Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LUPINO (Ida) (suite)

L'expérience de The Filmmakers prend fin après l'échec de Ici brigade criminelle (D. Siegel, 1954), que la société a tenté de distribuer elle-même. Après deux créations marquantes, dans le Grand Couteau (R. Aldrich, 1955) et la Cinquième Victime (F. Lang, 1956), Ida Lupino travaille pour la télévision, comme actrice (série Mr. Adams and Eve) ou réalisatrice (près d'une centaine d'épisodes de diverses séries). Elle revient au grand écran pour diriger Rosalind Russell dans The Trouble With Angels (1966), une comédie désuète dans la veine de Leo McCarey, et interpréter la mère de Steve McQueen dans Junior Bonner (S. Peckinpah, 1972). Également musicienne de talent, elle a écrit et interprété des chansons, et composé notamment The Aladdin Suite.

LUPPI (Federico)

acteur argentin (Ramallo, Buenos Aires, 1936).

Leonardo Favio lui offre le rôle-titre de El romance del Aniceto y de la Francisca (1966), alors qu'il possède déjà quelques années de théâtre et une certaine renommée à la télévision. Le succès de La Patagonia rebelde (H. Olivera, 1974) lui vaut de figurer sur les listes noires des militaires. Cela ne l'empêche pas de devenir une figure emblématique de la résistance (le Temps de la revanche, 1981), grâce au réalisateur Adolfo Aristarain, qui en fait son alter ego (Martín (Hache), 1997) et l'incite même à l'autoparodie (Rosarigasinos, Rodrigo Grande, 2000). À la faveur de son exil en Espagne, il entame une carrière internationale (La vieja música, Mario Camus, 1985 ; Cronos, Guillermo del Toro, 1992 ; Nadie hablará de nosotras cuando hayamos muerto, Agustín Díaz Yanes, 1995 ; Men with Guns, John Sayles, 1997 ; El espinazo del diablo, G. del Toro, 2001).

LUPU-PICK (Lupu Pick, dit)

cinéaste allemand d'origine roumaine (Iassy, Roumanie, 1886 - Berlin 1931).

Il débute comme acteur pendant la Première Guerre mondiale, dans son pays natal puis en Allemagne à partir de 1915, notamment dans des films d'Arthur Robison (Nuit d'horreur, 1916) et sur les scènes de théâtre de Berlin ou Hambourg. Il signe comme réalisateur en 1918 et 1919 quelques films sans intérêt. Sa rencontre avec Carl Mayer, scénariste de l'expressionnisme dont le style se déplace vers le Kammerspiel, est artistiquement décisive. Avec lui, Lupu-Pick réalise le Rail (Scherben, 1921) et la Nuit de la Saint-Sylvestre (Sylvester, 1923), qui dans l'esprit de Mayer devaient constituer une trilogie avec le Dernier des hommes (ce film fut réalisé finalement par Murnau, après un différend d'ordre esthétique opposant le scénariste et le metteur en scène). Par la suite, privé de l'apport de Carl Mayer, grand théoricien et animateur d'un genre (le Kammerspiel) qui se propose de tirer l'expressionnisme vers un naturalisme intimiste sans y tomber, Lupu-Pick se répéta sans pouvoir s'affranchir de la banalité malgré les tentations du formalisme.

Autres films :

Kitsch (1919) ; Oliver Twist (1920) ; Zum Paradies der Damen (1922) ; Weltspiegel (1923) ; le Canard sauvage (Das Haus der Lüge, 1925) ; la Casemate blindée (Das Panzergewölbe, 1926) ; Une nuit à Londres / Ève en pyjama (Ein Nacht in London, 1928) ; Napoléon à Sainte-Hélène (Napoleon auf St-Helena, 1929) ; Gassenhauer (1931).

LUX.

Unité d'éclairement. ( PHOTOMÉTRIE.)

LUXEMBOURG.

Malgré son faible nombre d'habitants, le Luxembourg est une place forte financière et dispose d'infrastructures et d'entreprises jouant un rôle important dans l'audiovisuel européen. Grâce en particulier à une société très active dans la production et la distribution, la C.L.T. (Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion), qui exploite Radio-Luxembourg, née en 1933, et R.T.L., dont les chaînes TV couvrent plusieurs pays voisins.

Bien que quelques (rares) personnalités du cinéma soient d'origine luxembourgeoise (Barbet Schroeder), le pays ne s'est investi que très récemment dans la production de films de cinéma, mais il dispose d'un savoir-faire (notamment pour le cinéma d'animation). Le Luxembourg participe à des coproductions européennes et quelques réalisateurs ont pu tourner dans leur pays depuis les années 80 : le documentariste Donato Rotunno, Pol Cruchten (Hochzaeitnuecht, 1992 et Black Dju, vos papiers, 1996), ou Andy Bausch. Ce dernier a obtenu un écho certain avec des films tournés dans d'énormes difficultés matérielles comme Troublemaker (1989) et il a réalisé un film très significatif sur les jeunes Luxembourgeois issus de l'immigration et sur les frontaliers : A Wopbopaloobop a Lopbamboo (1991).

LUXMÈTRE.

Appareil, gradué en lux, de mesure des éclairements.

LYE (Len)

cinéaste néo-zélandais (Christchurch 1901 - Warwick, N. Y., US, 1980).

Issu d'un milieu pauvre, Len Lye, autodidacte brillant, imagine, vers 1921, l'une des premières sculptures cinétiques. Intéressé par la psychanalyse, les arts primitifs et le cinéma, il effectue un séjour décisif dans les îles polynésiennes (Samoa) qui le conforte dans sa volonté de rompre avec les images standardisées de la culture occidentale. Lorsqu'il arrive à Londres en 1927 , il est, selon le mot de son biographe Roger Horrocks, « un homme primitif, un barbare qui sort d'une trappe, un envahisseur vertical ». Dès 1928, Lye se lance dans la réalisation d'un premier film d'animation, Tusalava (1929), que John Grierson supervise avec GPO Film Unit. Ce film, proche d'esprit de l'œuvre écrite de Victor Segalen (les Immémoriaux), annonce une suite d'expériences profondément originales et inscrites dans le sillage de l'histoire du cinéma abstrait. Comme plusieurs réalisateurs d'avant-garde, il intègre à ses recherches les messages publicitaires de GPO Film Unit, mettant au point, faute de moyens, une technique permettant de dessiner directement sur la pellicule, qu'il utilise pour la première fois dans A Colour Box (1935), et dont l'influence a été évidente sur Norman McLaren. Avec Rainbow Dance (1936) puis Trade Tattoo (1937), il amplifie cette recherche, introduisant par ses montages syncopés, ses couleurs entières, ses textures, ses transparences, son utilisation de chutes filmées et ses rythmes jazziques, une véritable modernité. En 1944, il se fixe aux États-Unis et réalise plusieurs autres films, dont le remarquable grattage sur pellicule Free Radicals (1958), avant d'abandonner le cinéma, à la fin des années 50, pour se consacrer à la peinture et à la sculpture cinétique. On lui doit également : Swinging The Lambeth Walk (1939) ; Color Cry (1955) ; Rhythm (1957) ; Particles in Space (1980).