KAMEI (Fumio)
cinéaste japonais (préf. de Fukushima 1908 - Tokyo 1987).
Après trois ans d'études à l'Institut cinématographique de Leningrad, il travaille dans diverses sections du PCL (Photo Chemical Laboratories), puis réalise en 1937 un film commandité par l'armée, Shanghai, qui montre la guerre sous un jour critique. Ayant récidivé avec ‘ les Soldats au combat ’ (Tatakau heishi, 1940), il est arrêté mais peut cependant tourner un documentaire sur l'écrivain Kobayashi Issa (1941). Après la guerre, Kamei s'impose comme un des meilleurs documentaristes nippons avec ‘ la Guerre et la Paix ’ (Senso to heiwa, 1947 ; CO : S. Yamamoto), dont il est contraint de couper une partie à cause de la censure américaine. Il poursuivra sa carrière avec des films sociaux « engagés », tels ‘ la Vie d'une femme ’ (Onna no issho, 1949) ; ‘ Une femme marche seule sur la terre ’ (Onna hitori daichi o iku, 1953) ou ‘ Tous les hommes sont des frères ! ’ (Ningen mina kyodai, 1960).
KAMENKA (Alexandre)
producteur français d'origine russe (Odessa 1888 - Paris 1969).
D'abord associé à Ermoliev, il fonda en 1922 la célèbre compagnie Albatros, qui produisit la plupart des films des « Russes blancs de Paris », émigrés en Europe après la révolution d'Octobre. La fière devise de la firme, qui avait investi les studios de Montreuil, était « Debout dans la tempête ! ». C'est sous son sigle que furent tournés les films interprétés par Ivan Mosjoukine et Nathalie Lissenko (le Brasier ardent ; Kean ; le Lion des Mogols), mais aussi Carmen et les Nouveaux Messieurs de Jacques Feyder ; Un chapeau de paille d'Italie et les Deux Timides de René Clair, et jusqu'aux Bas-Fonds de Jean Renoir. Ces œuvres de prestige allaient de pair avec des produits ouvertement commerciaux. Après la guerre, Kamenka produisit encore quelques films, dont les Frères Bouquinquant (L. Daquin, 1947) et Normandie-Niémen (J. Dréville, 1960). Son fils Sacha (né à Saint-Pétersbourg en 1910) a repris le flambeau.
KAMIL MURSI (Aḥmad)
cinéaste et critique égyptien (Le Caire 1909 - id. 1989).
Auteur de nombreux documentaires, il réalise de 1939 à 1955 dix-sept longs métrages de fiction dont il faut retenir le premier, ‘ le Retour à la terre ’ (Al-'Awda ila al-Rif, 1939), puis ‘ la Grande Maison ’ (al-Bayt al-kabir, 1948), mais surtout ‘ le Procureur général ’ (al-Na'ib al-amm, 1946). Critique averti et pondéré, il est un des premiers à tenter une Histoire du cinéma en Égypte (trois volumes des origines à nos jours) sur des bases sérieuses, qui n'a jamais été éditée jusqu'à ce jour ; il a publié en collaboration avec Magdi Wahba un Dictionnaire technique du cinéma trilingue (Mu'jam al-fann al-sinima‘ i, Le Caire, 1973) et des articles divers.
KAMLER (Piotr)
cinéaste français d'origine polonaise (Varsovie 1936).
Établi à Paris en 1959, il collabore au service des recherches de l'ORTF avec des musiciens comme Xenakis ou Ivo Malec et réalise plusieurs courts métrages expérimentaux. D'une invention insolite, épris de fantastique, de « géométrie musicale », il crée un monde très original et personnel dans ses œuvres d'animation (Reflets, 1962 ; la Planète verte, 1967 ; l'Araignéléphant, 1968 ; Labyrinthe, 1972 ; Délicieuse catastrophe, id ; Cœur de secours, 1973 ; le Pas, 1975). Son premier long métrage, Chronopolis (1983), est une synthèse particulièrement aboutie de ses recherches.
KAMMERSPIEL (en allemand, jeu de chambre ou théâtre de chambre, par analogie avec musique de chambre).
Cette expression, créée par Max Reinhardt pour désigner le théâtre intimiste valorisant la psychologie et l'atmosphère, a été appliquée par extension au courant du cinéma allemand apparu au début des années 20, parallèlement à l'expressionnisme, et dû à l'initiative du même homme, Carl Mayer, auteur des scénarios de la plupart des réussites du genre. Les caractéristiques essentielles du Kammerspiel sont l'importance donnée à l'analyse psychologique et à la critique sociale, l'intériorisation de l'action dans la violence des sentiments et des passions conduisant au meurtre ou au suicide, le petit nombre des personnages choisis parmi des types ordinaires et conçus comme des allégories, l'enfermement des personnages dans un huis clos souligné par l'utilisation de décors réalistes mais construits en studio, la valorisation de l'atmosphère (Stimmung) par le travail sur les lumières et les ombres, l'exploitation maximale de la sensibilité et de l'émotion (Gemüt), le respect rigoureux de la règle des trois unités (action, temps et lieu), la simplicité et la linéarité de l'action, dont le ressort essentiel est le Destin et qui permettent la limitation des intertitres. La première, et l'une des plus remarquables réalisations de ce courant, est le Rail de Lupu-Pick (1921), film qui comporte un seul intertitre : « Je suis un assassin ! » Lupu-Pick réussit en 1923 une autre gageure, la Nuit de la Saint-Sylvestre, dont l'action est ramassée en une heure. Autre maître du Kammerspiel, Leopold Jessner signe en 1921 l'Escalier de service (CO P. Leni) et en 1923 Loulou, première version de la pièce de Frank Wedekind. La chronique de la vie des petites gens a également inspiré la Rue de Karl Grüne (1923) et le Dernier des hommes de Murnau (1924), ultime chef-d'œuvre de ce courant esthétique. Il est important de noter que le scénario de ces six films est de Carl Mayer. Parmi les épigones, il faut compter Paul Czinner (À qui la faute ?, 1924), Joe May (la Tragédie de l'amour, 1923 ; Asphalte, 1929), Bruna Rahn (la Tragédie de la rue, 1927) et E. A. Dupont (Variétés, 1925).
KAMPERS (Friedrich Kampers, dit Fritz)
acteur allemand (Munich 1891 - Garmisch-Partenkirchen 1950).
Il mène des activités régulières au théâtre et tient des rôles très divers au cinéma, n'obtenant une grande notoriété qu'avec le parlant. Son nom est lié à quelques films réputés de gauche : Überflüssige Menschen (Alexandr Rasumny, 1926), Quatre de l'infanterie (rôle du Bavarois) et la Tragédie de la mine (rôle de Kasper) de Pabst (1930 et 1931), et divers films de Richard Oswald. Il participe aux genres cinématographiques qui caractérisent l'époque nazie (films musicaux, drames paysans, films historiques), sous un régime qui le proclame « acteur d'État ».