ARDEN (Eunice Quedens, dite Eve)
actrice américaine (Mill Valley, Ca., 1912 - Los Angeles, Ca., 1990).
D'abord artiste de music-hall, elle crée dans Pension d'artistes (G. La Cava, 1937) un personnage vite populaire, auquel elle restera longtemps attachée. Observatrice plutôt que participante, elle commente et démystifie les actions des protagonistes. Ses aphorismes caustiques tombent comme des couperets, avec un sens aigu de l'à-propos. Elle est la confidente avertie, la compagne expérimentée, trop lucide pour se laisser aller à l'émotion. On la voit notamment dans la Danseuse des Folies Ziegfeld (R. Z. Leonard, 1941), l'Entraîneuse fatale (R. Walsh, id.), puis dans la Reine de Broadway (Ch. Vidor, 1944), le Roman de Mildred Pierce (M. Curtiz, 1945). En 1948, elle lance une série radiophonique, Our Miss Brooks, qu'elle transpose avec succès à la télévision. Elle s'éloigne ensuite progressivement des studios, interprète la secrétaire de James Stewart dans Autopsie d'un meurtre (O. Preminger, 1959) et fait une de ses dernières apparitions notables à l'écran dans Grease (Randal Kleiser, 1978).
ARDITI (Pierre)
acteur français (Paris 1944).
Formé par Tania Balachova, il débute au théâtre chez Marcel Maréchal en 1965. Rossellini en fait son Blaise Pascal en 1972 et, au cours des années 1970, il apparaît dans d'autres réalisations télévisuelles et dans quelques films comme l'Amour violé (1978) de Yannick Bellon, poursuivant parallèlement une carrière sur les planches. Sa rencontre avec Alain Resnais en 1979 est décisive : après Mon oncle d'Amérique, il enchaîne film sur film et retrouve le cinéaste pour trois autres titres dont Mélo qui lui vaut le César du meilleur second rôle masculin en 1987. S'il aime se définir comme « un comédien généraliste », on lui confie plus de rôles graves : musicien trahi en amour et en amitié (Mélo, A. Resnais, 1986), haut fonctionnaire inquiétant (Agent trouble, J.-P. Mocky, 1987), que d'emplois comiques (Vanille-fraise, G. Oury, 1989). En 1991, Nelly Kaplan lui offre le rôle central de Plaisir d'amour. En 1993, il remporte un grand succès dans le double film d'Alain Resnais Smoking / No Smoking, 1993), ainsi qu'en 1997 dans On connaît la chanson du même réalisateur.
ARDREY (Robert)
écrivain et scénariste américain (Chicago, Ill., 1908 - Kalkbaay, Le Cap, rép. d'Afrique du Sud, 1980).
On oublie souvent que cet essayiste célèbre, dont les livres (l'Impératif territorial, 1966 ; le Contrat social, 1970) ont influencé toute une génération par leurs théories sociobiologiques, fut auparavant un scénariste coté à Hollywood. Après des études en sciences naturelles et en anthropologie à l'université de Chicago, il est encouragé par Thornton Wilder à écrire des pièces pour Broadway dans les années 30. Dès le début des années 40, il travaille à Hollywood et signe des scénarios où domine le sens du romanesque et de l'aventure, tels Passion immortelle (Song of Love, C. Brown, 1947), les Trois Mousquetaires (G. Sidney, 1948), Madame Bovary (V. Minnelli, 1949), Quentin Durward (R. Thorpe, 1955), l'Aventurier du Rio Grande (R. Parrish, 1959), les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse (Minnelli, 1962).
ARENA (Maurizio di Lorenzo)
acteur et cinéaste italien (Rome 1933 - Casal Palocco, Rome, 1979).
De Bellezze in motoscooter (C. Campogalliani, 1953) à Pauvres mais beaux (D. Risi, 1956), et aux nombreuses farces estivales suivantes, il perfectionne son personnage de jeune fanfaron et séducteur romain, qu'il exploite et autocritique en même temps dans les deux films dirigés par lui-même : Il principe fusto (1960), Gli altri, gli altri e noi (1967). À sa décadence comme acteur de genre dans des petits films correspond sa renommée inattendue de guérisseur miraculé, vénéré après sa mort.
ARGENTINA (Magdalena Nile del Rio, dite Imperio)
actrice espagnole d'origine argentine (Buenos Aires 1906).
Une des vedettes les plus populaires du cinéma espagnol de la première moitié du siècle, elle est mariée au metteur en scène Florian Rey, pour qui elle interprète La hermana San Sulpicio (deux versions, 1927 et 1934), El novio de mamá (1934), les grands succès Nobleza baturra (1935) et Morena clara (1936), Carmen la de Triana (1938), La canción de Aixa (1939), La cigarra (1948). Elle joue aussi dans L'amour chante (R. Florey, 1930), Cinopolis (José María Castellvi, 1931), Su noche de bodas (L. Mercanton, id.), Melodiá de arrabal (L. J. Gasnier, 1932), Tosca préparée par Jean Renoir (Carl Koch, 1940), Goyescas (B. Perojo, 1942), Bambú (J. L. Saenz de Heredia, 1945). Petite virtuose du chant et de la danse, elle se métamorphose d'Aragonaise en Gitane ou en Cubaine selon les besoins d'un cinéma qui affectionne les stéréotypes. Sa carrière finit avec quelques films en Argentine, puis des rôles mineurs (Con el viento Solano, Mario Camus, 1965 ; Tata mia, J.L. Borau, 1986).
ARGENTINE.
Le cinématographe Lumière est présenté pour la première fois à Buenos Aires le 18 juillet 1896. Le Belge Henri Lepage importe et diffuse des bandes. Son employé, le Français Eugène Py, enregistre les premières prises de vues locales (La bandera argentina, 1897), des actualités ou documentaires. La première salle fixe est inaugurée dans la capitale en 1900. Eugenio Cardini réalise la première tentative de fiction (Escenas callejeras, 1901), et Py illustre une série de chansons à partir de 1907. La formule de toute une suite de films de fiction est trouvée par l'Italien Mario Gallo, avec El fusilamiento de Dorrego (1908). Il s'inspire du film d'art français et italien et fait appel à des comédiens de théâtre reconnus, pour mettre en scène des reconstitutions historiques de plus en plus grandioses, telles La revolución de Mayo (1910) et La batalla de Maipú (1913) avec la participation d'un régiment de grenadiers. L'industriel Julio Raul Alsina construit le premier studio (1909) et exploite la même veine (Facundo Quiroga, 1912). Nobleza gaucha (Eduardo Martínez de la Pera, Ernesto Gunche et Humberto Cairo, 1915) contient des observations parallèles intéressantes sur la campagne et la métropole, en dépit d'une intrigue conventionnelle. Son immense succès révèle un public pour le film national et suscite de multiples vocations. Dans son sillage, El último malón (Alcides Greco, 1916), évoquant une révolte indienne, dénote un certain souci d'authenticité. L'Autrichien Max Glucksmann, nouveau maître de la maison Lepage, produit aussi bien des documentaires que des films de fiction et met sur pied un grand circuit d'exploitation s'étendant au Chili et à l'Uruguay. L'Italien Federico Valle* produit lui aussi beaucoup de documentaires, les premières actualités régulières et des films de fiction, incorporant les techniques d'animation à El apóstol (1917), satire du président Yrigoyen. L'actualité politique fait irruption encore dans Juan sin ropa (Héctor Quiroga et Georges Benoît, 1919), où l'on perçoit les échos de la répression contre les anarchistes, connue sous le nom de Semaine tragique. Resaca (Atilio Lipizzi, 1916) se rattache plutôt au cinéma américain, tandis que l'œuvre isolée de Roberto Guidi (Mala Yerba, 1920 ; Escándalo a medianoche, 1923) exprime une exigence intellectuelle et formelle restée sans suite. C'est à une sensibilité intuitive qu'on doit les trouvailles et réussites de José Agustín Ferreyra*, la personnalité la plus créative du muet et du début des années 30, dont la carrière commence en 1915.