réalisateur américain (Newark, N. J., 1940).
Féru de physique et de technologie, il se consacre à la cybernétique avant de découvrir le cinéma expérimental à la Columbia University de New York. Il dirige Robert De Niro dans The Wedding Party (1964-1969), une pochade réalisée dans le cadre du Sarah Lawrence College (dont il enrôlera les étudiants pour le tournage de Home Movies, 1980). Comédie noire qui associe la pulsion scopique à la pulsion de mort, Murder à La Mod (1968) manifeste déjà sa fascination pour Hitchcock et sa prédilection pour les trompe-l'œil. Cocasses radiographies des états d'âme de la contre-culture new-yorkaise, Greetings (1968) et Hi, Mom†! (1970) sont pour lui l'occasion d'inventorier les ressources de la rhétorique filmique et celles des appareils optiques† : il y orchestre avec brio des matériaux de format et de texture hétérogènes, avant d'explorer les possibilités du split-screen dans Dionysus in 69 (1970). Après une expérience décevante à la Warner Bros (Get to Know Your Rabbit, 1972), il recouvre son indépendance avec Sœurs de sang (Sisters, 1973) et le Fantôme du paradis (Phantom of the Paradise, 1974), où se donnent libre cours sa sensibilité gothique et ses recherches expressionnistes. La métaphore du « monstre innocent », voué à tomber dans les rets d'un manipulateur abusif, y renvoie à la paranoïa de l'artiste, toujours menacé d'être dépossédé de son œuvre. Cette expérimentation formelle implique une dramaturgie du regard, quand ce n'est pas une approche démiurgique du médium lui-même, comme en témoigne, d'Obsession (1976) à Snake Eyes (id., 1998) en passant par Carrie au bal du diable (Carrie, id.), Furie (The Fury, 1978), Pulsions (Dressed to Kill, 1980), Blow Out (1981), le ressort de ses fictions : l'hypnose, la télépathie, la prestidigitation, la paramnésie, la télékinésie, et bien sûr le voyeurisme. En 1983, il réalise un remake paroxystique de Scarface avec Al Pacino dans le rôle tenu en 1932 par Paul Muni ; mal perçu à l'époque, le film est devenu depuis l'objet d'un véritable culte. En 1985, avec Body Double, il se replie sur quelque chose de plus attendu, et qu'il réussit d'ailleurs brillamment, le démarquage d'Hitchcock. La même année, il réalise également Wise Guys. Il connaît en 1987 un grand succès avec les Incorruptibles (The Untouchables), où Kevin Costner reprend le rôle d'Eliot Ness, immortalisé dans les années 60 à la télévision par Robert Stack. De Palma manifeste ainsi sans ambages sa volonté de rejeter l'étiquette qu'on lui a collée : cependant, si Outrages est un film courageux et douloureux que l'on n'a pas apprécié à sa juste valeur, l'outrance caricaturale du Bûcher des vanités est presque insupportable. Dans une nouvelle attitude de repli, le cinéaste revient avec l'Esprit de Caïn (Raising Cain, 1992) à l'horreur grandiloquente qui avait fait sa gloire. Heureusement, l'Impasse (Carlito's Way, 1993), film de gangsters crépusculaire qui offre à Al Pacino l'un de ses plus beaux rôles, témoigne d'un réel renouveau et d'une maturité toute fraîche chez le cinéaste. En 1996, Mission : Impossible (id.) est tout aussi brillant et même personnel grâce aux modifications imperceptibles mais essentielles qu'il fait subir à la série télévisée d'origine ; c'est un succès international de grande ampleur. Par contre, à la suite de Snake Eyes qu'il réalise en 1998, avec Nicolas Cage dans le rôle principal, Mission to Mars (id., 2000), une commande qu'il rattrape in extremis, malgré quelques beaux moments (une ouverture brillante en plan-séquence ; le suicide de Tim Robbins dans l'espace), se révèle décevant.