producteur et distributeur britannique (Hull 1888 - Winchester 1972).
Avec son célèbre homme au gong (incarné par l'athlète James Blade), Arthur Rank — surnommé King Arthur — a symbolisé la puissance commerciale du cinéma britannique, du milieu des années 30 à la fin des années 40. Issu d'une très riche famille de minotiers du Yorkshire, il vient au cinéma, après des études à Cambridge, en participant au financement du film Mastership (Avelin Ginever, 1934), destiné à la Religious Film Society. Cette première opération va l'entraîner de plus en plus loin dans l'univers financier du cinéma : il fait construire les studios de Pinewood (1935), intègre le circuit General Film Distributors, de C. M. Woolf, acquiert Gaumont-British en 1936, puis une large part du circuit Odeon, d'O. Deutsch. Avec la guerre, sa position se consolide encore. Arthur Rank (dont la vertu principale fut, selon son biographe Alan Wood, « de tout ignorer de la fabrication d'un film ») devient un producteur... de producteurs : bon gré mal gré, Alexander Korda, Filippo del Giudice, Basil Dean, Michael Balcon, Gabriel Pascal, Michael Relph, mais aussi Edward Black, Michael Powell et Emeric Pressburger, Basil Dearden, etc., vont connaître succès et échecs grâce à lui. En 1947, Rank cède à la tentation : profitant des restrictions d'importation des films américains, il se lance hâtivement dans un programme de production destiné à maîtriser le marché britannique, et, à terme, à concurrencer les Majors aux États-Unis. Dès 1948, ce projet se révélera catastrophique. Dans les années 50 et 60, l'organisation Rank va s'orienter vers une politique d'élimination des risques : en limitant ses interventions dans la production, en distribuant des films « sûrs » (avec l'alliance des Majors), en se tournant vers l'industrie du loisir. En 1962, Arthur Rank part en retraite : sa société constitue l'un des deux piliers du fameux « duopole » qui domine le cinéma britannique. En 1980, l'organisation Rank renonce à toute production de film.