SABU (Sabu Dastagir, dit)
acteur indien (Karapur, Mysore, 1924 - Chatsworth, Ca., US, 1963).
Palefrenier d'un maharadjah, il se voit confier par Robert Flaherty le rôle-titre d'Elephant Boy (1937). Après les succès du Voleur de Bagdad (L. Berger, T. Whelan, M. Powell, 1940) et du Livre de la jungle (Z. Korda, 1942), il part pour Hollywood, associé par l'Universal aux films exotiques de Maria Montez et Jon Hall. Mais l'adolescent, qui incarne le charme mystérieux de l'Orient et la fascinante complicité avec le monde des animaux, vieillit et, après le très beau Narcisse noir (M. Powell et E. Pressburger, 1947), sa carrière décline avec le Trésor du Bengale (Il Tesoro del Bengala, Gianni Vernuccio, 1956), les Mystères d'Angkor (Die Herrin der Welt, W. Dieterle, 1960), les Pas du tigre (A Tiger Walks, Norman Tokar, 1964).
SABUNCU (Başar)
cinéaste, acteur et auteur de théâtre, scénariste turc (Istanbul 1942).
Après avoir poursuivi des activités théâtrales dès le début des années 60, il entre dans le monde du cinéma turc, en 1978, comme scénariste. Il écrit, entre autres, le Sacrifice (Adak, 1979) et l'Ouvrier chanceux (Talihli Amele, 1981) que tourne Atıf Yılmaz. Il réalise son premier film le Citoyen nu (çıplak Vatandaş) en 1985, puis signe quatre autres titres : Dame de cœur (Kupa Kızı, 1986), la Femme à pendre (Asılacak Kadın, 1987), Impromptu (Kaçamak, 1988) et Cuisine de riche (Zengin Mutfaǧı, 1988). Autant de films où une juste description des tranches de vie et une analyse socio-politique de récents événements historiques sont menés avec humour et ironie. Bien qu'il n'ait sans doute pas encore atteint sa maturité cinématographique, Başar Sabuncu a apporté au cinéma d'auteur turc un nouveau souffle nourri par une sensibilité différente, intellectuelle et citadine. Après un silence relativement long, il réalise le Passager (Yolcu, 1993), huis clos entre trois personnages isolés sous la neige dans une petite gare de campagne, sobrement adapté d'une pièce de théâtre écrite par Nazım Hikmet et mis en scène avec maîtrise.
SABURI (Shin)
acteur et cinéaste japonais (île de Hokkaido, 1909 - 1982).
Fils d'un mineur, il étudie tout en travaillant, puis entre en 1930 à la Nikkatsu en tant qu'acteur sous le nom de Gen Shimazu dans ‘ Miss Nippon ’ (Uchida, 1931). Premier rôle principal dans ‘ l'Ordre de mobilisation ’ (Hisatori Kumagai, id.), il joue dans de nombreux films de la Nikkatsu, mais, en 1935, passe à la Shochiku en reprenant le nom de Shin Saburi : il devient un jeune premier populaire avec ‘ l'Aspiration ’ (Akogare) et ‘ le Fardeau de la vie ’ (Jinsei no onimotsu) de Gosho, et surtout grâce à son rôle dans ‘ les Fiançailles des trois corbeaux ’ (Konyaku sanbagarasu, Y. Shimazu, 1937). Pendant la guerre, on le voit dans ‘ les Frères et sœurs Toda ’ (Y. Ozu, 1941) et dans le dernier film de Shimazu, ‘ la Lutte quotidienne ’ (Nichijo no tatakai, 1944). Réalisateur en 1950 avec ‘ les Femmes contre les hommes ' (Josei tai dansei), il poursuit sa carrière de cinéaste avec onze films, dont les sujets sont plus ou moins sociaux, tel ‘ le Sursis ’ (Shikkoyuyo, 1950). Mais il demeure un acteur populaire, vu dans de nombreux drames ou mélodrames des années 50 : ‘ Retour au pays ’ (Kikyô, H. Oba, 1950), ‘ l'École libre ’ (Shibuya, 1951), ‘ le Goût du riz au thé vert ’ (Ozu, 1952), ‘ Fleurs d'équinoxe ’ (id., 1958) et ‘ Fin d'automne ’ (id., 1960). Il tourne ensuite beaucoup pour la télévision et revient au cinéma dans Fossiles (Kaseki, M. Kobayashi, 1975).
SADOUL (Georges)
historien et critique français (Nancy 1904 - Paris 1967).
Dans l'histoire française du cinéma, il y a Sadoul et l'après-Sadoul. Ancien surréaliste, converti au communisme en 1932 en même temps qu'Aragon, venu au cinéma par le journalisme, il a en effet posé les bases d'une discipline qui, avant lui, n'était que balbutiements ou compilation. Sa mémoire, sa puissance de travail lui ont permis d'entreprendre, seul, cette tâche démesurée qu'était l'Histoire générale du cinéma, dont le premier volume est paru en 1946, suivi de quatre autres. Son grand œuvre était certes inachevé à sa mort, mais il avait publié de nombreux autres ouvrages, une Histoire du cinéma (1949), une Histoire du cinéma français (1962), un Dictionnaire des cinéastes (1965) et un Dictionnaire des films (id.), de multiples monographies (Vie de Charlot, 1952 ; Georges Méliès, 1961 ; Louis Lumière, 1964), des centaines d'articles, notamment dans les Lettres françaises. Sadoul était également conférencier, docteur de l'Académie des sciences de Moscou, professeur à l'IDHEC, administrateur de la Cinémathèque française, responsable de l'Association de la critique française, engagé dans le mouvement des ciné-clubs. Il voyageait beaucoup, et savait rapporter des quatre coins du monde des informations qui enrichissaient son œuvre d'historien. Cette œuvre traduit à la fois l'enthousiasme de l'homme, sa passion du cinéma, et des limites qui sont à la fois les siennes et celles de l'époque. Limites de l'homme, cet attachement indéfectible à un marxisme de parti, bible rudimentaire et dogmatique qui lui fait condamner le meilleur du cinéma américain en un temps où il exalte les monuments hagiographiques produits par le cinéma stalinien, qui lui fait privilégier les petites productions françaises au nom d'un « réalisme » dont le temps a vite fait justice. Limites de l'époque : la difficulté d'accès aux sources, aux films comme aux textes. Pour les pionniers de l'histoire du cinéma, en effet, il était plus difficile de visionner les copies du cinéma français muet, par exemple, que pour leurs héritiers de 1985. Le recensement des films conservés, leur restauration, la circulation des informations entre les archives ont fait des progrès décisifs.
Imparfaite, parfois irritante, l'œuvre de Sadoul n'en reste pas moins indispensable : à la fois témoignage sur une époque dure et base incontournable de toute recherche ultérieure. C'est sur un terrain qu'il avait défriché qu'ont poussé les historiens plus chanceux de la génération qui l'a suivi.