CANADA. (suite)
En 1976, malgré l'entrée en fonction d'un Institut québécois du cinéma, un essoufflement est perceptible : comme l'ensemble du cinéma canadien, le cinéma québécois manque d'un public. En outre, une loi fédérale de 1975 a prévu d'exonérer d'impôts la totalité du capital investi dans la production d'un film. Ce système, dit « tax shelter », ouvre la voie à des coproductions avec les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France ou l'Italie. Des réalisateurs hollywoodiens tournent à Toronto des films-catastrophe ou des films fantastiques avec des acteurs internationaux. Claude Chabrol* ou Dino Risi* dirigent à Montréal des films qui n'ont de canadien qu'une estampille officielle. Si l'industrie continue à travailler, l'originalité des cinémas canadiens s'est incontestablement diluée dans l'universel capitaliste.
Le cinéma canadien aujourd'hui.
Endeuillé par la disparition de quelques-uns de ses pionniers (Claude Jutra en 1986, Norman Mac Laren en 1987), le cinéma canadien des années 80 est un cinéma d'ouverture : multiplication des coproductions et tentative, au Québec notamment, de limiter le contrôle du marché par les majors américaines (accord du 22 octobre 1986).
Des auteurs s'imposent au cours des années 80-90 aussi bien à l'ouest qu'à l'est du Canada. En Ontario, David Cronenberg* et Atom Egoyan*, mais aussi Patricia Rozema et Anne Wheeler, remportent des succès internationaux ; au Québec, Francis Mankiewicz, Jean-Claude Lauzon, André Forcier, Denis Arcand*, Lea Pool*, Pierre Falardeau, Micheline Lanctôt, Paul Tana, Jean Beaudin, Robert Lepage, Charles Binamé, Bertrand Bonello, Denis Villeneuve poursuivent le chemin tracé par leurs jeunes aînés des années 60 tandis que Jean-Claude Labrecque* peaufine son exploration de l'identité québécoise. Guy Maddin est le réalisateur le plus talentueux des Prairies ; William MacGillivray, John N. Smith signent des films originaux dans les Provinces atlantiques. En 2001 le prix de la Caméra d'or du Festival de Cannes est attribué à Atanarjuat l'homme rapide, un film inuit réalisé par Zacharias Kunuk. Des festivals d'importance se créent (le Festival des films du monde à Montréal en 1977, le Festival de Toronto, le Festival de Vancouver). En 1986 est fondée l'Ontario Film Development Corporation ; en 1989, l'ONF fête son cinquantième anniversaire. Malgré la concurrence de plus en plus pressante du cinéma américain, le cinéma canadien, avec ses particularismes (et son enthousiasme), continue à susciter des œuvres originales.