ZECCA (Ferdinand) (suite)
Lui et son équipe abordèrent, à peu près, tous les genres : scènes grivoises, drames « réalistes », vues historiques, féeries froidement calquées sur Méliès, films-poursuites (la grande spécialité d'André Heuzé) et, surtout, reconstitutions religieuses, la plus fameuse étant une Passion qui atteignit 700 m de long (environ 45 minutes de nos cadences actuelles), subdivisée en quatre époques et 39 tableaux, l'ensemble étant conçu de façon à pouvoir être fragmenté en plusieurs séances. Il faut peut-être chercher là les prémices du film à épisodes, qui fera florès dix ans plus tard. Même lorsqu'il s'en tient sagement aux canons de l'imagerie sulpicienne, Zecca reste un précurseur. Il a la prescience d'un style narratif, d'un équilibre des formes et d'un dynamisme gestuel que sauront apprécier les Américains, à commencer par Cecil B. De Mille. Sa version de l'Affaire Dreyfus (1908) n'est pas dépourvue non plus de panache : moins élégante que celle de Méliès, elle est aussi moins statique.
À partir de 1914, Zecca abandonne la réalisation et la production pour se consacrer à des tâches administratives. Il équipera des studios à Berlin puis à Jersey City, dirigera la filiale de Pathé aux États-Unis et, de retour en France à la fin des années 20, créera le très actif département « Pathé Baby ».
Principaux films :
le Muet mélomane (1900) ; Histoire d'un crime (1901) ; les Sept Châteaux du diable (id.) ; Idylle sous un tunnel (id.) ; la Conquête de l'air (id.) ; Quo Vadis ? (id.) ; l'Enfant prodigue (id.) ; les Victimes de l'alcoolisme (1902) ; Tempête dans une chambre à coucher (id.) ; Par le trou de la serrure (id.) ; la Vie d'un joueur (1903) ; la Passion (id.) ; la Grève (1904) ; Rêve à la Lune (1905) ; les Incendiaires (id.) ; Dix Femmes pour un mari (id.) ; l'Affaire Dreyfus (1908) ; série des Scènes de la vie cruelle (1912-1914).
Certains films ont été coréalisés par ses assistants, Nonguet, Leprince, etc.