MAQUILLAGE. (suite)
Il faut encore donner aux comédiennes un « maquillage de ville » adapté au rôle et au film. Cela nécessite toute une culture : le maquilleur doit, le cas échéant, savoir maquiller comme on le faisait, à telle époque et à tel endroit, dans telle classe sociale.
Le maquilleur sait simuler la couperose, les cicatrices (avec du fard ou avec des produits du genre latex), les blessures, les brûlures, etc. La sueur et les larmes, qui ne peuvent être des gouttes d'eau (elles rouleraient sur le fond de teint gras) sont simulées par des gouttes de glycérine. L'effet de barbe mal rasée est obtenu par du fond de teint foncé, ou bien par application de vrais poils coupés en petits morceaux. (C'est au coiffeur ou à la coiffeuse qu'il appartient de veiller au bon raccord — d'un jour sur l'autre — de la longueur des cheveux, des pattes, de la moustache quand celle-ci est authentique.)
L'exécution du maquillage demande classiquement une bonne heure pour les visages, rôles principaux ou figurants, venant en gros plans. (Pour les autres figurants, on se contente d'une application de fond de teint.) Le maquilleur commence donc son travail bien avant l'heure du tournage, et il doit rester présent pendant le tournage pour pratiquer, si besoin est, des raccords.
Transformation des visages.
Ce qui vient d'être décrit permet d'adapter les visages aux rôles en « jouant sur la nature », ce qui laisse le comédien ou la comédienne immédiatement reconnaissables. Par ex., un vieillissement modéré s'obtient notamment en renforçant l'apparence des petites rides naturelles du visage.
Les postiches (perruques, moustaches, barbes, favoris, sourcils, faux crânes pour effet de calvitie) sont un moyen d'aller plus loin dans le sens de la transformation. Ils sont beaucoup employés pour les « films en costumes » (jargon de cinéma pour : films à reconstitution historique), pour les vieillissements prononcés, pour les multiplications de rôles (Noblesse oblige, R. Hamer, 1949 ; le Mouton à cinq pattes, H. Verneuil, 1954 ; les divers Arsène Lupin, etc.).
Les masques en latex permettent d'aller beaucoup plus loin, mais on entre alors dans le domaine des effets spéciaux de maquillage. Ils sont confectionnés en travaillant le latex, avant qu'il ne prenne, sur un moule en acier, réplique d'un moulage en plâtre du visage du comédien. Onéreux, ils autorisent des effets spectaculaires (la Planète des singes de F. Schaffner, 1968 ; Romy Schneider dans Fantôme d'amour de D. Risi, 1981, etc.). Plus ancien, le masque de la Bête que portait Jean Marais dans le film de Cocteau demeure une des plus étonnantes réussites du genre (la Belle et la Bête, 1946).