DURBIN (Edna Mae Durbin, dite Deanna)
actrice américaine (Winnipeg, Manitoba, Canada, 1921).
Sa voix de soprano, précocement assurée, lui vaut de devenir dès 1937 (Deanna et ses boys [100 Men and a Girl], H. Koster) une des stars-enfants les plus populaires. À mesure qu'elle grandit, d'autres films, souvent réalisés par Koster, produits par Joe Pasternak et écrits par Felix Jackson, qu'elle allait épouser, exploitent sa voix et son charme sirupeux. Devenue adulte, Deanna Durbin a du mal à garder sa popularité. Des escapades, pourtant réussies, dans la comédie sophistiquée (la Sœur de son valet, F. Borzage, 1943) ou dans le drame noir (Vacances de Noël, de Robert Siodmak, en 1944, où elle est excellente en entraîneuse douloureuse) restèrent sans lendemain. Sage, et très riche, elle se retira donc.
DURYEA (Dan)
acteur américain (White Plains, N. Y., 1907 - Los Angeles, Ca., 1968).
Acteur de théâtre (1935), il débute en vedette à l'écran dans l'adaptation de la Vipère (W. Wyler, 1941) et devra sa célébrité à trois emplois, face à Edgar G. Robinson, chez Fritz Lang, le maître chanteur de la Femme au portrait, l'espion nazi d'Espions sur la Tamise (1944), et l'un des amants de Joan Bennet dans la Rue rouge (1945). Son allure à la fois fragile et fascinante le cantonne dans ces rôles de « vilains » ambigus, qu'il sait adapter au western et à l'aventure comme au policier (Pour toi j'ai tué, R. Siodmak, 1949 ; Winchester 73, A. Mann, 1950 ; le Port des passions, id., 1953 ; Alerte à Singapour, R. Aldrich, 1954 ; Quatre Étranges Cavaliers, A. Dwan, id. ; la Muraille d'or, J. Pevney, 1955 ; le Cambrioleur, P. Wendkos, 1957). Sa prolifique carrière de névrosé souvent assassin décline après 1960 (Platinum High School, Charles Haas, 1960).
DUSE (Eleonora)
actrice italienne (Vigevano 1858 - Pittsburg, Pa., US., 1924).
Grande actrice du théâtre italien, figure mythique à l'instar d'une Sarah Bernhardt, Eleonora Duse monte sur les planches dès l'âge de quinze ans. Après des années difficiles elle devient à partir de 1880 une actrice dont la renommée s'étend à l'Europe et même aux Amériques. Son répertoire, qui va de Shakespeare au théâtre français du XIXe siècle, comprend également des œuvres de Verga, Ibsen et surtout D'Annunzio, qui écrit spécialement pour elle plusieurs de ses pièces. De 1909 à 1921, elle abandonne le théâtre. C'est pendant cette période qu'elle connaît son unique expérience cinématographique. Les producteurs Arturo Ambrosio et Giuseppe Barattolo décident de faire appel à de grands noms du théâtre. Eleonora Duse accepte la proposition et suggère une adaptation d'un roman de Grazia Deledda, Cenere. Le film est réalisé en 1916 par Febo Mari à partir d'un scénario écrit par le metteur en scène et par la Duse elle-même. Le résultat, inégal, vaut surtout par une interprétation exceptionnelle, très rare en son temps, toute de retenue, où le moindre geste prend une valeur exemplaire et où l'économie des moyens confine à l'ascétisme.
DUSSOLLIER (André)
acteur français (Annecy 1946).
Ancien élève du Conservatoire, il devient pensionnaire de la Comédie-Française en 1972. Son physique élégant, son charme subtil et son jeu retenu le destinent naturellement à des rôles de jeune premier ou de séducteur. Il débute au cinéma avec François Truffaut (Une belle fille comme moi, 1982). Tout en menant parallèlement une carrière théâtrale, il fait preuve d'une grande exigence dans le choix des films qu'il interprète. Il tourne notamment avec Éric Rohmer (Perceval le Gallois, 1978 ; le Beau Mariage, 1982), Jacques Bral (Extérieur nuit, 1980), Jacques Rivette (l'Amour par terre, 1984), Pascal Kané (Liberty Belle, 1983), Alain Resnais (La vie est un roman, 1983 ; l'Amour à mort, 1984 ; Mélo, 1986 ; On connaît la chanson, 1997), Coline Serreau (Trois Hommes et un couffin, 1985), Marguerite Duras (les Enfants, id.), Francis Girod (l'Enfance de l'art, 1988), Élisabeth Rappeneau (Fréquence meurtre, id.), José Giovanni (Mon ami le traître, id.), Laurent Perrin (Sushi Express, 1990), Claude Sautet (Un cœur en hiver, 1992), Élie Chouraqui (les Marmottes, 1993), Michel Deville (Aux petits bonheurs, id.), Y. Robert (Montparnasse-Pondichéry, 1994), Yves Angelo (le Colonel Chabert, id.), Étienne Chatiliez (Tanguy, 2001).
DUTILLEUX (Henri)
compositeur français (Angers 1916).
Après des études au Conservatoire à Paris (1933), il obtient le prix de Rome en 1938. Depuis la guerre, il a été chef de chant à l'Opéra et chef du service des illustrations musicales à la Radiodiffusion française. Auteur de mélodies, de suites, de symphonies et d'un ballet, connu pour ses Métaboles, il a également écrit la musique d'un certain nombre de films, dont : la Fille du diable (H. Decoin, 1946), Six Heures à perdre (A Joffé et J. Levitte, 1947), le Café du Cadran (Jean Gehret, 1947), le Crime des justes (id., 1950), l'Amour d'une femme (J. Grémillon, 1954).
DUTRONC (Jacques)
chanteur et acteur français (Paris 1943).
Il impose ses chansons provocatrices au milieu des années 60 et débute au cinéma en 1973 avec Antoine et Sébastien de Jean-Marie Périer. Il excelle à exprimer une fragilité rêveuse sous des dehors assurés et interprète entre autres l'Important, c'est d'aimer (A. Zulawski, 1975), Mado (C. Sautet, 1976), Violette et François (J. Rouffio, id.), le Bon et les méchants (C. Lelouch, 1977), l'État sauvage (F. Girod, 1978), Sale Rêveur (J.-M. Périer, id.), Retour à la bien-aimée (J.-F. Adam, 1979), Sauve qui peut (la vie) [J.-L. Godard, 1980], Tricheurs (B. Schroeder, 1984), Mes nuits sont plus belles que vos jours (Zulawski, 1989), Van Gogh (M. Pialat, 1991 ; rôle-titre), Toutes peines confondues (M. Deville, 1992), le Maître des éléphants (Patrick Grandperret, 1995), Merci pour le chocolat (Claude Chabrol, 2000).
DUTT (Guru)
cinéaste indien (Bangalore, Mysore, 1925 - Bombay, Maharashtra, 1964).
Il est étudiant à l'académie d'Art d'Uday Shankar avant de se tourner vers le cinéma. Entre 1945 et 1964, il réalise huit films (dont cinq qu'il interprète lui-même), en produit trois et apparaît comme acteur dans plusieurs longs métrages (notamment dans ‘ la Lune du quatorzième jour ’ [Chaudvin Ka Chand], de M. Sadiq, 1960). Il aborde des genres divers, le film d'aventures (le Faucon [Baazi], 1951), la comédie (Mr. and Mrs. 55, 1955) avant de donner, avec l'Assoiffé (Pyaasa, 1957), une œuvre remarquable : les amours d'un poète obscur et d'une prostituée constituent un mélodrame poignant qui rencontra un immense succès. Fleurs de papier (Kaagaz Ke Phool, 1959), premier film indien en CinémaScope, fut un échec. L'ascension d'un cinéaste, son amour malheureux pour une jeune actrice et sa chute se voulaient une réflexion sur le cinéma dévoreur d'êtres et de talents. ‘Le Maître, la Maîtresse et l'Esclave’ (Sahib Bibi Aur Ghulam, 1962), bien que réalisé par Abrar Alvi, peut être porté au crédit de Guru Dutt, qui l'a produit et en a surveillé la réalisation de près. Ce film analyse la décadence des grands propriétaires du Bengale à la fin du XIXe siècle. Guru Dutt joue le rôle principal de ces trois films. Sensible et doué d'un vif sens musical, il atteint une rare qualité d'émotion, notamment par l'intégration habile des chansons. Inquiet, voire tourmenté, il marque ses films d'un pessimisme qui développe sa fascination de la mort. (Il se suicide en 1964.)