KAURISMÄKI (Mika)
cinéaste finlandais (Orimattila 1955).
Après des études à l'Ecole supérieure de cinéma de Munich, il crée avec son frère cadet Aki la société de production Villealfa (et, plus tard sa propre société, Marianna) ainsi qu'une coopérative cinématographique, puis des intérêts dans la distribution et l'exploitation. Il tourne en 1980 son premier film, un moyen métrage : le Menteur (Valehtejila), puis cosigne avec Aki le Syndrome du lac Saimaa (Saimaa-ilmiö, 1981). Après les Indignes (Arvottomat, 1982) portrait de jeunes marginaux, il tourne des films d'aventures et des comédies : le Clan - histoire de la famille des grenouilles (Klaani - tarina sammakoitten suvusta, 1984), Rosso (1985), Helsinki-Napoli (Helsinki-Napoli all Night Long, 1987, tourné à Berlin), Cha cha cha (id., 1989), Étoile de papier (Paperitähti, id.), Amazon (1990), Zombie et le train-fantôme (Zombie ja kummitusjuna, 1991). Parfois très proche de l'univers d'Aki (Rosso, Cha cha cha), il est l'auteur de scénarios plus complexes, parfois tenté par le film d'action et l'aventure exotique sans abdiquer toute originalité. En 1993, il réalise une sorte de western arctique et écologique : la Dernière Frontière (The Last Border/Viimeisellä rajalla), avant de revenir au Brésil – où il avait déjà filmé Amazon – pour tourner en compagnie de Samuel Fuller et de Jim Jarmusch Tigrero (id., 1994), à la fois documentaire sur un projet avorté de Fuller en 1954 et road-movie tourné avec la complicité de Jarmusch, à la fois interviewer et acteur. En 1995, il signe Condition Red/Hälytystila, un thriller, en 1998 I love L.A. (Los Angeles Without a Map), un film désenchanté sur l'Amérique, coproduit avec la France et la Grande-Bretagne – et où réapparaissent les fameux Leningrad Cowboys des films de son frère –, en 2000 Highway Society.
KÄUTNER (Helmut)
scénariste et cinéaste allemand (Düsseldorf, 1908 - Castellina-Chianti, Italie, 1980).
Après des études très diverses effectuées à Munich, il y anime un cabaret qui est interdit par les autorités en 1935. Devenu auteur, acteur et metteur en scène de théâtre, il arrive à Berlin où il écrit pour le cinéma et devient réalisateur en 1939 avec Kitty et la conférence mondiale (Kitty und die Weltkonferenz), la première d'une série de comédies légères qu'il tourne pendant la guerre, à l'écart des œuvres de propagande – dans Au revoir Franziska (Auf Wiedersehen, Franziska, 1941) perce même une certaine critique de la guerre. Lumière dans la nuit (Romanze in Moll, 1942), qu'il adapte de la nouvelle de Maupassant les Bijoux, et dont l'héroïne incarnée par Marianne Hoppe* est une petite bourgeoise provinciale qui trompe son mari, est un film qui se distingue dans la production de l'époque. C'est selon G. Sadoul « le seul film de valeur produit en Allemagne pendant la guerre » ; il faut pourtant évoquer sur ce terrain de la qualité deux autres films de Käutner. La Paloma (Grosse Freiheit Nr 7, 1944), bien qu'évoquant le port de Hambourg et le quartier chaud de Saint-Pauli, est un film chaleureux, tendre et romantique, à la mise en scène très rigoureuse. Sous les ponts (Unter den Brücken, 1945), qui se déroule sur les canaux berlinois, dans le milieu des mariniers, correspond aux mêmes caractéristiques. Coécrites par le cinéaste, ce sont les œuvres-phares d'un réalisme poétique parfaitement acclimaté à l'Allemagne, réalisées avec élégance, avec une excellente photographie en noir et blanc. Ces deux films ont eu une carrière très perturbée, le premier ayant été interdit par les nazis après sa sortie en salles ; le deuxième, achevé à la fin de la guerre, ne sera distribué que plusieurs années après.
Malgré un contexte difficile pour le cinéma, Helmut Käutner est un des meilleurs cinéastes allemands de l'après-guerre. Dès 1946, il fonde sa propre société de production à Hambourg et tourne le premier film de la zone occidentale : In jenen Tagen, une série de sketches passant en revue l'histoire récente et dont le fil directeur est une automobile passant de main en main. Il connaît ensuite plusieurs échecs commerciaux, jusqu'au Dernier Pont (Die letzte Brücke, 1953). Tourné en Yougoslavie et se déroulant au temps de la guerre des partisans contre l'armée allemande, c'est un film pacifiste interprété notamment par Maria Schell et Bernhardt Wicki* ; primé à Cannes, c'est un grand succès dont le sujet, bien que courageux, a suscité des critiques malveillantes dues au climat politique de l'époque. Le Général du diable (Der Teufels General, 1954), tiré d'une pièce de Carl Zuckmayer*, évoque l'aviateur Ernst Udet, héros de la guerre 1914-18, mystérieusement disparu en 1941. Sous les traits de Curd Jürgens, il devient un opposant à Hitler dans le seul film allemand d'après guerre qui ait plu à Fritz Lang – d'après des propos tenus par ce dernier dix ans plus tard. Louis II de Bavière (Ludwig II – Glanz und Ende eines Königs,1954) est un film plus conventionnel, avec O.W. Fisher* dans le rôle du roi et le débutant Klaus Kinski* dans celui de son frère dément. Ciel sans étoiles (Himmel ohne Sterne, 1955) est un des films les plus sincères sur la division de l'Allemagne. Mais, comme Louis II de Bavière, il n'échappe pas aux clichés, et même à un certain sentimentalisme. Après avoir adapté une nouvelle de Carl Zuckmayer pour Ein Mädchen aus Flandern (1955), il adapte avec lui sa fameuse pièce de théâtre le Capitaine de Köpenick (Der Hauptmann von Köpenick, 1956), dont c'est la deuxième version cinématographique après celle de Richard Oswald de 1931. Satire du respect immodéré pour l'uniforme, c'est un des rares films humoristiques de Käutner. [Quelques années plus tard, en coproduction avec la France, il tournera un film comique assez peu réussi, Sans tambour ni trompette (Die Ganz von Sedan, 1959), avec Jean Richard et Hardy Krüger]. Avec la collaboration de Zuckmayer, qui avait déjà collaboré avec lui pour le Général du diable, il écrit et réalise le Brigand bien-aimé (Schinderhannes, 1958), sur un bandit d'honneur des débuts du XIXe siècle. À la même époque, il tente l'aventure hollywoodienne, mais pour deux films seulement, tournés chez Universal : The Restless Years (1957), et A Stranger in my Arms (1958). En 1959, il transpose le thème de Hamlet dans Il ne reste que le silence (Der Rest ist Schweigen), puis adapte une pièce de Scribe pour l'acteur Gustav Gründgens*, Das Glas Wasser (1960). D'autres films suivront, sans lui redonner la réputation qu'il avait dans les années 1950. Réalisateur de neuf films entre 1939 et 1945, et de vingt-six autres de 1947 à 1977, il travaille également pour la télévision, revenant aussi à la mise en scène de théâtre, et apparaissant de temps à autre comme acteur – notamment dans le rôle principal de Karl May de Syberberg.