Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
E

ENCHAÎNÉ.

Voir FONDU ENCHAÎNÉ.

ENCHAÎNEMENT.

En projection à poste double, opération qui consiste, en fin de bobine, à basculer la projection d'un appareil sur l'autre sans que le spectateur s'en aperçoive. Ce mode de projection nécessitant deux projecteurs par cabine a disparu des salles, excepté dans les salles de vision ou pour quelques festivals.

ENDFIELD (Cyril Raker Endfield, dit Cy)

cinéaste américain (Scranton, Penn., 1914 - Shipston on Stour, Warwickshire, G.B., 1995).

Scénariste à Hollywood en 1941, il dirige son premier film en 1946 (Gentleman Joe Palooka) et s'impose à l'attention du public avec deux petits films violents et nerveux The Underworld Story (1950) et Fureur sur la ville (The Sound of Fury, 1951), suivis d'un assez faible Tarzan, défenseur de la jungle (Tarzan's Savage Fury, 1952). Inquiété pour ses opinions politiques à l'époque du maccarthysme, placé sur la « liste noire », il doit s'exiler en Grande-Bretagne. Là, il signe des petits films de série B, dont certains ne manquent pas de punch et de rythme (Train d'enfer [Hell Drivers], 1957 ; Sea Fury, 1958). Au début des années 60, après avoir réalisé l'Île mystérieuse (Mysterious Island, 1961), il fonde une société de production avec l'acteur Stanley Baker et réalise deux productions luxueuses : Zoulou (Zulu, 1964) et les Sables du Kalahari (Sands of the Kalahari, 1965) avant de peindre un curieux et très approximatif portrait du marquis de Sade : le Divin Marquis (De Sade, 1969). En cours de tournage, il se verra remplacé par R. Corman et Gordon Hessler. Ces derniers films, qui n'eurent pas le succès escompté, semblent avoir découragé Endfield, qui abandonna à Douglas Hickox la mise en scène de Zulu Dawn, dont il avait écrit le scénario (1979).

ENEI (Evgueni)

décorateur soviétique (Hongrie 1890 - Leningrad 1971).

Étudiant d'achitecture à l'Académie des beaux-Arts de Budapest, il combat dans les rangs de l'Armée rouge durant la guerre civile en U. R. S. S. Il débute comme décorateur au studio Lenfilm pour les Partisans rouges (Krasnye partizany, V. Viskovski, 1924) en collaboration avec le vétéran Vladimir Egorov, puis il vole de ses propres ailes en faisant équipe avec Kozintsev et Trauberg et l'opérateur Andréi Moskvine. Il donne avec eux une suite d'œuvres importantes, où son sens de l'atmosphère s'épanouit aussi bien dans l'exactitude réaliste du cadre quotidien que dans l'évocation stylisée du décor d'époque : le Manteau (1927), S. V. D. (id.), la Nouvelle Babylone (1929), Seule (1931), la Jeunesse de Maxime (1935), le Retour de Maxime (1937). Simultanément, il travaille avec Ermler [Katka, petite pomme de reinette (1926), la Maison dans la neige (1927), Un débris de l'empire (1929)] et Youtkevitch (la Voile noire, id.). On lui doit encore deux réussites de premier plan après la guerre : Don Quichotte (1957) et Hamlet (1964) de Kozintsev.

ENGEL (Erich)

cinéaste allemand (Hambourg 1891 - Berlin 1966).

Metteur en scène de théâtre depuis 1917, il devient un des plus importants directeurs-metteurs en scène de Munich et Berlin. En 1922, il dirige avec Brecht un des meilleurs films de Karl Valentin, Mysterien eines Frisiersalons, mais ce n'est qu'en 1931 qu'il commence à travailler réellement pour le cinéma. Il réalise 24 films jusqu'en 1945, dont Hohe Schule (1934), Der Maulkorb (1938), Altes Herz wird wieder jung (le dernier film de Jannings, 1943), des comédies pour la vedette Jenny Jugo et des films musicaux. Après la guerre, il retrouve ses activités théâtrales et revient au cinéma à Berlin-Est avec un film sur l'antisémitisme, l'Affaire Blum (Affäre Blum, 1948). Il dirige encore dix films, à l'Ouest et à l'Est, tout en collaborant aux activités du Berliner Ensemble, où Brecht lui-même l'avait appelé.

N. B. Il ne doit pas être confondu avec Erich Engels (1889-1971), qui a réalisé de nombreux films en Allemagne à la même époque, et qui a lui aussi notamment travaillé sur quelques films de Karl Valentin dans les années 30.

ENGEL (Morris)

cinéaste américain (New York, N. Y., 1918 - Los Angeles, Ca., 1986).

Photographe de formation, il fait preuve d'une grande sensibilité artistique avec la réalisation, en 1953, du Petit Fugitif (The Little Fugitive), film plein d'idées, contant la fuite d'un jeune garçon qui croit avoir commis un meurtre, à Coney Island. Pour cette œuvre à très petit budget, tournée avec son épouse Ruth Orkin, il obtient un grand succès international. Dans les mêmes conditions, il réalise ensuite Lovers and Lollipops (1955) et surtout Weddings and Babies (1958), récompensé par le prix de la critique à Venise. Ce dernier film, qu'Engel tourne en décors naturels avec une caméra légère de sa fabrication, ouvre une voie nouvelle dans l'indépendance des cinéastes vis-à-vis du système cinématographique. Enfin, il est scénariste et producteur de ses films.

ENRICO (Robert)

cinéaste français (Liévin 1931 - Paris 2001).

Formé à l'IDHEC, il est, dans les années 50, un des réalisateurs de courts métrages les plus primés : Thaumetopoea (1960), un documentaire sur les chenilles processionnaires au carrefour du cinéma scientifique et du surréalisme, illustre sa maîtrise technique et son sens du cinéma. En 1961, son court-métrage la Rivière du hibou, d'après une nouvelle d'Ambrose Bierce, obtient le grand prix du Festival de Tours ; en ajoutant deux autres adaptations du même auteur (Chickamauga et l'Oiseau moqueur), il compose le long métrage Au cœur de la vie. Il débute véritablement dans le long métrage en 1963 (en fait, il avait coréalisé en Italie À chacun son paradis [Paradiso terrestre] de Luciano Emmer en 1957, mais son rôle y avait été seulement celui d'un technicien) avec la Belle Vie, un des rares films du temps à prendre en compte l'actualité (la fin de la guerre d'Algérie), qui est suivi en 1965 d'un grand succès, les Grandes Gueules. Il poursuit depuis une carrière irrégulière, où les films intimistes (Tante Zita, 1968) sont plus rares que les films d'action virile (policiers, films d'aventures). Son itinéraire illustre remarquablement les servitudes économiques qui pèsent sur les cinéastes français des années 70 : le grand succès commercial qu'il remporte avec le Vieux Fusil (1975) n'empêche pas deux ans plus tard l'interruption en plein tournage de son Coup de foudre. Son film suivant, Un neveu silencieux (produit par Antenne 2 et diffusé en 1977), est une des rares productions de la télévision française qui soient sorties dans les salles de cinéma (1979). Il se consacre ensuite à plusieurs adaptations littéraires : l'Empreinte des géants, Pile ou face, Au nom de tous les miens, Zone rouge et De guerre lasse, avant de se voir confier la réalisation du film « officiel » du bicentenaire de la Révolution française.