cinéaste allemand (Nossendorf, Poméranie orientale, 1935).
Toute l'œuvre de Hans-Jürgen Syberberg révèle un intérêt majeur pour la mise en scène en tant qu'objet d'étude : celle des hommes de théâtre, celle du cinéma en tant que producteur de mythes et aussi celle que s'imposent les grands de ce monde, princes, artistes, vedettes. Collaborateur de la télévision de Munich, il réalise de très nombreux documentaires, parmi lesquels un portrait de Romy Schneider, des films sur le travail de Fritz Kortner, puis les Comtes Pocci (Die Grafen Pocci, 1966-67), consacrés à une famille de nobles bavarois. Il tourne en 1969 un autre documentaire de long métrage dont le sujet est un spécialiste munichois du film érotique : Sex Business — Made in Pasing.
Ses deux premiers films de fiction (Scarabea [Scarabea — Wieviel Erde braucht der Mensch ?], 1968, d'après une nouvelle de Tolstoï, et San Domingo [id.], 1970, d'après un récit de Kleist) passent pratiquement inaperçus, de même que Nach meinem letzten Umzug, 1971.
En 1972, il termine en quelques jours Ludwig — Requiem pour un roi vierge (Ludwig — Requiem für einer Jungfrauenlichen König), une fresque dépourvue de tout naturalisme où il réfléchit sur le mythe de Louis II de Bavière et l'histoire de l'Allemagne. Cette œuvre majeure est complétée par un long métrage en 16 mm, qui est en quelque sorte une vision de la cour de Ludwig du point de vue d'une domesticité aspirant à un statut de petit-bourgeois : le Cuisinier du roi (Theodor Hierneis, oder : Wie man ehemalige Hofkoch wird, 1972). Dans Karl May — À la recherche du paradis perdu (Karl May, 1974), il dresse le portrait contradictoire d'un écrivain qui a marqué la culture populaire allemande. C'est ensuite, et fort logiquement, avec son Hitler, un film d'Allemagne (Hitler, ein Film aus Deutschland, 1977) qu'il poursuit sa réflexion sur les racines de l'Allemagne moderne. Œuvre foisonnante et controversée, d'une durée de sept heures, fondée sur les principes du collage et du montage, c'est une tentative d'exorciser l'histoire et le mythe le plus accablant du XXe siècle.
Complément logique de cette trilogie, il consacre deux films à Wagner et au wagnérisme : Winifred Wagner et l'histoire de la maison Wahnfried (Winifred Wagner und die Geschichte des Hauses Wahnfried-1914/1975, 1975), long entretien avec la belle-fille du compositeur, ancienne pronazie, puis une adaptation surchargée de références de l'opéra Parsifal (id., 1982) et un adieu somnambulique aux dieux de l'Europe (la Nuit [Die Nacht], 1985 — film de six heures, interprété par une seule actrice : Edith Clever. Sur le même principe, il signe plusieurs œuvres réalisées généralement sur support vidéo : Fraulein Else (1987), Penthesila (1988), Marquise von O... (1990), Brecht (1993), Ein Traum, was sonst (1994). ▲