BEN ‘AMMAR (‘Abdel-Latif)
cinéaste tunisien (Tunis 1943).
Après des études à l'IDHEC, il devient cameraman de reportage (1965-1968), assistant dans les Aventuriers (R. Enrico, 1967), puis assistant réalisateur dans Justine (G. Cukor, 1969). Après Une si simple histoire (1970) et des courts métrages, dont Kairouan (1973), il s'affirme avec Sejnane [Sijnan] (1974), qui évoque la force des traditions et l'éveil du syndicalisme à la fin de la Régence de Tunis. On retrouve la même clarté classique, une égale attention portée aux sensations dans ’Aziza ’ (1980), portrait d'une jeune femme seule dans une société mal préparée à son évolution moderniste.
BEN bʹAMMAR (Tarak)
producteur tunisien (Tunis 1949).
Après des études d'économie à l'université de Georgetown, il rentre en Tunisie et s'intéresse au cinéma. Il crée une société de prestations de services avec deux studios, à Monastir et El Kantaoui, qui accueilleront des superproductions américaines comme la Guerre des étoiles, les Aventuriers de l'arche perdue (Steven Spielberg) ou Jésus de Nazareth (Franco Zeffirelli). Il passe lui-même à la production avec La Traviata (Franco Zeffirelli), Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (Jean Yanne), Pirates (Roman Polanski).
Avec sa société Carthago Films, il produira des films de Chabrol, Comencini, Arcady ou Henri Verneuil (Mayrig, 588 rue Paradis) et sera à l'origine du tournage du Collier perdu de la colombe (Nacer Khémir), d'Écran de sable, premier film de Randa Chahal Sabbag, et de l'Autre (Bernard Giraudeau).
BENAVENTE (Jacinto)
dramaturge espagnol (Madrid 1866 - id. 1954).
Écrivain de la « génération de 98 », prix Nobel, il s'intéresse de près au cinéma. Il fonde une maison de production et met en scène La madona de las rosas (1919) et Más allá de la muerte (1924). Ses œuvres, souvent portées à l'écran, ont donné lieu à deux coproductions franco-espagnoles réalisées en 1922 par Benito Perojo : Pour toute la vie et Au-delà de la mort. Citons encore la Mal-Aimée (La malquerida), dirigée au Mexique par Emilio Fernández, avec Pedro Armendariz et Dolores del Rio (1949).
BENAYOUN (Robert)
écrivain et cinéaste français (Port-Lyautey [auj. Kenitra], Maroc, 1926 - Paris 1996).
Il rejoint le surréalisme en 1948 et fonde la revue l'Âge du cinéma avec Ado Kyrou en 1950. Il écrit et dirige Paris n'existe pas (1969) puis Sérieux comme le plaisir (1975), où il renoue avec le filon de la comédie américaine nonsensique, dont il est un fervent admirateur et défenseur. Critique notamment à Positif, on lui doit aussi des essais : le Dessin animé après Walt Disney (1961), John Huston (1966), l'Érotique du surréalisme (1965), Bonjour monsieur Lewis (1972), Alain Resnais (1980), le Regard de Buster Keaton (1982).
BENAZERAF (José)
cinéaste français (Casablanca, Maroc, 1922).
Soft, puis hard avec moins de succès et de conviction peut-être, il semble aujourd'hui dépassé par une nouvelle génération du cinéma érotique sans se réfugier pour autant, comme un Max Pécas, dans la vulgarité troupière. Ambitieux et provocateur, il se réclame d'abord de Samuel Fuller et de Jean-Luc Godard. Il tourne quelques strip-tease réussis, joue volontiers des atmosphères troubles à la limite du fantastique superficiel, et ne dédaigne pas paraître devant l'objectif. On peut citer le Cri de la chair (1962), le Concerto de la peur (id.), l'Enfer sur la plage (1966), Joe Caligula (1969 [RÉ 1966]), Frustration (1971)... Il a réalisé quelques films aux États-Unis, notamment Flesh and Fantasy (1967) et Racism (1972).
BEN BARKA (Souhayl)
cinéaste marocain (Tombouctou, AOF [auj. Mali], 1942).
Il fait ses études au Maroc, puis en Italie ; il est licencié en sociologie et diplômé du Centro sperimentale de Rome. Sorti major de sa promotion, Ben Barka travaille avec Pasolini (l'Évangile selon Matthieu, 1964 ; Œdipe roi, 1967). Après d'excellents courts métrages pour la RAI, il tourne au Maroc les Mille et Une Mains (1972), œuvre inégale mais dont les qualités critiques et plastiques sont évidentes, ainsi que dans La guerre du pétrole n'aura pas lieu (1975). Si, dans un contexte peu favorable, son orientation ambitieuse risque l'échec (Noces de sang, 1977), son rôle de producteur n'est pas, d'autre part, sans importance. En 1985, il signe Amok. 1990 voit le retour de Ben Barka avec une superproduction tournée dans les studios de Leningrad : la Bataille des trois rois ou les Tambours de feu.
BENDIX (William)
acteur américain (New York, N. Y., 1906 - Los Angeles, Ca., 1964).
Apparu dans un film de la Vitagraph à cinq ans, il fait beaucoup de théâtre çà et là avant d'aborder Broadway (1939). Sa carrière à Hollywood depuis 1942 repose d'abord sur sa célébrité à la scène, à la radio, puis à la TV. Il joue les vilains (la Clé de verre, S. Heisler, 1942) aussi bien que les policiers, son physique massif pouvant exprimer la brutalité comme la naïveté. Outre la Belle et la Brute (The Hairy Ape, 1944) d'Alfred Santell et The Babe Ruth Story (1948) de Roy Del Ruth, ses prestations les plus remarquables restent le marin blessé de Lifeboat (A. Hitchcock, 1944) et le prétendu enquêteur militaire qui se révèle être une rusée fripouille dans ça commence à Veracruz (D. Siegel, 1949).
BENE (Carmelo)
acteur et cinéaste italien (Lecce 1937).
Venu du théâtre, il est Créon dans l'Œdipe roi de Pasolini, en 1967 ; l'année suivante, il réalise et interprète Notre-Dame des Turcs (Nostra signora dei turchi), prix spécial du Jury à Venise (1968). Cette adaptation du roman homonyme dont il est aussi l'auteur révèle l'inspiration baroque d'un esprit à la fois agressif et séduisant, rêvant le massacre historique de la population d'Otrante par les Ottomans. Aucun des films suivants n'a retrouvé la veine inventive du premier, sauf, peut-être, Don Giovanni (1970), dans leur abandon complaisant aux confus effets décoratifs et aux excès psychédéliques sur des thèmes un peu trop littéraires — qu'il s'agisse de Capricci (1969), de Salome (1972) ou de Un Hamlet de moins (Un Amleto di meno, 1974), qu'il interprète également.
BENEDEK (Lázsló, dit Laslo)
cinéaste américain d'origine hongroise (Budapest 1907 - New York 1992).
Après avoir étudié la médecine et la psychanalyse à Vienne, Benedek devient assistant opérateur à la UFA et à la Terra (Berlin), puis opérateur et assistant du producteur Joe Pasternak, qu'il accompagne en 1933 à Vienne. Il se retrouve ensuite en France, où il écrit des scénarios pour une firme anglaise. En 1937, il gagne les États-Unis. Il y travaille comme monteur à la MGM. Un temps scénariste au Mexique, il regagne Hollywood, où il devient producteur associé de quelques musicaux auprès de Pasternak, qui produit son premier film, le Brigand amoureux (The Kissing Bandit, 1948), avec Frank Sinatra. La Brigade des stupéfiants (Port of New York, 1949), petit policier réalisé dans un style semi-documentaire, attire d'abord l'attention sur Benedek, mais ce sont ses œuvres suivantes, fort peu conformistes et produites par Stanley Kramer, qui le rendent célèbre. Mort d'un commis voyageur (Death of a Salesman, 1951), peinture amère des rêves et des désillusions d'un Américain moyen, adaptation d'une pièce d'Arthur Miller et film fondé sur des retours en arrière, assume intelligemment son origine théâtrale. Dans l'Équipée sauvage (The Wild One, 1954), Benedek sonde les mentalités d'une petite ville américaine troublée par l'irruption, le temps d'un week-end, de deux bandes de jeunes motards, et donne un témoignage social aux accents prophétiques. Il fixe aussi un archétype : celui du motard vêtu de cuir noir, interprété par Marlon Brando. Sur sa lancée, il signe la Révolte des Cipayes (Bengal Brigade, id.). Moins connu, Des enfants, des mères et un général (Kinder, Mütter und ein General, 1955), produit par Erich Pommer et tourné en Allemagne, n'est pas indigne de ses prédécesseurs. À travers l'histoire d'un groupe d'écoliers fanatisés qui veulent aller au combat et que leurs mères cherchent en vain à arracher à la mort, Benedek brosse un tableau intimiste de l'Allemagne à la veille de la défaite, sans souci de dédouaner qui que se soit. Malgré la générosité de leur inspiration, les films suivants, Affair in Havana (1957), Malaga / Moment of Danger (GB, 1959), Recours en grâce (FR, 1960), Namu the Killer Whale (1966), le Commando intrépide (The Daring Game, 1968), sont beaucoup plus faibles. Benedek n'arrive pas à trouver un second souffle et, après une dernière tentative infructueuse (The Night Visitor, 1971), cet homme modeste et lucide s'éloigne des studios pour se consacrer à l'enseignement du cinéma.▲