cinéaste britannique (Londres 1902 - id. 1968).
Ce fils d'un ancien Premier ministre (son père, lord Herbert Asquith, a tenu les rênes du gouvernement de 1908 à 1916) est britannique jusqu'à la caricature. Les photos nous le montrent fin, élégant et aristocratique. Ses films nous le font imaginer tranquille et flegmatique. Il est sans doute quelque peu responsable de la réputation de grisaille qui fut pendant longtemps celle du cinéma anglais. L'esthétisme gracieux de ses films muets (Un cottage à Dartmoor, 1930 ; Tell England, 1931) est mesuré et méticuleux. Mais il dissipera ces tendances pour préférer un éclectisme qui est peut-être un manque de personnalité. Non qu'il n'y ait rien de bon dans sa filmographie. Mais il n'y a rien de solide ni de consistant, et l'on trouve souvent de bonnes raisons de faire partager ses réussites par quelqu'un d'autre : par exemple Pygmalion (1938), son meilleur film, est avant tout de George Bernard Shaw (l'auteur de la pièce), de Leslie Howard (qui cosigna la mise en scène) et de Wendy Hiller (l'actrice principale). Asquith ne semble qu'avoir installé la caméra bien en face des acteurs, pour leur permettre de rendre hommage à un texte exceptionnel. Après tout, grâces lui soient rendues pour ce manque de prétention. Car cette réserve, proche parfois de la somnolence, n'entame en rien le charme suranné de l'Écurie Watson (1939), de l'Étranger (1943), de l'Homme fatal (1944), de Winslow contre le roi (1948), de la Femme en question (1950), de Il importe d'être constant (1951) ou de Doctor's Dilemma (1959), où brillent Laurence Olivier, Michael Redgrave, Robert Donat, James Mason ou Dirk Bogarde. Accordons, pour être honnête, un peu plus d'attention à la solide et judicieusement grise adaptation de Terence Rattigan, l'Ombre d'un homme (1951), où Michael Redgrave trouve son meilleur rôle, et reconnaissons aussi que le chaos psychanalytique de La nuit est mon ennemie (1959) accroche l'attention. Mais préservons dans un silence pudique ses derniers films où même son élégance semble s'être évanouie.
Films :
Shooting Stars (CO A. V. Bramble, 1928) ; Un cri dans le métro (Underground, id.) ; The Runaway Princess (1929) ; Un cottage à Dartmoor (A Cottage on Dartmoor, 1930) ; Tell England (CO Geoffrey Barkas, 1931) ; Dance, Pretty Lady (id.) ; Lucky Number (1933) ; la Symphonie inachevée (Unfinished Symphony, 1934, vers. britann. du film de Willi Forst : Leise flehen meine Lieder) ; Moscow Nights (1935, vers. britann. du film franç. d'A. Granowsky : Nuits moscovites) ; Pygmalion (CO Leslie Howard, 1938) ; l'Écurie Watson (French Without Tears, 1939) ; Freedom Radio / The Voice in the Night (1940) ; Quiet Wedding (id.) ; Cottage to Let (1941) ; Uncensored (1942) ; l'Étranger (The Demi-Paradise / Adventure for Two, 1943) ; Plongée à l'aube (We Dive at Dawn, id.) ; Welcome to Britain (CO Burgess Meredith, id.) ; Two Fathers (1944) ; l'Homme fatal (Fanny by Gaslight / Man of Evil, id.) ; le Chemin des étoiles (The Way to the Stars/Johnny in the Clouds, 1945) ; While the Sun Shines (1947) ; Winslow contre le roi (The Winslow Boy, 1948) ; la Femme en question (The Woman in Question / Five Angles on Murder, 1950) ; l'Ombre d'un homme (The Browning Version, 1951) ; Il importe d'être constant (The Importance of Being Earnest, 1952) ; The Net / Project M-7 (1953) ; The Final Test (id.) ; Évasion (The Young Lovers / Chance Meeting, 1954) ; Carrington V. C. / Court-Martial (id.) ; Ordre de tuer (Orders to Kill, 1958) ; The Doctor's Dilemma (1959) ; La nuit est mon ennemie (Libel, id.) ; les Dessous de la millionnaire (The Millionairess, 1960) ; Two Living, One Dead (1961) ; Sept Heures avant la frontière (Guns of Darkness, 1962) ; Hôtel International (The V. I. P's, 1963) ; An Evening With the Royal Ballet (CO Anthony Havelock Allan, id.) ; la Rolls-Royce jaune (The Yellow Rolls-Royce, 1964).