SADYKOV (Bako)
cinéaste soviétique d'origine ouzbek (Boukhara, Ouzbékistan, 1941).
Diplômé de l'Institut de théâtre de Tachkent en 1967, il s'oriente vers le cinéma et suit les cours de l'École du cinéma à Moscou, où il a pour professeurs Nikita Mikhalkov, Gleb Panfilov et Andreï Tarkovski. Il débute au cinéma par Adonis XIV (MM, 1977), qui se voit malmener par une censure sourcilleuse et ne sera présenté au public qu'en 1987. Il signe ensuite les Oiseaux d'argile (1979) et la Saison des brouillards d'hiver (1982). Son long métrage la Trombe (1989) précède un film très original, d'une poésie insolite et ésotérique accomplie, Boukhara bénie (1991), un « eastern » parfois guetté par l'ange du bizarre, Josus (1992), et une parabole apocalyptique et fantasmatique, l'Île (1994).
SÁENZ DE HEREDIA (José Luis)
cinéaste espagnol (Madrid 1911 - id. 1992).
Après avoir débuté avec Patricio miró una estrella (1935), il signe La hija de Juan Simón (id.) et ¿ Quién me quiere a mí ? (1936), sous les ordres de Luis Buñuel, qui sauve la vie de ce cousin du fondateur de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera, pendant la guerre civile. Sáenz de Heredia devient l'initiateur des principaux genres en vogue sous le franquisme, à commencer par le film de croisade, inspiré par le Caudillo en personne (Raza, 1941). Cinéaste adulé durant cette période, il met en scène aussi bien le film d'époque rétro (El escándalo, 1943), la comédie (El destino se disculpa, 1945), l'évocation coloniale (Bambú, id.), l'adaptation littéraire (Mariona Rebull, 1947), le film religieux (La mies es mucha, 1949), les mythes hispaniques (le Plus Bel Amour de Don Juan/Don Juan, 1950), les sketches légers (Historias de la radio, 1955). Ni ses fidélités idéologiques (Franco, ese hombre, 1964) ni ses réitérations esthétiques (La verbena de la Paloma, 1963 ; Historias de la televisión, 1965) ne rencontrent par la suite le même écho auprès du public et de la critique.
SAFETY (mot anglais).
Safety film, film de sécurité.
SAGAN (Leontine Schlesinger, dite Leontine)
cinéaste allemande (Vienne, Autriche-Hongrie, 1889 - Pretoria, AFRS, 1974).
Élève de Max Reinhardt, elle semble venir au cinéma par un heureux hasard (Jeunes filles en uniforme, 1931). Coup d'essai, coup de maître. En évoquant dans le cadre d'un pensionnat de jeunes filles élevées « à la prussienne » les amours tendrement saphiques d'une élève pour son professeur, elle connaît une immédiate renommée. Faut-il attribuer le succès du film au talent de la réalisatrice, à la supervision attentive de Carl Froelich ou à la pièce de Christa Winsloe qui abordait un sujet délicat ? Peut-être aussi à la présence des deux actrices Hertha Thiele et Dorothea Wieck. Sans doute l'addition de tous ces facteurs fut déterminante. Curieusement, la carrière de Leontine Sagan devait se solder par cette unique réussite. Fuyant le nazisme, elle émigre en Grande-Bretagne, réalise un film médiocre (Men of Tomorrow, 1933), part pour les États-Unis en 1936 puis s'installe en Afrique du Sud où, de 1939 à 1942, elle connaît quelque renommée en montant des pièces de théâtre. Mystérieusement, elle semble ensuite abandonner toute activité artistique et on perd sa trace.
SÄGEBRECHT (Marianne)
actrice allemande (Starnberg 1945).
Figure du théâtre d'avant-garde à Munich, elle fait irruption sur grand écran dans l'étrange film de Percy Adlon Sugarbaby (1984). Ce réalisateur lui avait déjà confié un rôle dans la Balançoire (Die Schaukel, 1983). C'est lui qui la rendra célèbre grâce à Bagdad Café (1987), qui sera suivi de Rosalie fait ses courses (1989). On la verra ensuite dans des films européens très divers : Martha et moi (J. Weiss, 1990), la Vie lactée (la Vida lactea, Juan Estelrich, 1992), Mr. Bluesman (Sönke Wortmann, 1993) ainsi que dans la Guerre des Roses (The War of the Roses, 1989), de Danny De Vito. Sa carrière s'oriente ensuite vers la télévision, avec quelques rares rôles intéressants sur le grand écran : le Roi des aulnes (V. Schlöndorff, 1996), Soleil (R. Hanin, 1997).
SAINT (Eva Marie)
actrice américaine (Newark, N. J., 1924).
Après une carrière à la radio et à la télévision, c'est Elia Kazan qui lui propose son premier rôle à l'écran en 1954, dans Sur les quais. Son regard clair et sa tendresse lumineuse, soutenus par un talent juste et discret, lui valurent d'obtenir, pour ce film, l'Oscar du meilleur second rôle. Cependant, sa beauté régulière et sa blondeur diaphane l'ont souvent cantonnée dans des rôles assez passifs ; ainsi, elle sert essentiellement de faire-valoir à Elizabeth Taylor dans l'Arbre de vie (E. Dmytryk, 1957). Elle s'est essayée à la comédie (Si j'épousais ma femme, M. Frank et N. Panama, 1956), mais c'est surtout Hitchcock qui lui donne un rôle à sa mesure dans la Mort aux trousses (1959), où elle incarne une séductrice espionne — mais pour la bonne cause — à l'ambiguïté troublante.
Les années 60 lui ont permis de jouer des personnages plus denses et plus douloureux : la jeune veuve américaine découvrant la solidarité et l'action militante (Exodus, O. Preminger, 1960), l'épouse du pasteur Richard Burton, frustrée mais digne (le Chevalier des sables, V. Minnelli, 1965), la Pénélope patiente du volage George Segal dans Loving (I. Kershner, 1970) et, surtout, la jeune femme silencieuse poursuivie par la passion folle et meurtrière de son mari indien dans l'Homme sauvage (R. Mulligan, 1969). Elle mérite mieux que la carrière sporadique qu'on lui a faite et, depuis 1972, tourne surtout pour la télévision.
ST. CLAIR (Malcolm, dit Mal)
cinéaste américain (Los Angeles, Ca., 1897 - Pasadena, Ca., 1952).
Acteur et scénariste chez Mack Sennett, qu'il rejoint à Hollywood en 1915, il devient metteur en scène de courts métrages, dont certains avec Buster Keaton (The Goat, 1921 ; The Blacksmith, 1922). Passé au long métrage, il remporte un succès populaire avec quelques films où se distingue le chien Rin Tin Tin. D'autres œuvres plus sérieuses telles que : le Calvaire des divorcés (Are Parents People ?, 1925) et, surtout, A Woman of the World (id.) et la Grande Duchesse et le Garçon d'étage (The Grand Duchess and the Waiter, avec Pola Negri, 1926) en font un des cinéastes les plus en vue de l'époque du muet : le rythme enlevé de ses comédies légères et pétillantes est tout à fait dans l'esprit de Lubitsch, son maître. Les hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes, 1928), dont toute copie semble perdue, jouit d'une excellente réputation. Par ailleurs, il offre à Louise Brooks un de ses grands rôles dans The Canary Murder Case (1929). Le parlant va nuire à sa carrière : pendant les années 30, il tourne des œuvres mineures, dirige quelques-uns des derniers films de Laurel et Hardy et s'arrête définitivement en 1948.