Indépendante en 1960, la Haute-Volta n'entre pleinement dans le cinéma qu'en 1969 en organisant, trois ans après les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), en Tunisie, et à l'occasion d'une "semaine du cinéma", une réunion de cinéastes d'Afrique noire comme d'Afrique du Nord. Les participants décidant de se retrouver à nouveau l'année suivante est créé, en 1970, le Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (FESPACO). Celui-ci, qui depuis lors se tient - sauf cas exceptionnel - tous les deux ans en alternance avec les JCC, s'affirme alors rapidement comme l'un des lieux majeurs de promotion, de valorisation et de reconnaissance du cinéma africain, notamment à l'occasion de la remise du premier prix du festival, l'Étalon de Yennenga. Le FESPACO, désormais principal événement cinématographique africain, s'affiche comme la vitrine officielle d'un organisme né ultérieurement mais qui va lui donner toute sa légitimité, la Fédération panafricaine des cinéastes (FEPACI), laquelle, installée à Ouagadougou, regroupe à peu près la totalité des associations préexistantes et compte parmi ses pères fondateurs des cinéastes tels que Sembène Ousmane*, Paulin Vieyra Soumanou, Mustapha Alassane*, Med Hondo* ou Souleymane Cissé*. Dans les années 70, la Haute-Volta, si elle est en Afrique noire le lieu où les films sont montrés et où les cinéastes se réunissent, ne voit pas pour autant se développer une riche production cinématographique nationale, à l'inverse d'États voisins tels que le Sénégal, le Niger, la Côte d'Ivoire ou le Mali. Rares sont les premiers cinéastes voltaïques, plus rares encore ceux à avoir réalisé un long métrage : Mamadou Djim Kola avec le Sang des parias (1971), René Bernard Yonly avec Sur le chemin de la réconciliation (1973) et Augustin Roch Taoko avec M'Ba Raogo (1975). C'est seulement au cours de la décennie suivante, et plus particulièrement lorsque la révolution démocratique et populaire du capitaine Thomas Sankara bouleverse le pays et lui donne son nouveau nom de Burkina Faso, qu'une production nationale, non plus voltaïque mais désormais burkinabé, voit le jour, essentiellement entre les années 1982 et 1987. Le film annonciateur est celui de Gaston Kaboré*, le Don de Dieu (Wend Kuuni, 1982), d'autant plus important qu'il contribue grandement à initier ce mouvement de retour vers une Afrique des origines, voire une Afrique immémoriale et atemporelle, qui caractérisera longtemps tout un pan des cinémas africains. Au cours des années 80, une véritable "école" du Burkina Faso va voir le jour, qu'elle soit dans le sillage inspiré de Gaston Kaboré ou bien qu'elle s'en détache. Deux cinéastes s'affirment rapidement : Idrissa Ouédraogo* avec le Choix (Yam daabo, 1987), Yaaba (1988) et Question d'honneur (Tilaï, 19990), et Pierre Yaméogo* avec le Monde (Dunia, 1987) et Tout va bien (Laafi, 1990). D'autres réalisateurs se révèlent aussi, mais connaissent un succès moindre, notamment en termes de reconnaissance internationale et festivalière, comme Emmanuel Kalifa Sanon avec le Dernier Salaire (Desebegato, 1987). Au tournant des années 80 et 90, le Burkina Faso apparaît, à bien des égards, comme le pays du cinéma, en Afrique, dont viennent parmi les plus productifs et les plus reconnus des cinéastes du moment, et où se trouvent les principales institutions cinématographiques. Gaston Kaboré, devenu secrétaire général de la FEPACI, continue à tourner, avec Zan Boko (1989), Rabi (1992) et Buud Yam (1997), par lequel il donne une suite à son premier long métrage, le Don de Dieu et obtient l'Étalon Yennenga au FESPACO 97. Idrissa Ouédraogo, de son côté, tourne abondamment (Karim et Sala, 1991 ; Samba Traoré, 1992 ; le Cri du cœur, 1994 ; Afrique mon Afrique, 1994 ; Kini et Adams, 1997), alors que Pierre Yaméogo se montre plus rare (Wendemi, 1993 ; le Tourbillon [Silmandé], 1998). Si le précurseur Mamadou Djim Kola tourne enfin à nouveau (les Étrangers [Toungan], 1992), de plus jeunes réalisateurs apparaissent peu à peu, comme Drissa Touré avec Laada (1991) et la Proscription (Haramuya, 1995), Dani Kouyaté avec Keita, les larmes du griot (1995), maintenant le Burkina Faso dans une dynamique de renouvellement constant de sa production cinématographique.