acteur américain (Colorado Springs, Colo., 1883 - Los Angeles, Ca., 1930).
Fils de parents sourds-muets, Lon Chaney dut vite apprendre à s'exprimer avec son visage et son corps. Son frère étant propriétaire d'un théâtre, il devint acteur et finit par tenter sa chance à Hollywood. Il débuta en 1913 et se trouva dans de nombreux westerns, où sa mine patibulaire le limitait aux emplois de traîtres. Il continua dans les rôles subalternes jusqu'en 1919. Cette même année, il fut pour la première fois dirigé par Tod Browning dans The Wicked Darling, et il impressionna dans sa création de faux mendiant difforme dans The Miracle Man (G. Loane Tucker). L'aspect physique du jeu de Chaney, ses contorsions et ses acrobaties frappèrent autant que son masque tragique. Désormais grande vedette, sa carrière se divise en deux parties. À l'Universal, jusqu'en 1925, il fut un acteur de composition, aux limites du fantastique, sans vraiment pouvoir imposer pleinement son univers. On retiendra The Light in the Dark (C. Brown, 1922), Oliver Twist (F. Lloyd, id.), où il est un sautillant Fagin, Notre-Dame de Paris (The Hunchback of Notre Dame, Wallace Worsley, 1923) et le Fantôme de l'Opéra (R. Julian, 1925), deux honorables superproductions dans lesquelles triomphe son sens absolu du maquillage, et surtout The Penalty (Worsley, 1920), histoire de gangster cul-de-jatte, qui est sans doute son film le plus personnel de cette période. À la MGM, il imposera l'originalité de son univers avec plus de force (Tell it to the Marines, G. Hill, 1927). Outre les films dirigés par Browning (le Club des trois, 1925 ; l'Oiseau noir, 1926 ; la Route de Mandalay, id. ; Londres après minuit, 1927 ; l'inconnu, id. ; le Loup de soie noire, 1928 ; le Talion, id.), il atteint son sommet dans deux magnifiques mélodrames du cirque : le symboliste Celui qui reçoit des gifles / Larmes de clown (V. Sjöström, 1924) et le pathétique Ris donc, paillasse (H. Brenon, 1928). Si l'on veut bien admettre qu'un comédien n'a pas besoin d'être forcément réaliste, on doit considérer Chaney comme un très grand acteur, au jeu totalement cinématographique, conçu pour le détail et le gros plan. Artiste et poète, véritable créateur, ses interprétations nous entraînent dans une dimension seconde. Sa mort l'a fait entrer dans la légende. En 1930, après son seul film parlant, le remake du Club des Trois (The Unholy Three) de Jack Conway, il est atteint d'un cancer des cordes vocales qui l'empêche de parler. Comme si le destin avait décidé de vouer Lon Chaney au silence. Il est l'auteur de l'article « Maquillage » de l'Encyclopedia britannica.