Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
A

AUDIARD (Michel) (suite)

Audiard, qui a exercé de nombreux métiers (coureur cycliste, soudeur à l'arc, opticien, porteur de journaux, journaliste) avant de débuter au cinéma (comme scénariste-dialoguiste de Mission à Tanger d'André Hunebelle en 1949), se prétend « orfèvre en imbécillité » et justifie ses dialogues par une connaissance directe du parler contemporain acquise dans les rues de Paris ou au zinc des bistrots : « Le métier de dialoguiste ne s'apprend pas. La réussite vient peut-être de savoir écouter les gens. Le dialogue est une espèce de vérité des mots à l'intérieur d'une situation. » En réalité, sa culture littéraire est solide, la filiation qui le relie à Céline est incontestable, et il est sans doute moins innocent qu'il n'aime le paraître  : volontiers conservateur, pessimiste, on l'a dit « anarchiste de droite », et on l'a vu prendre des positions publiques résolument réactionnaires.

Outre les quelque 120 films qu'il a dialogués, notamment pour Gilles Grangier (Gas-Oil, 1955), Denys de La Patellière (les Grandes Familles, 1958 ; Un taxi pour Tobrouk, 1961), Henri Verneuil (Un singe en hiver, 1962 ; Mélodie en sous-sol, 1963 ; le Corps de mon ennemi, 1976 ; les Morfalous, 1984), Georges Lautner (les Barbouzes, 1965 ; le Professionnel, 1981), Philippe de Broca (l'Incorrigible, 1975 ; Tendre Poulet, 1978 ; le Cavaleur, 1979), Robert Enrico (Pile ou Face, 1980), Claude Miller (Garde à vue, 1981 ; Mortelle Randonnée, 1983) ou Yves Boisset (Canicule, 1984), Michel Audiard réalise neuf films entre 1968 et 1974. Le choix des titres (Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages en 1968, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause en 1970, Comment réussir dans la vie quand on est con et pleurnichard en 1974) situe l'ambition de huit d'entre eux : des comédies à la fois faciles et vulgaires qui visent, et atteignent, le public populaire au point d'être parmi les films les plus fréquemment repris à la télévision nationale. Le neuvième, Vive la France ! (1974), est un pamphlet associant des documents d'archives à un commentaire polémique, film sans doute personnel, mais anachronique dans sa démarche et son propos, antigaulliste après la mort de G. Pompidou, et qui n'eut pas de succès.

Michel Audiard était également romancier.

AUDIARD (Jacques)

scénariste et cinéaste français (Paris 1950).

Fils du scénariste Michel Audiard *, il est tout d'abord associé aux travaux de son père, puis il prend progressivement son autonomie, collaborant avec des jeunes cinéastes tels que Bruno Bayen (Swing troubadour, 1980), Gérard Mordillat (Vive la sociale, 1983) ou Édouard Niermans (Poussière d'ange, 1986). L'adaptation d'un roman policier pour Claude Miller (Mortelle Randonnée, 1982), bien que cosignée par Michel Audiard, laisse apparaître des caractéristiques que l'on retrouvera dans son premier film de réalisateur douze ans plus tard. Il est encore en 1985-1992 scénariste pour Denys Granier-Deferre, Josiane Balasko, Ariel Zeitoun, Élisabeth Rappeneau, ainsi que pour Jean-Jacques Andrien (Australia), et Jérôme Boivin (Baxter et Confessions d'un barjo). En 1994, il présente avec succès son premier film écrit et réalisé d'après un roman policier retraité de manière très personnelle : Regarde les hommes tomber. En 1996, il écrit et réalise Un héros très discret, porté par la même ambiguïté thématique, la même densité narrative, mais dans un contexte très différent évoquant l'immédiate après-guerre.

AUDIO (du latin audio, j'entends).

Se dit des bandes magnétiques, ou des cassettes, conçues pour l'enregistrement des sons et non pour l'enregistrement des images.

AUDITORIUM.

Studio insonorisé et traité acoustiquement destiné soit à l'enregistrement (voix, bruitages, musiques) soit au mixage des bandes son des films ou programmes audiovisuels.

L'acoustique des auditoriums de mixage film doit permettre de simuler l'écoute dans une salle de cinéma.

AUDRAN (Colette Dacheville, dite Stéphane)

actrice française (Versailles 1932).

Élève de Tania Balachova et Michel Vitold, découverte par Claude Chabrol, elle tient un petit rôle dans les Cousins (1959) avant de se révéler dans les Bonnes Femmes (1960) puis de paraître en vedette dans une quinzaine de films de ce réalisateur, devenu son mari ; on retiendra ses prestations dans les Biches (1968), la Femme infidèle (1969), le Boucher (1970), les Noces rouges (1973), Violette Nozière (1978), le Sang des autres (1984), Poulet au vinaigre (1985) ou Betty (1992) où, grâce à la qualité de son jeu, elle met beaucoup d'intelligence et une séduction un peu froide, dure et distante. Elle a tourné aussi avec Buñuel (le Charme discret de la bourgeoisie, 1972), Sautet (Vincent, François, Paul et les autres, 1974), Fuller (Au-delà de la gloire, 1979), Kast (le Soleil en face, 1980), Tavernier (Coup de torchon, 1981), Gabriel Axel, qui lui offre un superbe rôle dans le Festin de Babette (1987), et Alexandre Rockwell (Sons, 1989).

AUDRY (Jacqueline)

cinéaste française (Orange 1908 - Poissy 1977).

Longtemps scripte puis assistante (de Pabst, Delannoy, Lacombe et Ophuls), elle réalise en 1943 son premier court métrage, les Chevaux du Vercors, et en 1945 son premier long métrage (les Malheurs de Sophie). Ses adaptations d'Olivia (Olivia, 1951) et des romans de Colette (Gigi, 1949 ; Minne, l'Ingénue libertine, 1950 ; Mitsou, 1956), qui sont la meilleure part de son œuvre, témoignent plus d'une sensibilité décorative qui sacrifie à la mode Belle Époque des années 50 que d'une personnalité affirmée. Après la Caraque blonde (1953), elle adapte Huis clos de Jean-Paul Sartre (en 1954), tourne la Garçonne (1957), l'École des cocottes (1958), le Secret du chevalier d'Éon (1960), les Petits Matins (1962), la pièce Soledad de sa sœur Colette Audry sous le titre Fruits amers (1967) et le Lis de mer (d'après A. Pieyre de Mandiargues, 1969). La plupart de ses films sont dialogués par Pierre Laroche, son mari.

AUER (Mischa Ounskovski, dit Mischa)

acteur américain d'origine russe (Saint-Pétersbourg 1905 - Rome, Italie, 1967).

Acteur de théâtre assez obscur, il débute à l'écran en 1928 et révèle ses dons comiques au cours des années 30 : My Man Godfrey (G. La Cava, 1936), Vous ne l'emporterez pas avec vous (F. Capra, 1938). Il allait dès lors faire merveille dans des compositions bouffonnes et excentriques, dont se détachent le faux faux prince russe d'Hellzapoppin (H. C. Potter, 1941) et le dresseur de puces de Mr. Arkadin (O. Welles, 1955). Il est mort en Europe, où, depuis 1949 (Au diable la célébrité !, film de Steno et Monicelli dont il est la vedette), sa silhouette famélique et ses yeux exorbités étaient devenus assez familiers. Il a tourné au total dans près de soixante films de très inégale valeur, mais où ses apparitions (à partir de 1937) sont inoubliées.