Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
M

MALKOVICH (John)

acteur américain (Christopher, Ill., 1953).

Encore étudiant, il fonde à Chicago une troupe théâtrale qui obtient de grands succès et lui permet de se consacrer à la mise en scène. Le théâtre le mène à New York, où il travaille notamment avec Sam Shepard et Dustin Hoffman. Il débute à l'écran en 1983 dans les Saisons du cœur de Robert Benton, et joue en 1985 dans la Mort d'un commis voyageur de Volker Schlöndorff.

Acteur disposant d'une très large gamme d'expression, il est consacré en 1987 par la Ménagerie de verre de Paul Newman et Et la femme créa l'homme parfait de Susan Seidelman. C'est lui qui sera choisi pour incarner Valmont dans les Liaisons dangereuses de Stephen Frears (1989) et le très fitzgeraldien héros d'Un été au Sahara (id.) de Bernardo Bertolucci. Il obtient ensuite de beaux rôles dans Ombres et brouillard (W. Allen, 1992), Des souris et des hommes (G. Sinise, 1992), Par-delà les nuages (M. Antonioni, 1995), Mary Reilly (id., S. Frears, 1995), le Roi des Aulnes (W. Schloendorff, 1996), les Hommes de l'ombre (Mulholland Falls, Lee Tamzahori, id.), Portrait de femme (J. Campion, id.), le Masque de fer (The Iron Mask, Randall Wallace, 1998). Installé en France, il forme un couple énigmatique avec Catherine Deneuve dans le Couvent (M. de Oliveira, 1998), il crée un curieux Baron Charlus dans le Temps retrouvé (R. Ruiz, 1999) et un intéressant Javert, face à Gérard Depardieu, dans une adaptation télévisée des Misérables (Josée Dayan, 2000). On le retrouve aussi dans les Âmes fortes (R. Ruiz, 2001) et Je rentre à la maison (M. de Oliveira, id.).

Enfin, il est probablement le seul acteur au monde dont le « cerveau » ait servi de décor (Dans la peau de John Malkovich [Being John Malkovich] Spike Jonze, 2000).

MALLE (Louis)

cinéaste français (Thumeries 1932 – Beverly Hills, Ca., 1995).

Né dans une grande famille bourgeoise, il s'oriente très jeune vers le cinéma. Après l'IDHEC, il devient assistant du commandant Cousteau, puis de Robert Bresson (pour Un condamné à mort s'est échappé, 1956). Il entreprend une carrière personnelle qui coïncide avec l'explosion de la Nouvelle Vague. Son œuvre française frappe par ses fréquentes ruptures, qui trahissent une incertitude, une inquiétude, le malaise d'être un exclu de la société, mais un exclu par en haut. Ascenseur pour l'échafaud, qui obtient le prix Louis-Delluc, puis les Amants sont de faux films de révolte, sauvés par le brio d'une écriture toute classique. Après un détour du côté de Raymond Queneau avec l'impertinent Zazie dans le métro et un essai sur le mythe de la star avec Brigitte Bardot dans Vie privée, il signe le Feu follet (d'après Drieu La Rochelle), le Voleur (d'après Darien) et le Souffle au cœur (qui aborde un sujet tabou : celui de l'inceste entre mère et fils), œuvres de maturité d'un dandy malheureux, qui alternent dans sa filmographie avec des reportages volontaristes sur le peuple inaccessible, celui de Calcutta ou celui de la Place de la République. Lacombe Lucien, sans doute son film le plus diffusé, qui s'inscrit dans la relecture troublée des années de l'Occupation, souleva de vives polémiques dans la France giscardienne : certains pouvaient croire que le film proposait comme une absolution accordée à ceux qui, en 1944, avaient fait le mauvais choix. À partir de 1977, Louis Malle poursuit sa carrière aux États-Unis. Sa meilleure réussite outre-Atlantique est sans doute Atlantic City, Lion d'or à Venise en 1980. De retour en France après dix ans d'absence, il signe Au revoir les enfants, histoire sensible et pathétique de deux enfants à l'époque de l'occupation allemande, dans une atmosphère d'antisémitisme ambiant. Le film est récompensé par un nouveau Lion d'or au festival de Venise et remporte un large succès public. Milou en mai est un film à la fois grave et caustique, presque balzacien, une étude de caractères que l'auteur situe en mai 68 dans une demeure familiale du sud-ouest de la France.

Films  :

le Monde du silence (1955, CO : J.-Y. Cousteau) ; Ascenseur pour l'échafaud (1958) ; les Amants (id.) ; Zazie dans le métro (1960) ; Vie privée (1962) ; le Feu follet (1963) ; Viva Maria (1965) ; le Voleur (1967) ; l'épisode William Wilson de Histoires extraordinaires (1968) ; Calcutta (1969, DOC) ; le Souffle au cœur (1971) ; Humain trop humain (1974, DOC, TV) ; Place de la République (id., DOC, CORÉ F. Moscovitz) ; Lacombe Lucien (id.) ; Black Moon (1975) ; la Petite (Pretty Baby, 1978) ; Atlantic City (1980) ; My Dinner With André (1982) ; Crackers (1984) ; Alamo Bay (1985) ; le Pays de Dieu (God's Country, 1986) ; And The Pursuit of Happiness (1987) ; Au revoir les enfants (id.) ; Milou en mai (1990) ; Fatale (1992) ; Vanya, 42e Rue (Vanya on 42nd Street, 1994).

MALMROS (Nils)

cinéaste danois (Aarhus 1944).

Autodidacte du cinéma, il produit lui-même ses deux premiers films : Lars Ole 5c (1974) et Garçons (Drenge, 1977), qui composent, avec l'Arbre de la connaissance (Kundskabens træ, 1981), plus connu à l'étranger, une trilogie inspirée de sa propre vie. Il poursuit l'étude des problèmes des enfants et des adolescents avec Aarhus by Night (1989), dont le personnage principal est un jeune cinéaste travaillant avec des enfants. C'est un hommage à Truffaut en même temps qu'un film autobiographique se référant à ses premières expériences. La vigueur et l'originalité de son style tendent à s'effacer dans un nouveau film sur l'adolescence, Peine d'amour (Kærlighedens smerte, 1992). Il tourne Barbara en 1997.

MALMSTEN (Birger)

acteur suédois (Gräsö 1920 - Stockholm 1991).

Il n'avait pas quitté le lycée qu'il s'inscrivait déjà au Théâtre étudiant de Stockholm. En 1945, il joue dans le Pélican de Strindberg, monté par Ingmar Bergman, auquel il fait une si vive impression qu'il devait plus tard incarner l'alter ego du metteur en scène dans de nombreux films, dont Bateau pour les Indes (1947), Musique dans les ténèbres (1948), Prison (1949), la Soif (id.) et Jeux d'été (1951). Le Bergman incarné par Malmsten est un bohème plus qu'un artiste, un nihiliste plus qu'un idéaliste. C'est sous les traits du peintre barbu de l'Attente des femmes (1952) qu'il apporte sa dernière contribution à la période primitive de Bergman, mais il réapparaît, plus saisissant que jamais, dans le rôle du serveur étranger, brusque, du Silence (1963). Selon lui, « au théâtre, il faut faire travailler tout son corps ; mais, devant la caméra, il faut condenser ses mouvements et se restreindre consciemment ». Malmsten est le jeune premier idéal des films de Bergman : assez séduisant pour attirer le public, il jouit en outre d'une intelligence et de dons d'expression naturels tels qu'il peut faire écho à toute la gamme des émotions du réalisateur. À la fin des années 60, il abandonne quelque peu le cinéma et met son art au service du Théâtre royal de Stockholm, ne retournant qu'occasionnellement au grand écran. C'est ainsi, par exemple, qu'il fait une apparition dans Face à face (1976) de Bergman.