DE MILLE (William Churchill De Mille, dit William C.)
cinéaste américain (Washington, D. C., 1878 - Los Angeles, Ca., 1955).
Le frère aîné de Cecil B. De Mille, William de Mille a toujours gardé le « d » minuscule à son nom. De même, modeste et discret, il est resté dans l'ombre de son cadet. Ses rares films parlants que l'on peut voir, bien que visuellement très soignés, ne se départent pas d'un certain anonymat (Passion Flower, 1930). En revanche, il semble qu'il y ait beaucoup à glaner dans son œuvre muette. Cinéaste intimiste et tendre, William de Mille est l'auteur de quelques œuvres remarquables (The Ragamuffin, 1916 ; Conrad in Quest of His Youth, 1920 ; Miss Lulu Bett, 1921 ; Craig's Wife, 1928) qui font de lui un artiste méconnu. Il collabora très souvent, comme scénariste ou producteur, aux films de son frère. Il est, en outre, le père de la chorégraphe Agnès de Mille.
DEMIRKUBUZ (Zeki)
cinéaste turc (Isparta 1964).
Après des études en communication à l'université d'Istanbul, il débute au cinéma comme assistant de Zeki Ökten. Son premier film, Bloc C (C Blok, 1993), révèle une attention particulière à la psychologie des personnages, antihéros par excellence. Réalisateur et producteur de ses films, Zeki Demirkubuz travaille dans des conditions quasi artisanales ; cette indépendance lui permet de brosser, sans concession, le tableau contrasté de la Turquie contemporaine, des grandes villes comme des petits bourgs anatoliens, en nous décrivant le combat quotidien des laissés-pour-compte qui se débattent dans la jungle d'une société en dérive. Innocence (Masumiyet, 1997), l'histoire d'un brave type, assassin de l'amant de sa sœur pour que l'honneur de la famille soit sauf, qui redécouvre timidement la vie et ses misères après une lourde peine qu'il aurait aimée à perpétuité tant l'existence en dehors de la prison lui semble difficile, est son film le mieux abouti, plus convaincant que la Troisième Page (Üçüncü Sayfa, 1999), au scénario néanmoins remarquable dans la description réaliste des milieux défavorisés d'Istanbul, mégapole tentaculaire qui broie rêves et espoirs les plus légitimes. En 2001, il réalise coup sur coup le Destin (Yaggı) et l'Aveu (Itiraf), les deux volets d'une trilogie dont la troisième pièce est prévue pour 2002.
DEMME (Jonathan)
cinéaste américain (Rockville Center, N. Y., 1944).
Hors des sentiers battus, la filmographie de Demme aborde avec la même vitalité les derniers surgeons de la série B (Cinq femmes à abattre, Caged Heat, 1974, ou Crazy Mama, 1975), le vidéo-clip (Sun City† : Artists United Against Apartheid), le documentaire musical (Stop Making Sense, 1984, sur les Talking Heads) ou le documentaire pur et simple (Swimming To Cambodia, 1987, sur les à-côtés du tournage de la Déchirure, de Roland Joffé). Ses œuvres de fiction, si l'on excepte la mauvaise expérience de Swing Shift (1984), véhicule pour Goldie Hawn, témoignent d'un tempérament remarquable. Melvin and Howard (1980) raconte avec sensibilité la rencontre d'un pompiste et d'un vieillard un peu fou qu'il prend en auto-stop et qui se révèle être le milliardaire Howard Hughes (interprété par un Jason Robards au mieux de sa forme). Sur un type de sujet à la mode (une fille fantasque qui entraîne un jeune cadre dans les dangers de la vie marginale), Dangereuse sous tous rapports (Something Wild, 1986) procède par brusques changements de tons, par dérapages narratifs rattrapés avec brio, et par un étourdissant sens du rythme. Plein d'énergie, Demme passe du cinéma à la télévision, de la production à l'écriture et ne dédaigne pas quelques apparitions d'acteur de temps à autre. Il signe en 1988 Veuve mais pas trop... (Married to the Mob), un film démystificateur sur la mafia qu'il traite en alerte comédie plutôt qu'en parodie. Le Silence des agneaux (The Silence of the Lambs, 1991) joue avec habileté sur les mécanismes du thriller et de l'angoisse et remporte un large succès international. Demme réagit à ce succès en s'attelant à un documentaire de long métrage sur un de ses cousins, prêtre et contestataire : Cousin Bobby (1992) est un film peu spectaculaire où le cinéaste s'efface devant son sujet. Philadelphia (id., 1993) est également un film sobre qui traite sans fausse pudeur du sida : l'interprétation remarquable de Tom Hanks a quelque peu occulté la facture nuancée et le regard humaniste du cinéaste. Il ne fera de nouveau film qu'en 1998, Beloved (id.), adaptation d'un best-seller qui mêle curieusement la fresque historique, le plaidoyer anti-raciste et le fantastique : le film est ambitieux et respectable mais pas totalement réussi. Si certains regrettent que le Silence des agneaux et Philadelphia aient un peu bridé l'anticonformisme du cinéaste, on constate qu'il sait cependant résister à la facilité.
DEMONGEOT (Marie-Hélène Demongeot, dite Mylène)
actrice française (Nice 1936).
Elle débute au cinéma en 1953. D'abord cantonnée dans des rôles de pin-up (les Enfants de l'amour, L. Moguy, 1953 ; Futures Vedettes, M. Allégret, 1955), elle s'adapte ensuite avec aisance à différents emplois, qu'il s'agisse de fantaisie (Bonjour tristesse, O. Preminger, 1958 ; Faibles Femmes, M. Boisrond, id. ; ou la série des Fantômas, A. Hunebelle, 1964-1967), de drames (les Sorcières de Salem, R. Rouleau, 1957), ou de péplums italiens (la Bataille de Marathon, J. Tourneur, 1959 ; l'Enlèvement des Sabines, R. Pottier, 1961). On la retrouve plus tard dans les Noces de porcelaine (R. Coggio, 1975), le Bâtard (B. Van Effenterre, 1983) ou dans les films de son mari Marc Simenon : Par le sang des autres (1974) ou Signé Furax (1981).
DEMPSTER (Carol)
actrice américaine (Duluth, Minn., 1902 - La Jolla, Ca., 1991).
Dans l'esprit de Griffith, Carol Dempster était destinée à remplacer Lillian Gish. En fait, tout ce qui enrichissait la personnalité de Lillian Gish handicapait celle de Carol Dempster. Chez elle, la candeur était mièvrerie, l'innocence une afféterie irritante, l'émotion une gesticulation désordonnée. Son passé de danseuse ne lui conféra cependant pas la grâce aérienne de Lillian Gish. L'héritage était lourd et Carol Dempster était frêle. Ses réelles possibilités n'ont sans doute pas été perçues par un Griffith obsédé par la perte de son actrice d'élection. Plus que dans la Fleur d'amour (1920) ou la Rue des rêves (1921), c'est dans Isn't Life Wonderful ?, (1924), Sally, fille de cirque (1925) et les Chagrins de Satan (1926) qu'elle fut excellente, inhabituellement séduisante et trouble.