Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
R

ROSSI (Franco)

cinéaste italien (Florence 1919 - Rome 2000).

Licencié ès lettres, il travaille comme réalisateur à la radio et puis, au cinéma, comme assistant de Renato Castellani et d' Aldo Vergano. En 1950, il tourne son premier film, Police en alerte (I falsari, 1952), un policier à petit budget. Suivent, en 1954, Il seduttore, une comédie de mœurs axée sur le personnage d'Alberto Sordi, et, en 1955, son premier succès : Amis pour la vie (Amici per la pelle), une histoire avec deux enfants, pleine de bons sentiments. Après quelques films mineurs, il dirige, en 1960, un sujet de Pasolini, Morte di un amico, qui développe ses thèmes de l'amitié entre jeunes garçons. Ses meilleures réussites sont l'Odyssée nue (Odissea nuda, 1961) et Smog (1962), tous deux avec Enrico Maria Salerno qui interprète des personnages d'Italiens traditionnels confrontés aux réalités des mers du Sud — dans le premier film — et de la Californie — dans l'autre. Il dirige ensuite quelques épisodes de comédies à sketches, dont les Complexés (I complessi, 1965), une comédie érotique tournée au Brésil, Une rose pour tous (Una rosa per tutti, 1967 [ 1965]), et un drame historique sur la période fasciste, Giovinezza giovinezza (1969). Pour la télévision, il réalise deux feuilletons spectaculaires : Le avventure di Ulisse (id.) et Le avventure di Enea (1974), avant de revenir au genre comique avec deux films assez anodins : Come una rosa al naso (1976) et L'altra metà del cielo (1977). Dans les année 80, il travaille presque exclusivement pour la télévision.

ROSSI (Gilberto)

cinéaste et producteur brésilien d'origine italienne (Livourne 1882 - São Paulo 1971).

Ce pionnier du cinéma pauliste s'impose d'abord comme l'un des opérateurs les plus doués de l'époque. Sa production documentaire atteint une continuité et une stabilité alors exceptionnelles : le cinéjournal Rossi Actualidades (1921-1931) jouit d'une subvention officielle. A Voz do Brasil (1933), qu'il assure en collaboration avec Adalberto Kemeny et Rodolfo Lustig (auteurs de São Paulo, Sinfonia da Metrópole, 1929), constitue les premières actualités parlantes du pays. Son rêve de se consacrer à la fiction débouche sur une longue association avec José Medina et occasionnellement avec Arturo Carrari (O Crime de Cravinhos, 1919) et Alberto Traversa (O Segredo do Corcunda, 1924), tous représentatifs des modestes milieux culturels d'origine immigrée qui ont contribué à l'essor du muet à São Paulo.

ROSSI (Constantin, dit Tino)

acteur et chanteur français (Ajaccio 1907 - Neuilly-sur-Seine 1983).

Bonaparte de la chansonnette, empereur du disque (200 millions d'exemplaires vendus dans le monde), séducteur roucoulant aux cheveux gominés (« sa voix, disait Pagnol, a le don de réveiller les hormones femelles »), Tino Rossi connaît ses premiers succès à l'Alcazar de Marseille, puis au Casino de Paris. Le cinéma lui tend les bras. Un compositeur prolifique, Vincent Scotto, et des scénaristes appointés peaufinent son image de marque, dans de suaves romans-photos intitulés : Marinella (Pierre Caron, 1936), Naples au baiser de feu (A. Genina, 1937), Fièvres (J. Delannoy, 1942), le Chant de l'exilé (André Hugon, 1943), le Gardian (Jean de Marguenat, 1946), le Chanteur inconnu (A. Cayatte, 1947), etc. Le soleil a toujours raison (P. Billon, 1943), où le dialogue est curieusement signé Jacques Prévert, et la Belle Meunière (M. Pagnol, 1948), où il endosse la défroque de Schubert, corsent un peu, si l'on ose dire, ce sirop d'orgeat. À signaler l'irrésistible parodie que fait de lui Fernandel dans Barnabé (Alexandre Esway, 1938).

ROSSI-DRAGO (Palmira Omiccioli, dite Eleonora)

actrice italienne (Quinto, près de Gênes, 1925).

Mannequin de mode, reine de beauté, elle paraît à l'écran (sous le nom d'Eleonora Rossi) dans un petit rôle des Pirates de Capri (Edgar Ulmer et Giuseppe Maria Scortese, 1950 [1948]) et devient vedette d'une série de films destinés à mettre en valeur sa féminité agressive (Sensualità, Clemente Fracassi, 1952 ; la Traite des blanches, L. Comencini, 1952), mais où elle commençait à révéler ses dons dramatiques (les Volets clos, id., 1951). Son registre évolue dès l'Affaire Maurizius, le film méconnu de Duvivier (1954), et son interprétation de Femmes entre elles (M. Antonioni, 1955) lui vaut la consécration critique. Ayant dépouillé son jeu d'une certaine « animalité » qui ne correspondait pas à sa vraie possibilité d'actrice, elle interprète désormais avec une grande sûreté des rôles « psychologiques » ou mélodramatiques qui mettent en relief une distinction vraie (ou simulée, dans Anima nera, R. Rossellini, 1962) ainsi qu'une beauté, à la fois classique et moderne, qui la situe à part dans le cinéma italien (son activité internationale n'a pas été non plus étrangère à ce phénomène). Depuis 1970, elle s'est peu à peu retirée du cinéma, se consacrant avec succès au théâtre et à la TV.

Autres films :

l'Esclave (Y. Ciampi, 1953) ; Donne sole (Vittorio Sala, 1956) ; Kean (V. Gassman, 1957) ; Un été violent (V. Zurlini, 1959) ; Meurtre à l'italienne (P. Germi, id.) ; la Garçonnière (G. De Santis, 1960) ; le Commando traqué (G. Montaldo, 1961) ; Chasse à la drogue (Caccia all'uomo, R. Freda, 1962) ; Paradis de femmes (I don Giovanni della costa azzurra, Vittorio Sala, 1964) ; Nelle pieghe della carne (Sergio Bergonzelli, 1970).

ROSSIF (Frédéric)

cinéaste français (Cetinje, Monténégro, 1922 - Paris 1990).

Après des études à Rome, il se fixe à Paris en 1945. D'abord employé à la Cinémathèque française, il entre à l'ORTF en 1952. Producteur et réalisateur de télévision, il crée de nombreuses émissions (la Vie des animaux, Nos amies les bêtes, Cinq Colonnes à la une...). Auteur d'une dizaine de courts métrages à partir de 1958, il tourne son premier long métrage en 1961 : le Temps du ghetto, document historique bouleversant. Avec Mourir à Madrid (1963), images sur la guerre d'Espagne, il s'impose comme un grand spécialiste du film de montage. Dans le même style documentaire qui, loin d'être d'un didactisme ennuyeux, est avant tout une superbe collection d'images soigneusement sélectionnées et montées, il a réalisé : les Animaux (id.), Révolution d'Octobre (1967), Un mur à Jérusalem (CO Albert Knobler, 1968), Pourquoi l'Amérique (1969), et la grandiose Fête sauvage (1976), fascinante saga poétique sur la vie intime des animaux. Il a aussi signé un long métrage de fiction, Aussi loin que l'amour (1971), dont la qualité dramatique est loin d'égaler celle de ses documentaires. Il a également filmé plusieurs portraits d'artistes : Braque ou le Temps différent (1974), Pablo Picasso (1980), monotone documentaire au rythme laborieux, Jacques Brel (1981), film d'une certaine prétention aux effets techniques souvent sophistiqués et incongrus. En 1984, il signe Sauvage et beau et, en 1987, le Cœur musicien.