PECK (Eldred Gregory, dit Gregory) (suite)
S'il est parvenu à animer pour Walsh de purs films d'aventures, Peck reste surtout lié à une nuance particulière du tragique, celle qu'entraîne un aveu longuement différé, qu'il doive concerner une faiblesse (la Cible humaine) ou une culpabilité (les Bravados). Minnelli donne une version comique de ce trouble dans la Femme modèle. Mais l'acteur, avec son rythme ralenti et son intensité soutenue ne peut guère réussir dans la comédie : il incarnera donc surtout les aventuriers tenus par la mauvaise conscience, mais décidés à bien faire malgré tout. Cette bonne volonté reflète d'ailleurs l'homme lui-même, connu pour ses engagements dans des œuvres de solidarité.
Le style de Peck s'attache à traduire visuellement un interminable discours intérieur. La posture assurée en marque la force, et le regard tendu matérialise une hauteur inflexible ; mais le scrupule et la lucidité s'expriment tour à tour dans les plissements du front, le sourcil levé, le serrement des lèvres. Vers la fin de sa carrière, dans des superproductions dogmatiques, la richesse et la discrétion de cette signification se perdront.
Gregory Peck s'essaie aussi à la production notamment pour le Plus Beau Jour de notre vie (Gordon Davidson, 1972), évocation courageuse des luttes contre la guerre du Viêt-nam. En 1978 il rédige son autobiographie : An Actor's Life.
Films :
Days of Glory (J. Tourneur, 1944) ; les Clés du royaume (J. M. Stahl, 1945) ; la Vallée du jugement (T. Garnett, id.) ; la Maison du docteur Edwardes (A. Hitchcock, id.) ; Jody et le faon (C. Brown, 1947) ; l'Affaire Macomber (Z. Korda, id.) ; Duel au soleil (K. Vidor, id.) ; le Mur invisible (E. Kazan, id.) ; le Procès Paradine (Hitchcock, 1948) ; la Ville abandonnée / Nevada (W. Wellman, id.) ; Passion fatale (R. Siodmak, 1949) ; Un homme de fer (H. King, id.) ; la Cible humaine (id., 1950) ; Fort invincible (Only the Valiant, G. Douglas, 1951) ; David et Bethsabée (King, id.) ; Capitaine sans peur (R. Walsh, id.) ; les Neiges du Kilimandjaro (King, 1952) ; Le monde lui appartient (Walsh, id.) ; Vacances romaines (W. Wyler, 1953) ; l'Homme au million (R. Neame, id.) ; les Gens de la nuit (Night People, N. Johnson, 1954) ; la Flamme pourpre (R. Parrish, id.) ; l'Homme au complet gris (Johnson, 1956) ; Moby Dick (J. Huston, id.) ; la Femme modèle (V. Minnelli, 1957) ; Bravados (King, 1958) ; les Grands Espaces (Wyler, id.) ; la Gloire et la Peur (L. Milestone, 1959) ; Un matin comme les autres (Beloved Infidel, King, id.) ; le Dernier Rivage (S. Kramer, id.) ; les Canons de Navarone (J. Lee Thompson, 1961) ; Du silence et des ombres (R. Mulligan, 1962) ; les Nerfs à vif (Lee Thompson, id.) ; la Conquête de l'Ouest (J. Ford, H. Hathaway, id.) ; le Combat du capitaine Newman (Captain Newman, M. D., D. Miller, 1964) ; Et vint le jour de la vengeance (F. Zinnemann, id.) ; Mirage (E. Dmytryk, 1965) ; Arabesque (S. Donen, 1966) ; l'Homme sauvage (Mulligan, 1969) ; l'Or de MacKenna (MacKenna's Gold, J. Lee Thompson, id.) ; les Naufragés de l'espace (J. Sturges, id.) ; le Pays de la violence (J. Frankenheimer, 1970) ; Quand siffle la dernière balle (H. Hathaway, 1971) ; Un colt pour une corde (T. Kotcheff, 1973) ; la Malédiction (The Omen, Richard Donner, 1976) ; Mac Arthur (id., Joseph Sargent, 1977) ; Ces garçons qui venaient du Brésil (F. Schaffner, 1978) ; Commando de Sa Majesté (The Sea Wolves, A. McLaglen, 1981) ; la Force du silence (Silent Voice / Amazing Grace and Chuck, Mike Newell, 1987) ; Old Gringo (id., Luis Puenzo, 1989) ; Larry le liquidateur (N. Jewison, 1991) ; les Nerfs à vif (M. Scorsese, id.).