PIALAT (Maurice)
cinéaste français (Cunlhat 1925).
Peintre par vocation, il étudie aux Arts décoratifs et aux Beaux-Arts avant de s'initier quelque temps au théâtre (1955). Assistant pour le cinéma et la télévision à partir de 1960, il réalise un premier court métrage documentaire, L'amour existe, primé à Venise la même année, suivi en 1961 de Janine, d'après un scénario de Claude Berri. Il signe ensuite une série de documentaires (Jardins d'Arabie, 1963 ; Pehlivan, Istanbul, Byzance, Maître Galip, 1964) puis des courts métrages pour les Chroniques de France (1965-66). Il tourne enfin, en 1969, son premier long métrage, l'Enfance nue, interprété par des non-professionnels jouant leur propre rôle. Le succès (d'estime surtout) de l'Enfance nue le conduit à la télévision (les sept épisodes de la maison des bois, un feuilleton très au-dessus du niveau habituel du genre). Avec Nous ne vieillirons pas ensemble, il signe en 1972, grâce à l'apport de comédiens populaires (Marlène Jobert et Jean Yanne), une œuvre forte n'excluant pas la vulgarité et qui, malgré sa dimension souvent documentaire (plans-séquences nombreux où la caméra enregistre la scène dans sa durée, sans montage ni ellipse), reste un de ses plus gros succès commerciaux. Il réalise ensuite la Gueule ouverte (1974), film austère où il aborde le problème du cancer et de la mort. L'échec public de ce dernier film conduit Pialat à repenser sa manière de filmer. Il parvient à réaliser en 1979 Passe ton bac d'abord, évocation de l'adolescence où il raconte la vie d'un groupe de lycéens de la région minière de Lens. L'année suivante, Loulou (1980) est l'histoire d'un amour sans lendemain, qui donne à Isabelle Huppert et Gérard Depardieu l'un des meilleurs rôles de leur carrière. Il signe en 1983 À nos amours, portrait, plein de vérité, des effets de la libération sexuelle sur une adolescente d'aujourd'hui, et en 1985 Police, avec Gérard Depardieu et Sophie Marceau. Il obtient en 1987 la Palme d'or au festival de Cannes pour Sous le soleil de Satan, d'après Georges Bernanos, signe en 1991 un Un Van Gogh très personnel avec Jacques Dutronc dans le rôle du peintre et, en 1995, le Garçu avec Gérard Depardieu. ▲
PICA (Concetta Annunziata, dite Tina)
actrice italienne (Naples 1884 - id. 1968).
Fille du célèbre acteur du théâtre napolitain Giuseppe Pica, elle débute très jeune dans des pièces en dialecte avec les troupes de Antonio Petito et ensuite des frères De Filippo. Elle apparaît dans quelques films muets, mais son début officiel au cinéma date de 1935 avec la satire de Mario Camerini Il cappello a tre punte, où elle est à côté des frères De Filippo. Avant la guerre, elle joue encore dans trois films dont une des premières comédies de Toto, Fermo con le mani (Gero Zambuto, 1937). Après la guerre, elle revient au cinéma dans des films tournés à Naples, dont De nouveaux hommes sont nés (L. Comencini, 1949) ; Filumena Marturano (E. De Filippo, 1951). En 1953, elle obtient un très grand succès dans le personnage de Caramella, la servante impertinente et grincheuse de Pain, amour et fantaisie (L. Comencini), ce qui lui vaut d'interpréter toutes les suites de ce film, et de nombreuses autres comédies populaires souvent inventées pour mettre en valeur son personnage sympathique et au grand cœur. Son humour agressif explose dans des farces comme Carrousel napolitain (Carosello napoletano, E. Giannini, 1954) ; Da qui all'eredita (R. Freda, 1956) ; Arriva la zia d'America (Roberto Montero, 1957) ; La nonna Sabella (D. Risi, id.) ; Napoli, sole mio ! (Giorgio Simonelli, 1958) ; Mia nonna poliziotto (Steno, id.) ; La Pica sul Pacifico (Montero, 1959) ; La nipote Sabella (Giorgio Bianchi, id.) ; La sceriffa (Montero, id.).
PICAZO (Miguel)
cinéaste espagnol (Cazorla, Jaén, 1927).
Son premier long métrage, La tía Tula (1964), d'après Unamuno, est acclamé comme une des meilleures réussites du nuevo cine pour la précision dans la description de l'atmosphère provinciale et l'intensité de l'interprétation (Aurora Bautista). Cette dernière qualité se retrouve dans Oscuros sueños de agosto (1967), mais l'auteur doit ensuite se replier sur des adaptations littéraires pour la télévision. El hombre que supo amar (1976), une biographie de saint Jean de Dieu, Los claros motivos del deseo (1977) et Extramuros (1985), ses films suivants, déçoivent.
PICCIONI (Giuseppe)
cinéaste italien (Ascoli Piceno 1953).
Après avoir fait des études de sociologie, Giuseppe Piccioni fréquente l'école de cinéma créée par Gaumont à Rome au début des années 80. Il commence par tourner des courts métrages et des films publicitaires et fonde avec d'autres cinéastes la société de production Vertigo. Cette société lui permet de réaliser son premier long métrage, Il grande Blek (1987), un film qu'il tourne dans sa ville natale à partir d'éléments autobiographiques. Dans une carrière d'une grande cohérence stylistique et thématique, Piccioni s'est spécialisé dans un cinéma psychologique dans lequel il examine la conflictualité et la tendresse des rapports de couples. Il met en scène Giulio Scarpatti et Margherita Buy dans Chiedi la luna (1991), Sergio Rubini et à nouveau son actrice fétiche Margherita Buy dans Condannato a nozze (1993), Gene Gnocchi et Margherita Buy dans Cuori al verde (1996), Silvio Orlando et Margherita Buy dans Fuori dal mondo. Ce film, qui met en scène la rencontre entre une future religieuse et un teinturier célibataire, lui vaut en 1998 cinq David de Donatello, l'équivalent des Césars. Cinéaste peut-être trop classique, Piccioni, dont tous les films sont malheureusement inédits en France, possède des qualités rares dans le cinéma italien ; il a la capacité de représenter avec pudeur des sentiments forts et des situations à l'intense charge affective, sinon spirituelle. Son dernier film, Luce dei miei occhi (2001), interprété par Silvio Orlando et Luigi Lo Cascio, est la douloureuse description d'individus ayant perdu leurs racines.
PICCIONI (Piero)
musicien italien (Turin 1921).
Il s'intéresse au jazz et collabore à des émissions musicales à la radio. Il abandonne sa profession d'avocat et, en 1952, compose la musique de son premier film : Il mondo le condanna (G. Franciolini). En 1954, Lattuada le choisit pour créer les musiques ironiques de son film la Pensionnaire ; il restera fidèle au cinéaste pour Guendalina (1957), la Tempête (1958), les Adolescentes (1960), l'Imprévu (1961), Cuore di cane (1975). Dans les années 60, il devient un des musiciens les plus prolifiques et se distingue grâce à des thèmes musicaux légers et faciles à retenir. Son style très varié, influencé à la fois par le jazz et par d'autres tendances modernes, s'affirme dans l'œuvre des meilleurs cinéastes de son pays, dont Bolognini (les Garçons, 1959 ; le Bel Antonio, 1960 ; ça s'est passé à Eome, id. ; La viaccia, 1961 ; Quand la chair succombe, 1962) ; Rosi (I magliari, 1959 ; Salvatore Giuliano, 1961 ; Main basse sur la ville, 1963 ; le Moment de la vérité 1965 ; la Belle et le Cavalier, 1967 ; les Hommes contre, 1970 ; L'Affaire Mattei, 1972 ; Lucky Luciano, 1973 ; Cadavres exquis, 1976 ; Eboli, 1979 ; Trois Frères, 1981 ; Chronique d'une mort annoncée, 1986) ; Petri (l'Assassin, 1961 ; Il maestro di Vigevano, 1963 ; la Dixième Victime, 1965) ; Risi (le Fanfaron, 1962 ; la Marche sur Rome, id.) ; Pietrangeli (La parmigiana, 1963) ; Cottafavi (le Fils du Cid, 1965) ; De Sica (Le renard s'évade à 3 heures, 1966) ; Sordi (Fumo di Londra, id. ; Amore mio, aiutami, 1969 ; Polvere di stelle, 1973 ; Il comune senso del pudore, 1976) ; Visconti (l'Étranger, 1967) ; Zampa (Il medico della mutua, 1968 ; La contestazione generale, 1970) ; Comencini (l'Argent de la vieille, 1972).