Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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RUDOLPH (Alan)

cinéaste américain (Los Angeles, Ca., 1943).

Fils du producteur-réalisateur Oscar Rudolph, c'est un enfant de la balle, qui devient assistant au cinéma (la Ballade du bourreau, J. Smight, 1970) et à la télévision avant de signer des courts métrages expérimentaux. En 1972, il entre à la Lion's Gate, compagnie alors florissante d'Altman, dont il est l'assistant puis le scénariste (Buffalo Bill et les Indiens). Il écrit et réalise lui-même deux films que produit Altman : Welcome to Los Angeles (Welcome to L. A., 1977) et Tu ne m'oublieras pas (Remember My Name, 1978) qui séduisent par un ton très personnel, raffiné et désenchanté, et par la place accordée à la musique. Une carrière éclectique voit se succéder la comédie loufoque Roadie (1980), le « thriller polémique » Mystère à Buffalo (Endangered Species, 1982), le documentaire À double tranchant (Return Engagement, 1983), la « comédie des apparences » : les Modernes (The Moderns, 1988) et la comédie poursuite l'Amour poursuite (Love at Large, 1990). On retrouve le goût du blues, la vie nocturne de personnages à la dérive, le maniérisme du décor et de l'éclairage, dans Choose Me (id., 1984) et Wanda's Café (Trouble in Mind, 1985). Si l'interprète de prédilection de Rudolph est Keith Carradine, insaisissable à souhait, on retiendra aussi d'attachants portraits féminins en camaïeu (Geraldine Chaplin, Geneviève Bujold). En 1991, avec Pensées mortelles (Mortal Thoughts), thriller assez modeste mais réussi, aux mesures de Demi Moore et produit par elle, il semble rentrer dans le système qu'il a jusqu'alors si soigneusement évité. Ce compromis n'aura pas de suite, car Mrs. Parker et le cercle vicieux (Mrs. Parker and the Vicious Circle, 1994) s'attache à nouveau à un portrait féminin exceptionnel (Dorothy Parker) dans un contexte exceptionnel (la mythique « round table » de l'Hôtel Algonquin, rendez-vous des intellectuels new-yorkais de l'entre-deux-guerres) : il y renoue avec la mélancolie et le « blues » qui lui sont propres. Par contre il semble maintenant s'orienter vers la satire parfois grossière, un ton qui ne lui convient guère (Breakfast of Champions, id., 1998).

Autres films :

Premonition (1972), Song-writer (1984), Bienvenue au Paradis (Made in Heaven, 1987), Afterglow (L'Amour... et après, 1997).

RUFUS (Jacques Narcy, dit)

acteur français (Riom, Puy de Dôme, 1942).

Issu du café-théâtre, il trouve quelques emplois au cinéma dès 1967 en compagnie d'acteurs et de chanteurs de même origine et on le retrouvera plus tard aux côtés de Romain Bouteille dans Au long de rivière Fango (Sotha, 1974). Dans l'intervalle, il est apparu dans des films destinés au grand public comme Fantasia chez les ploucs (G. Pirès, 1970) et dans des productions plus originales comme les Camisards (R. Allio, 1971) ou Valparaiso, Valparaiso (Pascal Aubier, 1972). On lui confie des premiers rôles dans des films aussi différents que Mariage de Lelouch et surtout Lily, aime-moi de M. Dugowson, où ses qualités de naturel rustique et de tendresse sous un masque dur font merveille. Malgré le prestige acquis grâce à ces films et des seconds rôles chez Tanner et Polanski, sa carrière à l'écran connaît une éclipse – alors que le théâtre l'occupe parallèlement dans ses propres créations. Il retrouvera des rôles intéressants, incarnant des personnages insolites, excessifs, décalés, inquiétants, notamment dans les Misérables de Lelouch (rôle de Thénardier, 1995) et chez Jean-Pierre Jeunet : Delicatessen (1991), la Cité des enfants perdus (1995). Il a été de la malheureuse aventure du Radeau de la Méduse d'Iradj Azimi, qui n'est sorti qu'en 1998, plusieurs années après le tournage – mais la même année, il intervient au premier plan dans Train de vie de Radu Mihaileanu. Il participe ensuite au succès du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, de J.-P. Jeunet (2001).

RUGGERI (Ruggero)

acteur italien (Fano 1871 - Milan 1953).

Monstre sacré de la scène italienne, Ruggeri est jeune premier dès 1888. Au cours d'une vie consacrée au théâtre, il interprète un très vaste répertoire. Grand, le visage un peu sévère, il ne rencontre pas au cinéma le même succès. Après quelques films tournés au temps du muet sous la direction de Guazzoni, Oxilia, Rodolfi, Genina, Palermi, on le retrouve à partir de 1934 dans des œuvres assez peu marquantes (Quella vecchia canaglie, Carlo Ludovico Bragaglia, 1934 ; La vedova, Goffredo Alessandrini, 1939 ; le Père Lebonnard, Jean De Limur, id. ; La gerla di papà Martin, Mario Bonnard, 1940 ; Sant'Elena, piccola isola, Renato Simoni, 1943).

RUGGLES (Charles)

acteur américain (Los Angeles, Ca., 1886 - Santa Monica, Ca., 1970).

Délectable acteur de composition, spécialiste des rôles de bourgeois timoré écrasé par des épouses envahissantes et autoritaires, chacune de ses silhouettes est précise, attendrissante et brillante à la fois. Dans une carrière qui prend son essor vers 1923, on peut isoler un soupirant calamiteux (Une heure près de vous, G. Cukor et E. Lubitsch, 1932), un milliardaire inculte (l'Extravagant M. Ruggles, L. McCarey, 1935) et un savant spécialiste en cris d'animaux (l'Impossible M. Bébé, H. Hawks, 1938). Après s'être interrompue dans les années 50, sa carrière reprend dans les années 60 et se poursuit jusqu'à sa mort, spécialement pour les productions Walt Disney.

RUGGLES (Wesley)

cinéaste américain (Los Angeles, Ca., 1889 - Santa Monica, Ca., 1972).

Frère du comédien Charles Ruggles, il apparaît au cinéma dans plusieurs burlesques, comme Keystone Cop ou comme l'un des partenaires de Charlie Chaplin de 1914 à 1918. Il passe derrière la caméra en 1917, dirige notamment Louise Glaum dans Leopard Woman (1920), Rudolph Valentino dans Uncharted Seas (1921), Clara Bow dans The Plastic Age (1925). Bon artisan, il est à l'aise dans la comédie et les divertissements piquants : Je ne suis pas un ange (I'm No Angel, 1933, avec Mae West), Aller et retour (The Gilded Lily, 1935), The Bride Comes Home (1935), À Paris tous les trois (I Met Him in Paris, 1937), ces trois films avec Claudette Colbert, la Folle Confession (True Confession, id., avec Carole Lombard). Mais il aborde également avec un certain bonheur le mélodrame (Un mauvais garçon [No Man of Her Own], 1932 ; Bolero, 1934 ; Valiant Is the Word for Carrie) et le western (Cimarron, 1931 ; Arizona, 1941).