Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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DUNNOCK (Mildred)

actrice américaine (Baltimore, Md., 1900 - Oak Bluffs, Mass., 1991).

La silhouette fluette et les allures furtives de Mildred Dunnock sont les garants d'une composition savoureuse et discrète. Depuis la Mort d'un commis voyageur (L. Benedek, 1951), où elle était l'épouse effacée de Fredric March, elle n'a guère changé d'emploi, mais l'a porté à une sorte de perfection. On n'oubliera ni la ménagère de Mais qui a tué Harry ? (A. Hitchcock, 1955) ni la douloureuse tante Ellie de Doux Oiseau de jeunesse (R. Brooks, 1962), toute en violence et en rancœurs étouffées. Mais sa création la plus magistrale est celle de la tante Sissy, simplette et lunatique, probablement détentrice de secrets et de vérités, dans Baby Doll (E. Kazan, 1956).

DUPARC (Henri)

cinéaste et acteur ivoirien (Forécuriah, Guinée, 1941).

Il fait des études de cinéma à Belgrade, puis à Paris, à l'IDHEC. D'abord documentariste, il réalise des films sur l'art africain comme Mouna ou le Rêve d'un artiste (1969). En 1972, avec le long métrage la Famille (Abusan), il se révèle un cinéaste « grand public » en Côte d'Ivoire. Avec Bal poussière (1988), en s'attaquant au sujet grave de la polygamie, il se confirme réaliste, lucide, ironisant sur les valeurs d'une société africaine en mutation. Ce cinéaste, qui ne refuse pas la télévision lorsqu'il peut y traiter des sujets sérieux (Rue Princesse, sur le sida), est resté ancré dans son pays, la Côte d'Ivoire. Avec Une couleur café (1997), il aborde la difficile question de la polygamie dans les familles africaines installées en France. Les films d'Henri Duparc sont des succès populaires en Afrique, cas exceptionnel pour ce continent.

Autres films :

Obs (1967, CM), Récolte du coton (1967, CM, DOC), Achetez ivoirien (1968, CM, DOC), Tam-tam Ivoire (1969, CM), Carnet de voyage (1971, CM), les Racines du ciel (1975, CM), l'Herbe sauvage (1977), J'ai choisi de vivre (1987, CM), Aya (1987, CM), le Sixième Doigt (1990), Joli Cœur (1992, CM), Rue Princesse (1993), Une couleur café (1997).

DUPEREY (Annie Legras, dite Anny)

actrice française (Rouen 1947).

Elle est belle, élégante, un peu mystérieuse, et c'est une comédienne de métier. Au cinéma, aucun rôle ne semble l'avoir véritablement marquée, depuis ses débuts, avec Jean-Luc Godard (Deux ou Trois Choses que je sais d'elle, 1967). Dans sa filmographie, on retiendra Bye bye Barbara (M. Deville, 1969), les Malheurs d'Alfred (P. Richard, 1972), Stavisky (A. Resnais, 1974, un des rares à avoir su l'utiliser), Un éléphant ça trompe énormément (Y. Robert, 1976), Nuit d'or (Serge Moati, 1977), Bobby Deerfield (S. Pollack, id.), Psy (Ph. de Broca, 1981), Meurtres à domicile (Marc Lobet, 1982), le Démon dans l'île (Francis Leroi, 1983), la Triche (Y. Bellon, 1984). Elle a également publié plusieurs livres dont l'Admiroir, en 1975.

DUPEYRON (François)

cinéaste français (Tartas, Landes, 1950).

Auteur de documentaires et de courts métrages remarquables entre 1978 et 1987 (l'Ornière, On est toujours trop bonne, la Dragonne, Cochon de guerre, Lamento), il réalise en 1988 son premier long métrage, Drôle d'endroit pour une rencontre, film insolite, qui bénéficie du concours de Catherine Deneuve et de Gérard Depardieu. Un cœur qui bat (1991) préserve les caractères originaux qui semblent avoir désorienté public et critique. La Machine (1994), un essai de thriller fantastique, est suivi de C'est quoi, la vie ? (1999) où le cinéaste tente de renouveler le regard porté par le cinéma sur le monde agricole, et qui bénéficie du travail du chef-opérateur japonais Tetsuo Nagata – ainsi que d'une musique décalée de Yamakoshi. Puis en 2001 il présente la Chambre des officiers, qui illustre une nouvelle fois une grande diversité d'inspiration.

DUPONT.

Nom de marque (parfois mentionné au générique des films italiens des années 50 et 60) de pellicules noir et blanc de la firme américaine Dupont de Nemours.

DUPONT (Ewald Andreas)

cinéaste allemand (Zeitz 1891 - Los Angeles, Ca., 1956).

D'abord journaliste et critique de cinéma (au quotidien berlinois BZ am Mittag), il commence par écrire des scénarios pour Richard Oswald et Joe May, avant de passer à la réalisation en 1917 avec Das Geheimnis des Amerika-Docks, un film d'aventures de série. Il en tournera ainsi une dizaine jusqu'en 1923, bénéficiant parfois de la collaboration de techniciens ou d'interprètes solides, tels Paul Leni, Karl Freund ou Wilhelm Dieterle. Sa première œuvre importante est Das alte Gesetz ou Baruch (1923), un film historique se déroulant dans les milieux juifs orthodoxes d'Europe centrale au siècle dernier, riche en effets de clair-obscur ; mais c'est surtout Variétés (Variete, 1925) qui va l'imposer. Une conjugaison exceptionnelle de talents : le producteur Erich Pommer, l'opérateur Karl Freund, le couple vedette Emil Jannings-Lya De Putti, un roman à succès de Félix Hollaender se déroulant dans les milieux forains et centré sur l'éternel triangle mari-femme-amant, qui avait déjà été porté à l'écran en 1913 et le sera à nouveau en 1935 (avec Jean Gabin). La réalisation faillit échoir à Murnau. « L'histoire était la simplicité même, écrit Arthur Knight, mais elle était racontée par une caméra qui semblait être partout, pénétrant et mettant à nu la conscience de chacun et intégrant une infinité de détails significatifs à la narration. » Autant que le jeu de Jannings, souvent cadré de dos et qui n'en exprime pas moins toute la gamme des sentiments (attirance sexuelle, jalousie, etc.), on admira l'érotisme trouble de Lya De Putti et le recours au symbolisme des objets. Ce chef-d'œuvre du Kammerspiel (qui influença profondément beaucoup de cinéastes, dont Sternberg, Hitchcock et bien d'autres) valut à Dupont une notoriété internationale. Il alla tourner ensuite des films à Hollywood (Love Me and the World Is Mine, 1927), en Grande-Bretagne (Moulin-Rouge et Piccadilly, 1929), réalisa un film en trois versions : allemande (Atlantik, id.), anglaise (Atlantic, id.) et française (Atlantis, id.), une superproduction inspirée de la tragédie du Titanic, revint en Allemagne pour Salto mortale (1931, avec Anna Sten), qui reprend un peu le schéma de Variétés (une rivalité amoureuse dans un cirque), avant de se fixer définitivement aux États-Unis en 1933. Jamais il ne parvint, dans ces « coûteux hybrides » (Paul Rotha), à retrouver le succès de Variétés. Au contraire, il va décliner de plus en plus, sur le plan des ambitions esthétiques comme sur celui de la vie privée : après une série de films policiers sans envergure à la Paramount (par exemple A Night of Mystery, d'après un roman de Van Dyne, 1937), il passe à la Warner et se voit congédier en plein tournage de Hell's Kitchen (1939, une suite libre à Rue sans issue). Il survit misérablement, comme imprésario et publiciste, avant d'effectuer un come-back sans gloire en 1951 avec The Scarf, auquel il comptait pourtant donner « l'impact plastique de Variétés ». Ce banal drame policier (dont il est le scénariste) est interprété par John Ireland et Mercedes McCambridge. Ses derniers films seront des « quickies » (séries Z) : The Neanderthal Man (1953), Return to Treasure Island (1954). On dit qu'il fut encore chassé du studio où il tournait son dernier film, Miss Robinson Crusoe, pour ivrognerie. Jovial, colérique, d'une grossièreté typiquement berlinoise, Dupont fut, semble-t-il, un cinéaste d'une réelle ambition, mais qui ne parvint pas à se renouveler. Bien qu'à revoir un film tel que les Deux Mondes (Two Worlds, 1930) on ne soit guère enclin à l'indulgence, il y a peut-être à glaner dans cette carrière curieusement hétéroclite...