TIERNEY (Gene)
actrice américaine (New York, N. Y., 1920 - Houston 1991).
Issue des milieux financiers, elle est élevée en Suisse puis au Connecticut. Sa beauté et son intelligence sont tellement précoces que sa famille encourage par tous les moyens sa vocation théâtrale. À seize ans, elle écrit des poèmes. À dix-neuf, elle triomphe à Broadway. L'année suivante, Zanuck lui fait signer un contrat exceptionnellement favorable, et elle paraît dans le Retour de Frank James (F. Lang). Sa merveilleuse photogénie de brune aux yeux clairs et aussi un réel talent dramatique lui promettent une carrière flatteuse. Elle est mentionnée aux Oscars pour Péché mortel (1945). Preminger lui offre, en 1944, un rôle mémorable dans Laura. Mais les chagrins de sa vie privée, un mariage orageux avec le couturier mondain Oleg Cassini, une liaison brisée avec Ali Khan ruinent ces espérances. Après plusieurs séjours dans des maisons de santé, elle revient au cinéma en 1962 à l'appel de Preminger, son ami de toujours. En 1979, apparemment apaisée, elle publie son autobiographie : Mademoiselle, voulez-vous faire du cinéma ? (Self Portrait).
Peu douée pour l'humour (Mankiewicz le lui reprochait) ou pour la fantaisie (elle s'y risque peu, mais y fut agréable), sa personnalité repose tout entière sur une fascination envoûtante et distante à la fois. Aussi ses meilleurs rôles sont-ils ceux de l'innocence offensée ou meurtrie, appelant la protection et feignant de s'y dérober par une allure un peu farouche, plus juvénile qu'aristocratique. Même dans des emplois sacrifiés (les Forbans de la nuit, par ex.), elle est émouvante par sa seule présence. On ne peut parler que sur le mode d'une nostalgie énigmatique de celle qui reste inoubliable, pour avoir, jamais morbide (et parfois fulgurante dans ses élans), incarné cette nostalgie dans Le ciel peut attendre, le Gaucho, le Mystérieux Docteur Korvo et, bien sûr, dans Laura, le chef-d'œuvre auquel son nom est indissolublement lié.
Films :
le Retour de Frank James (F. Lang, 1940) ; Hudson's Bay (I. Pichel, 1941) ; la Route du tabac (J. Ford, id.) ; la Reine des rebelles (I. Cummings, id.) ; Crépuscule (H. Hathaway, id.) ; Shanghai (J. von Sternberg, 1942) ; le Chevalier de la vengeance (Son of Fury, J. Cromwell, id.) ; Rings on Her Fingers (R. Mamoulian, id.) ; Thunder Birds (W. Wellman, id.) ; la Pagode en flammes (Hathaway, 1943) ; Le ciel peut attendre (E. Lubitsch, id.) ; Laura (O. Preminger, 1944) ; A Bell for Adano (H. King, 1945) ; Péché mortel (J. M. Stahl, id.) ; le Château du dragon (J. Mankiewicz, 1946) ; le Fil du rasoir (E. Goulding, id.) ; l'Aventure de Mme Muir (Mankiewicz, 1947) ; le Rideau de fer (Wellman, 1948) ; Scandale en première page (That Wonderful Urge, Robert B. Sinclair, id.) ; le Mystérieux Docteur Korvo (Preminger, 1950) ; Mark Dixon détective (id., id.) ; les Forbans de la nuit (J. Dassin, id.) ; la Mère du marié (The Mating Season, M. Leisen, 1951) ; Sur la Riviera (On the Riviera, W. Lang, id.) ; The Secret of Convict Lake (M. Gordon, id.) ; Close to My Heart (W. Keighley, id.) ; le Gaucho (J. Tourneur, 1952) ; Capitaine sans loi (C. Brown, id.) ; Ne me quitte jamais (Never Let Me Go, D. Daves, 1953) ; Une affaire ultrasecrète (Personal Affair, Anthony Pelissier, GB, 1954) ; la Veuve noire (N. Johnson, id.) ; l'Égyptien (M. Curtiz, id.) ; la Main gauche du Seigneur (E. Dmytryk, 1955) ; Tempête à Washington (Preminger, 1962) ; le Tumulte (G. Roy Hill, 1963) ; Trois Filles à Madrid (The Pleasure Seekers, J. Negulesco, 1964) ; Daughter of the Mind (Walter Grauman, TV, 1969).
TILLER (Nadja)
actrice allemande d'origine autrichienne (Vienne 1929).
Fille d'un acteur et d'une cantatrice, elle paraît à l'écran en 1949. Sa beauté pulpeuse et l'érotisme lourd qui émane d'elle en font, vers la fin des années 50, une des vedettes préférées du cinéma allemand. Rolf Thiele réalise à ses mesures la Fille Rosemarie (1958) ou Lulu (1962), qu'une sensualité moite imprégnait. On l'a aussi vue, en France, dans le Désordre et la Nuit (G. Grangier, 1958), dans le curieux Du rififi chez les femmes (Alex Joffé, 1959), Tendre voyou (Jean Becker, 1966), le Moine (A. Kyrou, 1972), et, en Italie, dans Âme noire (R. Rossellini, 1961) et plusieurs films des années 1970. Son meilleur rôle, fidèle à son stéréotype, est sans doute l'Affaire Nina B. (R. Siodmak, id.). Peu à peu, ses apparitions se sont faites plus rares : Der Sommer des Samouraï (Hans-Christoph Blumenberg, 1986), Pakten (Leidulv Risan, 1995, en Norvège).
TILT.
Mot anglais pour panoramique vertical.
TIMSIT (Patrick)
acteur français (Alger 1959).
Comique de télévision parmi d'autres, il fait de brèves apparitions dans des comédies tournées pour le grand écran, puis change (provisoirement) d'image avec un second rôle dans le film autobiographique de Verneuil Mayrig (1991) et une bonne interprétation dans un film grinçant de Coline Serreau, la Crise (1992). C'est toutefois une carrière d'acteur populaire qui l'attire, le plus souvent – mais pas toujours – dans la comédie : Un Indien dans la ville (Hervé Palud, 1994), Passage à l'acte (F. Girod, 1996), Marquise (Vera Belmont, 1997), le Cousin et le Prince du Pacifique (A. Corneau, 1998 et 2000), l'Art délicat de la séduction (Richard Berry, 2001), Rue des plaisirs (P. Leconte, 2001). Il a écrit, coproduit, réalisé et interprété une comédie, Quasimodo d'El Paris (1999).
TIN TAN (Germán Valdés, dit)
acteur mexicain (Mexico 1915 - id. 1973).
Originaire de la radio et du théâtre de variétés, il débute dans Hotel de verano (René Cardona, 1943). Dans Calabacitas tiernas (Gilberto Martínez Solares, 1948) et El rey del barrio (id., 1949), il déploie déjà toute sa verve. Déguisé en « pachuco » (le Mexicain américanisé, habillé du « zoot suit » à la mode), il est doué pour croquer la contemporanéité et le cinéma lui-même, son univers de référence. Élevé dans une ville frontalière, il popularise le « spanglish », le langage métissé. Il se construit un personnage immédiatement reconnaissable, avec ses pantalons larges mais serrés aux chevilles, la chemise bariolée ouverte au col, la veste longue jusqu'aux genoux, le chapeau emplumé. Histrion plus versatile que Cantinflas, il ne recule devant aucune grimace, jouant de sa grande bouche bouffonne surmontée d'une minuscule moustache, et de tout son visage. Tin Tan s'adapte parfaitement aux différentes situations et aux gags visuels. Il entame un dialogue avec Hollywood et les autres modèles culturels, grâce à l'arme ambiguë de la parodie : tour à tour, il joue dans La marca del zorrillo (G. Martínez Solares, 1950), Simbad el mareado (id., id.), El vizconde de Montecristo (id., 1954), Tres mosqueteros y medio (id., 1956), El fantasma de la opereta (Fernando Cortés, 1959), Tintanśon Crusoe (G. Martínez Solares, 1964), parmi d'autres. Malgré l'universalité de son humour, Tin Tan reste injustement considéré comme trop local, alors que le très typé Cantinflas accède à une popularité internationale. Bien servi par l'artisan Martínez Solares, le comédien n'a cédé qu'une fois à la tentation de la mise en scène (El capitán Mantarraya, 1969).