GISH (Lillian) (suite)
Dans les années 30, Lillian Gish entre dans une semi-retraite. La mythologie de l'époque ne semble guère lui proposer la place qui lui convient. Mais, à la fin des années 40, elle resurgit magique, telle qu'en elle-même, dans Duel au soleil (K. Vidor, 1947). Son visage vieilli gardait toute sa beauté dans ses yeux chargés d'émotion. Et Vidor la faisait revivre, échevelée, implorante, se traînant aux pieds de Lionel Barrymore au nom de l'amour qu'ils avaient jadis vécu, image bouleversante d'une passion sur laquelle le temps n'a pas de prise.
Après, elle apparaît dans quelques seconds rôles, toujours mémorables, comme celui de l'intendante dans la Toile de l'araignée (V. Minnelli, 1955) ou, surtout, celui de la vieille dame dans la Nuit du chasseur (Ch. Laughton, 1955). Dans Un mariage (1978), Robert Altman la nimbe de lumière, déploie encore une fois ses cheveux, grand-mère mourante, symbole ambigu d'un monde qui s'éteint, aïeule lucide qui comprend tout d'un regard. La magie, encore une fois, est intacte. Il faut enfin savoir sa lutte acharnée pour arracher les films muets à l'oubli et à la destruction.
Autres films :
The Musketeers of Pig Alley (D. W. Griffith, 1912) ; Judith de Béthulie (id., 1914) ; Naissance d'une nation (id., 1915) ; The Lily and the Rose (Paul Powell, id.) ; Intolérance (D. W. Griffith, 1916) ; À côté du bonheur (id., 1918) ; Une fleur dans les ruines (id., id.) ; le Roman de la Vallée heureuse (id., 1919) ; Le cœur se trompe (id., 1919) ; Annie Laurie (J. S. Robertson, 1927) ; The Enemy (F. Niblo, 1928) ; Une nuit romantique (One Romantic Night, Paul L. Stein, 1930) ; Les commandos frappent à l'aube (J. Farrow, 1943) ; Miss Susie Slagle's (J. Berry, 1946) ; le Portrait de Jennie (W. Dieterle, 1949) ; Ordre de tuer (A. Asquith, GB, 1958) ; le Vent de la plaine (J. Huston, 1960) ; Demain des hommes (Follow Me Boys !, Norman Tokar, 1966) ; L'assassin est-il coupable ? (Warning Shot, Buzz Kulik, 1967) ; les Comédiens (P. Glenville, id.) ; Sweet Liberty (A. Alda, 1986) ; les Baleines du mois d'août (L. Anderson, 1987).