SARDOU (Fernand)
acteur français (Avignon 1910 - Toulon 1976).
Petit-fils de mime, fils du comique Valentin Sardou et de Madame, surnommée « Bagatelle », et qui fut partenaire de Maurice Chevalier, ayant lui-même sa descendance assurée en la personne d'un fils, Michel, chanteur à succès, Fernand Sardou poussa la romance dans bien des opérettes, la plus célèbre étant Pour Don Carlos (dont il est le coauteur). Il s'imposa comme « rondeur » dans un grand nombre de comédies méridionales, du type Au pays du soleil (M. de Canonge, 1951). Ses rares prestations « sérieuses », il les doit à Marcel Pagnol (le maire-cabaretier de Manon des sources, 1952), Henri-Georges Clouzot (un des sinistres Espions, 1957) et surtout Jean Renoir, pour lequel il fut le patriarche heureux du Déjeuner sur l'herbe (1959) et le bouleversant mari trompé du Petit Théâtre. Au total, près de cinquante films.
SARḤAN (Shukri)
acteur égyptien (Alexandrie 1925 - Le Caire 1997).
D'une belle stature, le visage expressif sans théâtralité, la voix chaude, il est une remarquable figure de la scène et de l'écran, souple et nuancé à la manière d'un Marcello Mastroianni auquel il n'est pas sans ressembler. Commencée alors qu'il n'a qu'une vingtaine d'années, sa carrière comprend une centaine d'apparitions au cinéma. Mais Sarḥan s'est toujours refusé aux médiocres compensations (ou compromissions professionnelles) que peuvent ou pouvaient lui offrir les télévisions égyptienne ou libanaise. Diplômé de l'École d'art dramatique du Caire, il n'a pas cessé de jouer au théâtre, tandis que le film faisait appel à lui. Sa première prestation date de 1949, dans un musical de Ḥusayn Fawzi, Lahalibu. Il va s'efforcer de choisir ses rôles et ses metteurs en scène, et y parviendra souvent avec discernement. La noblesse du tragédien sait comprendre celle du fellah ; il vit l'ennui et la solitude du petit fonctionnaire ; l'introversion ou l'ironie sont des registres dont il explore les ombres et fait valoir les « types » avec une incontestable maîtrise, sans forcer les traits mais sans s'interdire ces affleurements de sensibilité ou d'angoisse que le cinéma égyptien découvre enfin dans les années 60, grâce à ses meilleurs créateurs. Shukri Sarḥan, s'il a reçu, pas toujours à l'occasion de ses plus beaux rôles, de nombreux lauriers, a eu conscience de pouvoir participer à la naissance et à la défense d'un cinéma d'auteur, libéré, réaliste, accordant sa caution à des films difficiles ou à des cinéastes nouveaux. Il a tourné avec Abu Sayf trois films devenus classiques, qui abordent le statut de la femme et qui lui valent trois rôles de premier plan : la Jeunesse d'une femme (1956), Je suis libre (1958), et la Seconde Épouse (1967). Il interprète une espèce de bon à rien, intégriste et fainéant, dans ‘ les Étrangers ’ (Sad Arafa, 1973) ; avec Chahin, il joue dès 1951 dans ‘ le Fils du Nil ’, dans trois films secondaires au début des années 60, puis dans Ces gens et le Nil (1968), enfin dans le Retour du fils prodigue (1976). Ashraf Fahmi en fait l'officier impuissant et trouble de Nuits et barreaux (1972). En 1968, il apparaît dans le Facteur, œuvre de la solitude, de la désagrégation dans un milieu hostile (Ḥ. Kamal). Tawfiq Ṣaliḥ l'emploie dans son premier film ' Ruelle des fous ' (1955), puis dans les Révoltés (1966). serḥan va au plus difficile, aide les cinéastes « maudits » (T. Salah), les projets non conformistes, et n'y rencontre pas que le succès : ‘ Les pluies ont tari ’ (Gaffat al-amar, de Sayyid Isa, 1966) ; ‘ Nous, les étudiants ’ (1959) et ‘ Jeunes Filles à l'université ’ (1969), de ‘ Aıf Salim, ou le Visiteur de l'aube (Za'ir al-fagr, de Mamduḥ Shukri, jeune cinéaste décédé brusquement, 1973).
SARMIENTO (Valeria)
cinéaste chilienne (Valparaiso 1948).
Elle fait des études de cinéma et débute dans le documentaire avant le coup d'État de 1973. Mais sa grande école est la table de montage, notamment auprès de son époux, Raúl Ruiz, ainsi qu'un exil fertile en France, qui lui ouvre d'autres horizons. Un homme, un vrai (El hombre cuando es hombre, 1981), tourné au Costa Rica, aborde le machisme latino-américain par ses côtés les moins nuisibles, pour ne pas dire les plus sympathiques (le romantisme, la sentimentalité, la courtoisie), avant de dévoiler progressivement les pires aspects de l'oppression ordinaire. Les chansons populaires et les mariachis mexicains y servent de commentaire ou de contrepoint. Aussi bien dans le documentaire que dans la fiction, Valeria Sarmiento soigne la dramaturgie, ménage ses suggestions. La Planète des enfants (1991), filmée à Cuba, joue sur l'ambiguïté pour mieux décrire une institution pour enfants, censée susciter les vocations professionnelles, mais débouchant sur l'embrigadement d'un castrisme crépusculaire. Les films de fiction confirment son attachement à la culture populaire et sa volonté de jouer avec les conventions et les stéréotypes. Ainsi, Notre mariage (1984) cherche son inspiration chez Corín Tellado, auteur d'une littérature de gare, feuilletonesque et à l'eau de rose. Amelia Lópes O'Neill (1990), tourné au Chili, s'inscrit dans l'univers mélodramatique du boléro, expression d'une époque et creuset de l'éducation sentimentale de plusieurs générations de Latino-Américains. Son regard est à l'affût des mentalités et des comportements qui perdurent, au-delà des transgressions. Elle (1995) est un faux remake de El de Bu~nuel (1953), d'autant plus surprenant que le retour au récit originel de Mercedes Pinto permet d'accabler le couple et non pas le seul mari possessif. L'Inconnu de Strasbourg (1998) explore d'autres voies.
SARNO (Geraldo)
cinéaste brésilien (Poções, Bahia, 1938).
Documentariste lié au producteur Thomas Farkas, il tourne un des principaux films sociologiques, contemporains du Cinema Novo : Viramundo (1965) décrit les migrations prolétariennes à São Paulo. Il réalise ensuite une série de documents sur le Nordeste et passe au long métrage et à la fiction avec O Pica-pau Amarelo (1973), d'après une œuvre pour enfants de Monteiro Lobato. Iaô (1976) constitue un nouveau moment fort de sa production documentaire, tournée cette fois vers la culture d'origine africaine. Enfin, Coronel Delmiro Gouveia (1977) mêle témoignage et fiction pour brosser le portrait d'un bourgeois national, sur un ton épique et édifiant. En 1987, il réalise Deus é um Fogo.