SONORISER
Adjoindre une bande sonore à un film. L'expression film sonorisé désigne en pratique les films réalisés en tant que films muets et qui ont été dotés plus tard d'une bande sonore (musique, bruitage, éventuellement dialogues).
SONOTHÈQUE
Collection d'enregistrements sonores.
SOÓS (Imre)
acteur hongrois (Balmazújváros 1930 - Budapest 1957).
Dès avant la fin de ses études à l'École supérieure du théâtre et du cinéma en 1952, Imre Soós interprète de nombreux rôles à la scène comme à l'écran. Avec les Trois Vengeances de Matyi Ludas (K. Nádasty et L. Ranódy, 1949), ce fils d'ouvriers agricoles, fierté du régime stalinien, version hongroise, devient un des acteurs les plus populaires de son pays. Il marque chacun de ses rôles, petits ou grands, de sa gaieté, de son entrain, mais aussi d'un sentiment de révolte venu de loin. Soós fait quelques-unes de ses créations les plus marquantes dans Liliomfi (K. Makk, 1954), Salle d'hôpital no 9 (id., 1955) et Un petit carrousel de fête (Z. Fábri, id.), où il tient la vedette avec la toute jeune Mari Töröcsik. Ces films voient le jour au cours de la période de changement qui suit la mort de Staline. Partisan du « renouveau », Soós ne peut survivre à l'écrasement de l'insurrection hongroise. Il se suicide avec sa femme au début de 1957.
ŞORAY (Türkân)
actrice et cinéaste turque (Istanbul 1945).
Figure mythique du cinéma turc, elle sait jouer de sa beauté orientale et sensuelle, de ses dons de comédienne instinctive, de sa sincère passion du cinéma, pour imposer son nom dans tout le Proche-Orient à travers quelque 200 films, parmi lesquels ‘ la Vie amère ’ (Acı Hayat, M. Erksan, 1962), ‘ la Dévergondée ’ (Sürtük, E. Ěgilmez, 1965), ‘ la Mère ’ (Ana, L. Akad, 1967), ‘ Ma bien-aimée publique ’ (Vesikali Yarim, id., 1968), Güllü (A. Yilmaz, 1972), ‘ le Juge de Bodrum ’ (Bodrum Hakimi, T. Şoray, 1976), le Barrage (Baraj, O. Aksoy, 1977), Ma bien-aimée à l'écharpe rouge (Selvi Boylum, Al Yazmalım, Yılmaz, 1978), Hazal (A. Özgentürk, 1979), Je t'ai enfoui dans mon cœur (Seni Kalbime Gömdüm, F. Tuna, 1982), Miné (Yilmaz, id.). Elle a également voulu s'essayer à la mise en scène, tout en se dirigeant elle-même : son premier film, le Retour (Dönüş, 1972), est considéré par plusieurs comme le meilleur film turc sur l'aliénation des ouvriers turcs d'origine paysanne en Allemagne. Tu écraseras le serpent (Yılanı Öldürseler, 1982), une adaptation du roman de Yaşar Kemal, est une autre réussite. Elle ne retournera cependant plus derrière la caméra, se consacrant entièrement à sa carrière de comédienne, et maintiendra avec talent son statut de diva, aussi bien sur le grand écran, avec notamment Mes rêves, mon amour et toi (Hayallerim, Aşkım ve Sen,1987), de Atıf Yılmaz, l'Ile (Ada,1988), de Süreyya Duru, Il faisait froid et il pleuvait (Soˇguktu ve Yaˇgmur çiseliyordu,1991), de Engin Ayça, Shahmaran (Şahmaran, 1993), de Zülfü Livaneli, et Miracle ma non troppo (Nihavend Mucize, 1997), de Atıf Yılmaz ; que sur le petit écran, où elle a été remarquée dans Au nom d'un amour (Bir Aşk Uǧruna, 1994), de Tunca Yönder, et surtout dans Second printemps (Ikinci Bahar, 1999-2000), une série télévisée d'une trentaine d'épisodes, grand succès populaire, réalisée successivement par Uǧur Yücel, Orhan Oǧuz et Türkân Derya.
SORDI (Alberto)
acteur et cinéaste italien (Rome 1919).
Fils d'un musicien et d'une institutrice, Sordi est attiré très tôt par le monde du spectacle : à dix-sept ans, il se produit déjà dans un numéro comique. En 1937, il remporte le concours organisé par la MGM pour trouver la doublure d'Oliver Hardy. Parallèlement, il est engagé dans des revues et se fait remarquer grâce à sa voix et à son physique avantageux. Au cinéma, il commence à jouer quelques petits rôles à partir de 1938. En 1942, il obtient dans I tre aquilotti de Mario Mattoli son premier rôle important. Toujours actif dans de nombreuses revues où il obtient un large succès, Sordi a de la peine à se faire admettre par le cinéma ; mieux même, il conquiert d'abord sa popularité grâce à une série d'émissions radiophoniques en 1947-48. Dans ces années, on peut le remarquer dans Le miserie del signor Travet (M. Soldati, 1946), le Crime de Giovanni Episcopo (A. Lattuada, 1947), Sous le soleil de Rome (R. Castellani, 1948). En 1951, Mamma mia che impressione !, un film de Roberto L. Savarese réalisé à partir d'un des personnages radiophoniques de Sordi, est mal accueilli par la critique et le public. Ainsi, l'affirmation cinématographique est lente ; elle va se faire grâce à Fellini (Courrier du cœur, 1952 ; I Vitelloni, 1953) et peut-être plus encore grâce à une série de films dans lesquels Sordi brosse un portrait incisif de l'Italien (les Gaietés de la correctionnelle [Un giorno in pretura], S. V. Steno, 1954 ; Il seduttore, F. Rossi, id. ; Un americano a Roma, Steno, id. ; L'arte di arrangiarsi, L. Zampa, id. ; le Signe de Vénus, D. Risi, 1955 ; Une eroe dei nostri tempi, M. Monicelli, id. ; la Belle de Rome, L. Comencini, id. ; le Célibataire, A. Pietrangeli, 1956 ; Il marito, N. Loy et G. Puccini, 1958 ; Venise, la lune et toi, Risi, id. ; Il moralista, Giorgio Bianchi, 1959 ; Il vigile, Zampa, 1960). Sordi est désormais totalement maître de ses moyens et le public en fait un de ses acteurs favoris. Le comédien tourne alors les grands films de la maturité (I magliari, F. Rosi, 1959 ; la Grande Guerre, Monicelli, id. ; Il vedovo, Risi, id. ; la Grande Pagaille, Comencini, 1960 ; Une vie difficile, Risi, 1961 — ces deux films constituent un moment majeur de la carrière de Sordi — ; le Jugement dernier, V. De Sica, id. ; Il commissario, Comencini, 1962 ; Mafioso, Lattuada, id. ; Il boom, De Sica, 1963 ; Il maestro di Vigevano, E. Petri, id.). En 1966, avec Fumo di Londra, Sordi se lance dans la mise en scène, activité à laquelle il se dédiera de plus en plus (Scusi lei è favorevole o contrario ?, 1966 ; Un italiano in America, 1967 ; Amore mio aiutami, 1969 ; Le coppie [deuxième épisode : La camera], 1970 ; Poussière d'étoiles [Polvere di stelle, 1973] ; Finchè c'è guerra c'è speranza, 1974 ; Il comune senso del pudore, 1976 ; Dove vai in vacanza [troisième épisode : Vacanze intelligenti], 1978 ; Io e Caterina, 1980 ; Io so che tu sai che io so / Je sais que tu sais, 1982 ; In viaggio con papà, 1982 ; Il tassinaro, 1983 ; Tutti dentro, 1984 ; Un tassinaro a New York, 1987 ; Nestore, l'ultima corsa, 1994). Par ailleurs, le comédien poursuit sa description de l'Italien, très « typé », à l'intérieur ou hors des frontières de son pays, dans des films comme Il medico della mutua (Zampa, 1968), Nos héros réussiront-ils... (E. Scola, id.), Detenuto in attesa di giudizio (Loy, 1971), Bello onesto emigrato Australia spose rebbe compaesana illibata (Zampa, id.), l'Argent de la vieille (Comencini, 1972), la Plus Belle Soirée de ma vie (Scola, id.), Un bourgeois tout petit petit (Monicelli, 1977), les Nouveaux Monstres (Scola, Risi, Monicelli, id.), le Grand Embouteillage (Comencini, 1979), le Malade imaginaire (Tonino Cervi, id.), le Témoin (J.-P. Mocky, id.), Le marquis s'amuse (Monicelli, 1981), Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno (Monicelli, 1984), Troppo forte (C. Verdone, 1986). On l'a également vu dans l'adaptation télévisée des Fiancés d'après Manzoni (Salvatore Nocita, 1988), dans une version très mesurée de l'Avare de Molière (Tonino Cervi, 1990) et dans In nome del popolo sovrano (L. Magni, 1991). Protagoniste de plus de 130 films, Sordi est un des acteurs les plus caractéristiques de sa génération, un homme qui a exprimé dans la singularité de ses personnages le devenir de la société italienne de l'immédiat après-guerre jusqu'à nos jours. Il revient à la réalisation, signant en 1998 Incontri proibiti, dont il interprète le rôle principal aux côtés de Valeria Marini et Franca Faldini.