AUTEUIL (Daniel)
acteur français (Alger, Algérie, 1950).
Après avoir passé la majeure partie de son enfance dans le milieu du spectacle (son père était chanteur d'opéra), il entre au cours Florent. Il fait ses débuts au T. N. P., puis joue pendant deux ans dans la comédie musicale Gospel (1972). Gérard Pirès lui offre son premier rôle au cinéma dans l'Agression (1975). Menant parallèlement deux carrières (à la scène et à l'écran), il participe aux productions de Claude Zidi (dont les Sous-doués et leurs nombreuses suites) et d'Édouard Molinaro : Pour cent briques, t'as plus rien (1982), l'Amour en douce (1984), Palace (1985). Mais c'est dans les emplois plus dramatiques qu'il donne le meilleur de son talent, mélange d'angoisse et de violence (le Paltoquet, M. Deville, 1986). Son interprétation d'Ugolin dans Jean de Florette et Manon des sources (C. Berri, 1986) l'impose comme une nouvelle « gueule » du cinéma français. Il tourne ensuite notamment Quelques jours avec moi (C. Sautet, 1988), Romuald et Juliette (C. Serreau, 1989), Lacenaire (F. Girod, 1990), Un cœur en hiver (C. Sautet, 1992), Ma saison préférée (A. Téchiné, 1993), la Séparation (Ch. Vincent, 1994), la Reine Margot (P. Chéreau, id.), Une femme française (R. Wargnier, 1995), l'Enfant de la nuit (A. Téchiné, 1996), le Huitième Jour (Jaco van Dormael, id.), le Bossu (Philippe de Broca, 1997), Sade (B. Jacquot, 2000).
AUTOBLIMPÉ (franglais d'après blimp).
Se dit d'une caméra comportant, par construction, un blimp incorporé. ( CAMÉRA.)
AUTOMATE.
Accessoire de cabine de projection, parfois incorporé au projecteur, sur lequel l'opérateur peut programmer l'exécution automatique de tâches telles que la fermeture des rideaux de scène, l'éclairage de la salle, etc. ( PROJECTION.)
AUTOSILENCIEUX.
Caméra autosilencieuse, caméra ne comportant pas de blimp incorporé, mais conçue pour que son bruit soit à peu près inaudible. ( CAMÉRA.)
AUTRICHE.
L'histoire du cinéma autrichien est mal connue, brouillée par les événements historiques (fin de l'Empire austro-hongrois en 1919, annexion par l'Allemagne nazie, 1938-1945), rendue parfois confuse par la carrière de cinéastes et d'acteurs nés en Autriche sans y avoir jamais tourné de films, souvent confondue avec certains chapitres de l'histoire du cinéma allemand : la communauté de langue a non seulement suscité de nombreuses coproductions, mais de tout temps attiré artistes et techniciens vers Berlin.
Le cinéma a fait son apparition à Vienne dès 1896, en présence de l'empereur. On commence à tourner des films en 1908, et, en 1911-1912, Alexander Joseph Sascha Kolowrat-Krakowsky, un comte autrichien qui avait épousé la fille d'un industriel américain, fonde la Sascha Film, embauche notamment le jeune Karl Freund* et crée des actualités cinématographiques. À la veille de la guerre, les écrivains les plus représentatifs ont déjà travaillé pour le cinéma : Hoffmansthal, Grillparzer, Arthur Schnitzler, ou encore Felix Dörmann qui s'investit dans la production. C'est dans des films autrichiens que débutent Fritz Kortner*, Liane Haid, Friedrich Feher*, Fern Andra*, Lilian Harvey*, qui ne vont pas tarder à aller chercher la gloire à Berlin. De même, des techniciens comme le réalisateur Paul Czinner*, venu de Hongrie (Inferno est tourné à Vienne en 1920), Karl Grüne* (alors acteur), Wilhelm Thiele*, Gustav Ucicky*, Richard Oswald*, Rudolf Meinert, Julius von Borsody s'initient au cinéma en Autriche avant de se rendre à Berlin, comme bien d'autres Autrichiens auront fait plus directement (Joe May*, Pabst*, Carl Mayer*, Otto Rippert*, puis Billy Wilder*, Fred Zinnemann*, etc. sans oublier Fritz Lang*, qui a écrit plusieurs scénarios à Vienne).
Les années 20 sont favorables aux studios viennois, visités par des étrangers comme Jacques Feyder* (Das Bildnis [l'Image], 1924). Max Linder*, qui y tourne en 1924 son dernier film, Robert Wiene* pour les Mains d'Orlac, Carl Fröhlich* dont Pabst est alors l'assistant. Cette politique d'internationalisation correspond aussi à une brève période où l'Autriche tente de rivaliser avec les films historiques allemands et américains. Mihaly Kertesz* (futur Michael Curtiz), Laszlo Vajda* et Sandor Korda*, venus de Hongrie en 1919, s'illustrent dans une série de films à grands spectacles : Samson et Dalila, de Korda, Sodome und Gomorrhe (ou le Sixième Commandement), le Jeune Médard, l'Esclave-reine, tous trois de Kertesz qui sera bientôt appelé à Hollywood.
Hors des grands studios, de petites sociétés produisent à Graz, à Innsbruck ou à Salzbourg des films montagnards et régionalistes tandis que d'autres captent les événements de l'actualité pour les traduire à l'écran : la mort du Kronprinz, l'affaire du colonel Redl (datant de 1913 mais révélée par le journaliste E.E. Kisch en 1924), ou la condamnation de Sacco et Vanzetti. La crise s'abat très vite sur le cinéma autrichien.
En 1927, il est au plus bas, et « Sascha », le plus ambitieux de ses producteurs, meurt en décembre. Cette même année voit pourtant la réalisation d'un film significatif qui réunit Willi Forst* et Marlene Dietrich* : Café Electric, de Gustav Ucicky. Willi Forst est de ceux qui illustreront dès l'avènement du parlant la comédie légère et le film musical, spécialités viennoises qui s'affirmeront dans les années 30 et se perpétueront après la guerre.
Après l'Anschluss, les autorités nazies mettent en place de nouvelles structures sous la dépendance de la UFA dans le but d'empêcher toute expression patriotique autrichienne tout en préservant la spécificité de l'art de l'Ostmark, le charme et l'élan viennois. D'où les Wiener Blut et Operette, les vies de musiciens, les comédies utilisant le populaire acteur local Hans Moser, et les films du montagnard Luis Trenker*. Mais aussi des films de propagande, tels Heimkehr (Ucicky, 1941) ou l'antisémite Wien 1910 (E.W. Emo, 1943).
Dans les années 50, Willi Forst*, Franz Antel* et les Marischka* s'inscrivent dans la tradition de légèreté. La série des Sissi est un énorme succès international et les acteurs autrichiens s'exportent bien : Romy Schneider*, Oskar Werner*, Maria et Maximilian Schell*, Helmut Berger*. La permanence des intérêts soviétiques à Vienne aura permis à Cavalcanti* et à Louis Daquin* de tourner des films différents, et plus tard, aux environs de 1960, quelques cinéastes autrichiens nés en Autriche (B. Wicki*, Alf Brustellin*, Herbert Vesely*) contribueront à la naissance d'une « Nouvelle Vague » en Allemagne. Mais il faudra attendre les années 1975-1980 pour voir s'affirmer un véritable mouvement d'auteurs dans le pays même, avec notamment Axel Corti*, Antonis Lepeniotis, grec d'origine, Jörg A. Eggers, allemand fixé à Vienne, l'Arménien Mansur Madavi, le documentariste Bernhard Frankfurter, et Robert Dornhelm qui tournera aux États-Unis She dances alone (1980).