PATHÉ (Charles) (suite)
Charles Pathé meurt le jour de Noël 1957, l'âme en paix et son prestige intact. À cet homme industrieux et, au fond, pas si naïf, qui sut presque toujours retomber sur ses pieds, on doit bien d'autres initiatives : ainsi le coloriage des films au pochoir, dès les premières années du siècle (système Pathécolor) ; le lancement de formats substandards, qui témoigne d'une véritable politique de décentralisation de l'industrie filmique (Pathé-Kok, Pathé-Baby, Pathé-Rural) ; l'édification des studios de Joinville (1925) et de nombreuses salles, à Paris et en province (la plupart fonctionnent encore) ; l'extension du secteur phonographique (Pathé-Marconi) ; enfin, une « étude sur l'évolution de l'industrie cinématographique destinée aux auteurs, scénaristes, metteurs en scène, opérateurs et artistes », publiée sous sa direction en 1918 et qui révèle une singulière largeur de vues chez cet autodidacte. En bref, une parfaite connaissance du cinéma, art autant qu'industrie. On ne peut que souscrire au jugement d'Henri Langlois, selon lequel « ce grand pionnier ne fut pas seulement un bâtisseur de salles, un stratège financier, mais sut prendre part aux côtés de Zecca à la politique artistique qui nous mène de l'Histoire d'un crime à Cœur fidèle ».