HONG SHEN
dramaturge, scénariste, cinéaste et critique chinois (Changzhou, Jiangsu, 1894 – Pékin 1955).
Diplômé de l'université Qinhua de Pékin, en 1946, il part aux États-Unis, où il étudie la céramique à l'université d'Ohio, puis le théâtre et la littérature à Harvard. De retour en Chine, il se passionne pour le théâtre et le cinéma. À partir de 1925, il travaille pour la Mingxing, écrivant chaque année jusqu'à la guerre un ou deux scénarios dont il assure souvent la réalisation parallèlement à son importante activité de critique du cinéma chinois et étranger. En 1931, il écrit ‘ la Cantatrice Pivoine-Rouge ’ (Genü Hong mudan), premier film sonore chinois réalisé par la Mingxing avec la collaboration de Pathé. Ensuite, il est envoyé aux États-Unis pour un voyage éclair : il en rapporte du matériel et quinze techniciens pour la réalisation d'un film parlant, ‘ la Splendeur de l'ancien Pékin ’ (Jiushi jinhua, 1931), de Zhang Shichuan. En 1933, il adapte et réalise ‘ Larmes de sang ’ (Tieban honglei lu), considéré comme son chef-d'œuvre. En 1936, il écrit le scénario de ‘ Shanghai d'hier et d'aujourd'hui ’ (Xinjiu Shanghai), de Shi Dongshan. Il se replie en 1937 sur Hankou puis sur Chongqing et se consacre principalement au théâtre. Après 1945, il enseigne le théâtre et le cinéma à Shanghai. En 1948, il réalise, avec Zheng Xiaoqiu, ‘ Fragilité, ton nom est femme ’ (Ruozhe ni de mingzi shi nüren) et ‘ le Chant du coq au petit matin ’ (Jiming zao kan tian). Après 1949, Hong Shen exerce des responsabilités à la direction des Affaires culturelles. On le reconnaît comme un pionnier du cinéma et du théâtre modernes en Chine, très influencé à ses débuts par l'œuvre de Lubitsch.
HONG KONG.
Colonie de la Couronne britannique, restituée à la Chine en 1997. Le cinéma s'y développe très tôt, puisque, dès 1909, la compagnie Asia Film de Benjamin Brodsky y produit deux films mis en scène par Liang Shaobo, que l'on retrouve aux côtés de Li Mingwei* lorsque celui-ci fonde avec ses deux frères la compagnie Huamei (sino-américaine) et réalise Zhuangzi met son épouse à l'épreuve (Zhuangzi shi qi, Li Mingwei, 1913). En 1923, Li Mingwei fonde la compagnie Minxin (Peuple nouveau) et réalise à Canton une série de films d'actualité sur les activités du Kuomintang et de son président Sun Yat-sen. La Minxin réalise un film de fiction à Hong Kong : Rouge (Yanzhi, Li Beihai, Li Mingwei, 1925), avant de déménager à Shanghai en 1926. En 1930, Luo Mingyou, jeune capitaliste né à Hong Kong, à la tête d'un réseau de salles de cinéma en Chine du Nord, s'associe avec Li Mingwei pour fonder à Shanghai la compagnie Lianhua, dont la filiale de Hong Kong doit servir de tête de ligne pour la diffusion des films en Asie du Sud-Est.
C'est l'époque où le cinéma de Hong Kong prend son essor. Son succès est fondé sur une importante production de films de divertissement en cantonais et autres dialectes du sud de la Chine (Hakka, Chaozhou, Minnan). En 1937, on compte 80 films produits par les compagnies locales ou par les filiales de compagnies de Shanghai comme la Lianhua et la Tianyi, dont le président Shao Zuiweng réalise White Gold Dragon (Bai Jinlong, 1933), d'après un opéra cantonais. C'est l'immense succès de ce film qui le pousse à s'installer à Hong Kong en 1934 pour y produire des films cantonais. En 1936, la compagnie est réorganisée par son frère cadet Shao Cunren (Runde Shaw), rappelé de Singapour, et prend le nom de Nanyang. Après une interruption due à la guerre, elle redémarre en 1950 sous le nom de Shaws and Sons et devient, douze ans plus tard, sous l'impulsion du troisième frère, Shao Yifu (Run Run Shaw), la Shaw Brothers.
À partir d'août 1937, la colonie sert de refuge à de célèbres personnalités du cinéma de Shanghai, comme Xia Yan*, Cai Chusheng*, Situ Huimin*, etc. Ces cinéastes « progressistes » dénoncent le « bas » niveau des productions locales et prônent un cinéma engagé. Mais, avant même que la guerre soit officiellement déclarée, dès 1936, le cinéma de Hong Kong s'était mobilisé pour dénoncer l'agression japonaise en réalisant L'heure est grave (Zuihou guantou, 1937), œuvre collective des grands studios de la colonie. L'arrivée des émigrés renforce l'esprit de résistance, avec des films comme Le sang éclabousse la ville de Baoshan (Xue qian Baoshan cheng, Situ Huimin, 1938) ; le Paradis de l'île orpheline (Gudao tiantang, Cai Chusheng, 1938) ; la Marche des partisans (Youji jinxing qu, Situ Huimin, 1938) ; le Pays natal dans les nuages (Baiyun guxiang, id., 1940). Après l'attaque de Pearl Harbor, en décembre 1941, Hong Kong est occupée pendant trois ans et huit mois par les Japonais.
Dès la victoire de 1945, le cinéma redémarre rapidement. Il est revitalisé par l'arrivée de nombreux cinéastes de Shanghai, qui établissent deux importantes compagnies spécialisées dans la production de films en mandarin : en 1946, la Da Zhonghua de Jiang Boying et, en 1948, la Yonghua de Zhang Shankun. Elles produisent de nombreux chefs-d'œuvre signés par des réalisateurs, qui, pour la plupart, étaient déjà célèbres dans les années 30 : Zhu Shilin*, Li Pingqian*, Yue Feng, Cheng Bugao*, Bu Wancang* et d'autres, plus jeunes, comme Wu Zuguang, Cen Fan, etc.
En 1949, le tournage du premier épisode de la série de Wong Fei-Hung, L'histoire de Wong Fei-Hung (Hu Peng), interprété par Kwan Tak-Hing, popularise le kung-fu au cinéma. La même année, Zhang Shankun fonde la Great Wall, qu'il abandonne en 1950 pour établir la Xinhua (Hong Kong) perpétuant pendant encore quelques années le style qui avait fait le succès de cette compagnie à Shanghai, tandis que la Great Wall devient la principale compagnie « de gauche » de Hong Kong. Au fil des années, un certain nombre d'émigrés retournent sur le continent et, petit à petit, le cinéma de Hong Kong retrouve son goût pour les films de divertissement, en mandarin comme en cantonais.
Un nouveau tournant est pris au début des années 60, lorsque les Shaw Brothers établissent leurs nouveaux studios à Clear Water Bay. Incapables de soutenir la concurrence, de nombreuses compagnies sont alors obligées de fermer, tandis que le cinéma de Hong Kong perd la diversité qui le caractérisait et devient plus ouvertement commercial. En même temps, les goûts changent : les comédies musicales remplacent les mélodrames des années 50. A la fin des années 60, lors de la vogue des films de cape et d'épée (wu xia pian) en mandarin, la Shaw Brothers, ayant sous contrat deux spécialistes du genre, Chang Cheh et King Hu, atteint son apogée. Mais elle se trouve en quelques années détrônée par la Golden Harvest, fondée par Raymond Chow, un ancien de la Shaw, qui découvre Bruce Lee en 1971.