actrice française (Paris 1900 - Neuilly-sur-Seine 1994).
Conservatoire, Comédie-Française, Compagnie Renaud-Barrault, c'est tout un chapitre de l'histoire théâtrale contemporaine que raconte le travail incessant de Madeleine Renaud. Elle aborde le cinéma en jouant des ingénues rustiques (Vent debout, René Leprince, 1923 ; la Terre qui meurt, Jean Choux, 1927). C'est le même Jean Choux qui lui confie le rôle de Marceline dans Jean de la Lune (1931) et elle partage le succès du film avec Michel Simon. Elle se fait admirer ensuite dans la Maternelle (J. Benoit-Lévy, 1933), Maria Chapdelaine (J. Duvivier, 1934), Hélène (Benoit-Lévy, 1936, pendant le tournage de ce dernier film elle rencontre J.-L. Barrault). On s'aperçoit qu'elle peut tout jouer : les incomprises (Mistigri, Harry Lachmann, 1931), les jeunes premières virginales (Primerose, René Guissart, 1934), les passionnées (la Marche nuptiale, M. Bonnard, 1935) ou les déclassées (les Petites Alliées, J. Dréville, 1936). Sa rencontre avec Grémillon lui permet d'oublier les Demi-Vierges (Pierre Caron, id.). Avec quatre films : l'Étrange Monsieur Victor (1938), Remorques (1941), Lumière d'été (1943), Le ciel est à vous (1944), elle fait briller toutes les facettes de son talent simple, direct, humain. Épouse inquiète, épouse meurtrie, compagne perverse, petite-bourgeoise empoignée par l'aventure. Jamais la même et toujours émouvante. Ophuls lui confie en 1951 le rôle en or de Madame Tellier dans le plus important des sketches du Plaisir. Le théâtre l'absorbe et elle ne reparaît plus sur l'écran que de loin en loin : prieure à l'agonie (le Dialogue des carmélites, R. L. Bruckberger-Ph. Agostini, 1960), châtelaine farfelue (le Diable par la queue, Ph. de Broca, 1969), mère possessive (Des journées entières dans les arbres, M. Duras, 1977), où elle reprend un de ses grands succès de la scène.