cinéaste français (Paris 1888 - id. 1979).
Son grand-père était architecte ; son père, directeur d'une importante entreprise de transports, fut magistrat consulaire et conseiller du Commerce extérieur. Après des études de droit et de lettres, Marcel L'Herbier suit les cours de l'École des hautes études sociales, puis travaille l'harmonie et le contrepoint. Il publie quelques mélodies. Il hésite entre la musique et la diplomatie. 1911-1913 : l'amitié de Maurice Leblanc, de Ricciotto Canudo, de Georgette Leblanc, de Maurice Maeterlinck l'oriente vers la littérature : critique, poésie, théâtre. Vient la guerre. L'Herbier, réformé en 1914, s'engage en 1915. En 1917, il sera affecté au Service cinématographique de l'armée. Entre-temps, Musidora l'a incité à voir Forfaiture (1915) de Cecil B. De Mille. Il s'enflamme pour le cinéma, lui qui le méprisait. Il fréquente Louis Delluc, Ève Francis, Émile Vuillermoz. Il écrit deux scénarios, le Torrent, Bouclette (1917). Il commence un premier tournage, Phantasmes (1918), bientôt interrompu. Sous l'égide du haut-commissariat à la Propagande, il tourne son premier film, Rose France (1919). Film d'esthète, pesamment patriotique, mais – avant les Russes – cinéma de l'immobile, du « tableau » symbolique qui se compose plastiquement sur l'écran. Il publie un texte capital, Hermès et le Silence (1918), qui témoigne d'une intuition étonnamment profonde de la nouveauté du cinéma : le cinéma n'est pas un art (il le sera peut-être un jour), c'est un langage neuf, inconnu, immense, créé pour parler aux foules et qui conteste la notion même, traditionnelle, de l'art. Mais L'Herbier, imprégné de culture fin de siècle, de littérature symboliste, de poésie décadente, va s'avérer impuissant à faire le cinéma de ses théories. Pour être « populaire », il sera le plus souvent puéril et la modernité dont il se prévaut (décors de Mallet-Stevens, de Fernand Léger ; costumes de Paul Poiret, de Claude Autant-Lara ; scénarios de Pierre Mac Orlan, toiles cubistes, musique de Darius Milhaud) ne touchera jamais que l'écorce de son œuvre.