HAYWORTH (Margarita Carmen Cansino, dite Rita)
actrice américaine (New York, N. Y., 1918 - id. 1987).
Danseuse professionnelle à douze ans, remarquée par un producteur de la Fox, elle débute à l'écran en 1935 mais ne trouve des rôles importants qu'après son mariage avec le milliardaire Edward Judson et son engagement à la Columbia (1937). La beauté « exotique » (elle était d'ascendance espagnole par son père) se transforme en une rousse auburn plus sophistiquée, et elle abandonne les emplois de danseuse pour des films d'aventures ou des policiers. Grande et très belle quoique bâtie « en force », il lui faudra longtemps pour se dépouiller d'une flagrante timidité. Les années 40, après un rôle prometteur dans Seuls les anges ont des ailes (H. Hawks, 1939), voient son ascension s'accélérer : elle revient triomphalement aux films dansés (L'amour vient en dansant, 1941, et Ô toi, ma charmante, 1942, avec Fred Astaire ; la Reine de Broadway, 1944, avec Gene Kelly) ; son effigie est l'une des pin-up les plus réclamées par les G. I., et elle « ornera » la bombe atomique de Bikini dans sa légendaire robe de soirée de Gilda (1946), le film qui la rend célèbre, notamment grâce à une scène d'anthologie où on la voit susurrer un érotique Put the Blame on Mame en enlevant langoureusement une paire de longs gants de satin noir. Promue star, elle ne joue plus les tentatrices maléfiques, mais les femmes trop splendides que vient sauver un héros d'abord incompréhensif. C'est le mythe (le mot n'est pas trop fort) qu'Orson Welles entreprend d'immortaliser dans la Dame de Shanghai : en fait, mariés en 1943, le « génie » et la « star » étaient déjà en instance de divorce lors du tournage du film. La suite constitue l'une des plus pénibles histoires d'Hollywood : mariée à 'Ali Khan (1949-1951), Rita Hayworth avait rompu avec la Columbia ; Harry Cohn, qui avait passablement contribué à son lancement, accepta de la réengager, mais ne lui donna que des emplois médiocres, dont un remake de Gilda : l'Affaire de Trinidad. Un quatrième mariage avec le chanteur Dick Haymes, puis un cinquième n'ont pas apporté à l'actrice le bonheur sentimental auquel, de son propre aveu, elle avait tenu plus qu'à tout. Ses rôles ultérieurs, sporadiques, firent apparaître la grande comédienne douée d'énergie et d'humour qu'elle avait été chaque fois qu'on lui en donnait l'occasion. Mais, après 1966, elle n'apparaît plus que dans des films fort médiocres, à l'exception peut-être de la Route de Salina (1970), film-hommage de Georges Lautner. Peu après cette prestation tragique, un vieillissement orageux et plusieurs dépressions (dues peut-être à l'abus d'alcool) sont venus éloigner sans doute définitivement des studios celle qui se vantait trop fort de « n'avoir pas un caillou sous le sein gauche ».
Films :
Sous le nom de Rita Cansino : Under the Pampas Moon (James Tinling, 1935) ; Charlie Chan en Égypte (Charlie Chan in Egypt, Louis King, id.) ; l'Enfer (Dante's Inferno, Harry Lachman, id.) ; Paddy O'Day (L. Seiler, id.) ; Human Cargo (A. Dwan, 1936) ; Meet Nero Wolfe (H. Biberman, id.) ; Rebellion (Lynn Shores, id.) ; Trouble in Texas (R. N. Bradbury, 1937) ; Old Louisiana (Irvin Willat, id.) ; Hit the Saddle (Mack V. Wright, id.) ; — sous le nom de Rita Hayworth : Girls Can Play (Lambert Hillyer, id.) ; The Game That Kills (D. R. Lederman, id.) ; Criminals of the Air (C. C. Coleman Jr., id.) ; Paid to Dance (Charles Coleman, id.) ; le Fantôme du cirque (The Shadow, C. C. Coleman Jr., id.) ; Who Killed Gail Preston ? (Leon Barsha, 1938) ; Miss Catastrophe (There's Always a Woman, A. Hall, id.) ; Convicted (L. Barsha, id.) ; Juvenile Court (D. R. Lederman, id.) ; Homicide Bureau (C. C. Coleman Jr., 1939) ; The Renegade Ranger (David Howard, id.) ; The Lone Wolf Spy Hunt (Peter Godfrey, id.) ; Seuls les anges ont des ailes (H. Hawks, id.) ; Special Inspector (L. Barsha, id.) ; Music in My Heart (Joseph Santley, 1940) ; Blondie on a Budget (Frank R. Strayer, id.) ; Suzanne et ses idées (G. Cukor, id.) ; The Lady in Question (Ch. Vidor, id.) ; Angels Over Broadway (Ben Hecht et Lee Garmes, id.) ; The Strawberry Blonde (R. Walsh, 1941) ; Affectionately Yours (L. Bacon, id.) ; Arènes sanglantes (R. Mamoulian, id.) ; L'amour vient en dansant (You'll Never Get Rich, Sidney Lanfield, id.) ; Mon amie Sally (My Gal Sal, I. Cummings, 1942) ; Six Destins (J. Duvivier, id.) ; Ô toi, ma charmante (W. Seiter, id.) ; la Reine de Broadway (Ch. Vidor, 1944) ; Cette nuit et toujours (Tonight and Every Night, V. Saville, 1945) ; Gilda (Ch. Vidor, 1946) ; l'Étoile des étoiles (Down to Earth, A. Hall, 1947) ; la Dame de Shanghai (O. Welles, 1948) ; les Amours de Carmen (The Loves of Carmen, Ch. Vidor, id.) ; Champagne Safari (Jackson Leighter, 1952, doc) ; l'Affaire de Trinidad (V. Sherman, id.) ; Salomé (W. Dieterle, 1953) ; la Belle du Pacifique (C. Bernhardt, id.) ; l'Enfer des tropiques (R. Parrish, 1957) ; la Blonde ou la Rousse ? (G. Sidney, id.) ; Tables séparées (Delbert Mann, 1958) ; Ceux de Cordura (R. Rossen, 1959) ; Du sang en première page (C. Odets, id.) ; les Joyeux Voleurs (The Happy Thieves, G. Marshall, 1962) ; le Plus Grand Cirque du monde (Circus World, H. Hathaway, 1964) ; Piège au grisbi (B. Kennedy, 1966) ; Opération opium (The Poppy is Also a Flower, T. Young, 1966) ; Peyrol le boucanier (L'Aventuriero / The Rover, T. Young, 1967) ; le Bâtard (D. Tessari, 1968) ; la Route de Salina (G. Lautner, 1970) ; The Naked Zoo (William Grefe, 1971) ; la Colère de Dieu (R. Nelson, 1972).
HEAD (Edith)
costumière américaine (Los Angeles, Ca., 1907 — id. 1981).
Reine du costume hollywoodien, Edith Head est entrée à la Paramount, qui restera sa maison mère pendant longtemps, en 1932, avec Aimez-moi ce soir (R. Mamoulian). Son dernier travail, posthume, sera Les cadavres ne portent pas de costard (C. Reiner, 1982). Entre-temps, elle sera devenue le symbole même du costume hollywoodien. La taille de guêpe et les hanches d'amphore romaine de Mae West (Lady Lou, L. Sherman, 1933), l'élégance impeccable de Barbara Stanwyck dans Un cœur pris au piège (P. Sturges, 1941), ou encore des suggestifs déshabillés dans Lady of Burlesque (W. Wellman, 1943), le fourreau pailleté de Marlene Dietrich dans la Scandaleuse de Berlin (B. Wilder, 1948), les corsages boutonnés jusqu'au menton d'Olivia de Havilland dans l'Héritière (W. Wyler, 1949), les gants de fauve de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard (B. Wilder, 1950), la robe de cocktail aux bretelles rebelles de Bette Davis dans Ève (Joseph L. Mankiewicz, id.), la robe de dentelle d'Elizabeth Taylor dans Une place au soleil (G. Stevens, 1951), les pantalons cigarette et les ballerines d'Audrey Hepburn dans Sabrina (B. Wilder, 1954), c'est elle. Puis vient la collaboration avec Hitchcock, et son déferlement de tailleurs faussement stricts, de chapeaux tambourin et de talons aiguilles (une dizaine de films, dont on retient sans peine la virevoltante robe de cocktail de Grace Kelly dans Fenêtre sur cour, 1954, et la garde-robe exclusivement blanche, noire et grise de Kim Novak dans Vertigo, 1958). Paradoxalement, Head est aussi à l'aise dans l'univers masculin, tel son apport remarquable à l'Homme qui tua Liberty Valance (J. Ford, 1962), El Dorado (H. Hawks, 1967), l'Arnaque (G. R. Hill, 1973), ou l'Homme qui voulut être roi (J. Huston, 1975).