Les premières projections publiques ont lieu à Lima le 2 janvier 1897 (avec le Vitascope d'Edison) et le 2 février de la même année (avec le cinématographe Lumière). Les premiers tournages connus datent de 1899 et la première salle destinée au cinéma est inaugurée en 1909, toujours à Lima. La comédie Negocio al agua (Federico Blume, 1913) constitue l'incursion initiale dans la fiction, et Luis Pardo (Enrique Cornejo Villanueva, 1927), le premier long métrage sorti. Vers la fin du muet, le Chilien Alberto Santana tourne plusieurs mélodrames. Son film Resaca (1934) introduit le parlant. À partir de La bailarina loca (Ricardo Villarán, 1937), la maison de production Amauta Films favorise un court essor, plus ou moins inspiré par le cinéma mexicain. Un autre Chilien, Sigifredo Salas, met en scène des films imprégnés de la couleur locale des faubourgs et du folklore musical (Gallo de mi galpón, El guapo del pueblo, Palomillas del Rímac, tous trois en 1938).
Cette effervescence ne survit pas à la guerre mondiale ; l'impôt prélevé sur les entrées, institué à l'époque par le gouvernement Prado, alimente uniquement la routine des actualités. Les années 50 voient se développer des ciné-clubs, animés en particulier par des catholiques. Celui de Cuzco donne lieu à un courant documentaire tourné vers l'univers indigène (Carnaval de Kanas, Víctor et Manuel Chambi, 1956), courant qui essaye d'intégrer des éléments de fiction et la langue quechua (Kukuli, Eulogio Nishiyama, Luis Figueroa et César Villanueva, 1960). La cinéphilie se développe autour de l'importante revue Hablemos de Cine (1962-1986). Seul Armando Robles Godoy (En la selva no hay estrellas, 1967 ; La muralla verde, 1970) se détache alors d'une faible production commerciale marquée par l'avènement de la télévision (1958). Le gouvernement réformiste militaire du général Velasco Alvarado promulgue une loi d'encouragement à l'industrie cinématographique (1972), bientôt suivie par une prolifération de courts métrages. À la fin de la décennie, avec le passage au long métrage, s'amorce un cinéma aux ambitions artistiques et à la sensibilité sociale.
L'indigéniste Figueroa emprunte des références littéraires (Los perros hambrientos, 1976 ; Yawar Fiesta, 1986). Plus politique, Federico García est également attaché au monde andin (Kuntur Wachana, 1977 ; El caso Huayanay, 1981 ; Tupac Amaru, 1984).
L'univers urbain s'avère plus nuancé, du moins dans les films de Francisco Lombardi* (Maruja en el infierno, 1983). Le groupe Chaski (Alejandro Legaspi, Fernando Espinoza, Stefan Kaspar) décrit les enfants des rues (Gregorio, 1984 ; Juliana, 1989), tandis qu'Alberto Durant aborde d'autres déchirures (Alias La Gringa, 1991 ; Coraje, 1998).