émouvantes (1993) et les Apprentis (1996), Didier Le Pêcheur dans Des nouvelles du Bon Dieu (1996), ainsi que par Doillon dans un film très remarqué, Ponette (1997), Corneau (le Cousin, 1998 ; le Prince du Pacifique, 2000), Luciano Emmer (Una lunga, lunga, notte d'amore, 2001).
TRINTIGNANT (Nadine)
scénariste et cinéaste française (Nice 1934).
Formée par le montage, l'épouse de Jean-Louis Trintignant réalise en 1966 un court métrage très remarqué, Fragilité, ton nom est femme. Après divers reportages pour la télévision, elle trace dans son premier long métrage, Mon amour, mon amour (1967), le portrait d'une femme confrontée à des problèmes de couple, de maternité, de liberté. En 1971, elle signe ça n'arrive qu'aux autres, film grave et douloureux, profondément personnel. Fidèle à ses proches, refusant la facilité d'un discours normatif sur la femme, changeant de genre, essayant la comédie, elle écrit et réalise plusieurs autres films qui ne parviennent pas à trouver vraiment leur public, et paraît se destiner depuis à la télévision. Elle est la sœur de Christian Marquand.
Autres films :
le Voleur de crimes (1969) ; Défense de savoir (1973) ; Premier Voyage (1980) ; l'Été prochain (1985) ; la Maison de jade (1988) ; Fugueuses (1995).
TRIPACK.
Se dit des procédés de prise de vues où trois films défilent simultanément dans la caméra. ( COULEURS [PROCÉDÉS DE CINÉMA EN].)
TRIVAS (Victor)
cinéaste allemand d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1894 - New York 1970).
Généralement signalé par les historiens comme l'auteur d'une œuvre unique No Man's Land (Niemandsland, 1931), vibrant appel pacifiste qui eut le malheur de déplaire fortement aux nazis (toutes les copies existant à l'époque en Allemagne furent détruites), Trivas (qui émigrera en France en 1933 avant de rejoindre les États-Unis en 1940) est aussi le réalisateur du plus allemand des films français d'avant-guerre : Dans les rues (1933), film qui annonce le réalisme poétique de Marcel Carné. Son nom se retrouve, en outre, au générique d'œuvres qui ne sont pas négligeables : décorateur, il collabore avec Pabst (l'Amour de Jeanne Ney, 1927) ; scénariste, il travaille avec Fedor Ozep (les Frères Karamazov, 1931), Alexis Granowsky (le Chant de la vie, id.), Raymond Bernard (les Otages, 1939), Orson Welles (The Stranger, 1946), Otto Preminger (Mark Dixon, détective, 1950), Michael Gordon (The Secret of Convict Lake, 1951). Des États-Unis, il revient dans son pays et y signe la Femme nue et Satan (Die Nackte und der Satan, 1959), avec Michel Simon. Les films sur lesquels il a été décorateur à la fin de sa carrière sont peu connus.
TRNKA (Jiří)
cinéaste d'animation et décorateur tchèque (Plzeň, Autriche-Hongrie, 1912 - Prague 1969).
Issu d'une famille modeste, il découvre dès onze ans le théâtre de marionnettes grâce à son professeur Josef Skupa. Entré à seize ans à l'École des arts appliqués de Prague, il partage bientôt son activité entre dessin, caricature, peinture et illustration de livres, pour lesquels il manifeste des dons remarquables et auxquels il se consacrera jusqu'à la fin, et le théâtre de marionnettes avec J. Skupa puis avec sa propre troupe (1936-37). À partir de 1939, il dessine également décors et costumes pour diverses productions théâtrales ou cinématographiques. Aussitôt après la guerre, il fonde avec Eduard Hofman et Jiří Brdečka le studio d'animation des Frères en tricot (1945).
Ses premiers essais sont des dessins animés, dont le plus remarquable est une pochade antinazie : le Diable à ressorts et les SS (1946). Mais c'est avec un film de marionnettes, l'Année tchèque (1947), qui évoque avec truculence les traditions des campagnes de Bohême, qu'il s'impose internationalement et, avec lui, l'école tchécoslovaque d'animation. Profondément attaché à ses racines populaires, il leur consacrera encore deux remarquables longs métrages : Prince Bayaya (1950) et les Vieilles Légendes tchèques (1952), avant de porter à l'écran le personnage qui incarne peut-être le mieux le caractère tchèque : le Brave Soldat Švejk (1955). Il aime puiser son inspiration dans la littérature classique et adapte aussi avec bonheur Tchekhov (le Roman de la contrebasse, 1949), Boccace (l'Archange Gabriel et Madame l'Oye, 1964) et surtout Shakespeare (le Songe d'une nuit d'été, 1959).
Au début des années 60, de nouvelles préoccupations se font jour dans son œuvre et il exprime dans la Passion (1961) et la Grand-Mère cybernétique (1962) son inquiétude devant l'évolution d'une société qui sacrifie les valeurs traditionnelles au progrès technique. L'aboutissement en sera son dernier film : la Main (1965), une fable où il évoque avec une ironie mêlée d'une grande tendresse les rapports entre l'artiste et le pouvoir.
Surtout connu pour ses films de marionnettes, il s'est intéressé au dessin animé, aux papiers découpés et aux images statiques, et a collaboré aux premières réalisations de ses compagnons : Stanislav Látal, Jan Karpaš, Břetislav Pojar, surtout, qui sera son continuateur le plus doué.
Films (réalisation) :
Grand-père a planté une betterave (Zasadil dědek rěpu, CM, 1945) ; les Petits Animaux et les Brigands (Zvířátka a Petrovští, CM, 1946) ; le Cadeau (Dárek, CM, id.) ; le Diable à ressorts et les SS (Pérák a SS, CM, id.) ; l'Année tchèque (Špaliček, 1947) ; le Rossignol de l'empereur de Chine (Císařův Slavík, 1948) ; le Moulin du diable (Čertův mlÿn, CM, 1949) ; le Chant de la prairie (Árie prérie, CM, id.) ; le Roman de la contrebasse (Román s basou, CM, id.) ; Prince Bayaya (Bajaja, 1950) ; le Joyeux Cirque (Veselý cirkus, CM, 1951) ; le Petit Poisson d'or (O zlate rybce, CM, id.) ; les Vieilles Légendes tchèques (Staré pověsti české, 1952) ; les Trocs malchanceux du grand-père (Jak stařeček měnil, až vyměnil, CM, 1953) ; les Deux Frimas (Dva mrazíci, CM, 1954) ; le Brave Soldat Švejk (Dobrý voják Švejk, 1955) ; le Cirque Hurvinek (Cirkus Hurvinek, CM, id.) ; Comment Bricolet et Bricolette se sont levés le matin (Kutásek a Kutilka, jak ráno ustávali, CM, id.) ; Pourquoi UNESCO ? (Proč UNESCO ?, CM, 1959) ; le Songe d'une nuit d'été (Sen noci svatojánské, id.) ; la Passion (Vášen, CM, 1961) ; la Grand-Mère cybernétique (Kybernetická babička, CM, 1962) ; Maxplatte, Maxplatten (id., CM, 1963) ; l'Archange Gabriel et Madame l'Oye (Archanděl Gabriel a paní Husa, CM, 1964) ; la Main (Ruka, CM, 1965).