JONES (Phillys Isley, dite Jennifer)
actrice américaine (Tulsa, Okla., 1919).
Actrice ambulante dès l'enfance, elle rencontre en 1939 à New York Robert Walker, et ils partent pour Hollywood après leur mariage. Elle débute obscurément à l'écran sous son vrai nom. David Selznick la remarque et va la « fabriquer » publicitairement pendant trois ans avant de la lancer en vedette dans le Chant de Bernadette (H. King, 1943) : film religieux destiné à faire pardonner d'avance le scandale d'un divorce (1945) et d'un mariage attendu avec son Pygmalion (1949). Pour ce rôle, Jennifer Jones remporte un Oscar. Douée de plus de tempérament que de métier, elle utilise avec un instinct infaillible un répertoire de mimiques et de tics qui mettent en valeur les passions les plus exacerbées : ce qui subsiste longtemps d'enfantin dans un visage très photogénique et les courbes d'un corps juvénile, quelque arrogance aussi, ajoutent à cette fascination que de grands cinéastes ont su exalter : Depuis ton départ (J. Cromwell, 1944) ; la Folle Ingénue (E. Lubitsch, 1946 : incursion réussie dans la comédie) ; Duel au soleil (K. Vidor, 1947 : son apothéose en sauvageonne indomptable) ; le Portrait de Jennie (W. Dieterle, 1949) ; Madame Bovary (V. Minnelli, id.) ; la Renarde (M. Powell et E. Pressburger, 1950) ; la Furie du désir (K. Vidor, 1952) ; Stazione termini (V. De Sica, 1953) ; Plus fort que le Diable (J. Huston, id.) ; la Colline de l'adieu (H. King, 1955) ; l'Adieu aux armes (Ch. Vidor, 1957) ; Tendre est la nuit (H. King, 1962). Après quelques autres films de moindre renom, elle n'est plus apparue que dans la Tour infernale (J. Guillermin, 1974).
JONES (Quincy)
musicien américain (Chicago, Ill., 1933).
Sa connaissance du blues, de la musique latino-américaine et, plus généralement, d'une grande variété de musiques ethniques a fait de Quincy Jones un compositeur particulièrement recherché lorsque le cinéma américain s'est épris de sons différents au début des années 60. Arrangeur, compositeur et interprète, il a contribué à la création d'atmosphères urbaines comme dans le Prêteur sur gages (S. Lumet, 1965), ou M 15 demande protection (id., 1967). C'est en 1967 également qu'il signe deux de ses partitions les plus remarquables, pour De sang froid de Richard Brooks, où il incorpore des effets de percussion inhabituels, et pour Dans la chaleur de la nuit de Norman Jewison, où son utilisation du bluegrass convient à l'atmosphère sudiste du film. Sa connaissance des thèmes mélodiques populaires est manifeste dans de nombreux films des années 70, bien qu'il se soit progressivement éloigné du milieu du cinéma. Il a joué néanmoins un rôle de coordinateur musical dans la Couleur pourpre (S. Spielberg, 1985), dont il a été également un des coproducteurs.
JONES (Shirley)
actrice américaine (Smithton, Pa., 1934).
Blonde, jeune et assez fade, elle fut catapultée vedette de musicals : Oklahoma (F. Zinnemann, 1955) ou Carrousel (H. King, 1956), ou partenaire de chanteurs à la mode comme Pat Boone (April Love, H. Levin, 1957). Cependant, elle étonne tout le monde dans le rôle annexe de la prostituée d'Elmer Gantry, le charlatan (R. Brooks, 1960), où sa sensualité et sa fragilité sont inoubliables (Oscar [« Best Supporting Actress »]). Elle a ensuite encore quelques bons rôles, comme celui de la jeune voisine de Glenn Ford dans Il faut marier papa (V. Minnelli, 1963), puis elle se laisse peu à peu absorber par la télévision.
JONES (Tommy Lee)
acteur américain (San Saba, Tex., 1946).
Actif au cinéma depuis 1970, jeune premier souvent effacé, au mieux inquiétant (les Yeux de Laura Mars, I. Kershner, 1978), il a dû attendre la maturité et les rides pour trouver la consécration dans les compositions. Oliver Stone n'y fut pas pour rien quand il lui donna des rôles troublants, au bord de la folie (J.F.K., 1991, le G.I. suicidaire de Entre ciel et terre, 1993, le directeur de prison survolté de Tueurs nés, 1994). Il a laissé une impression plus mémorable en policier intègre, poursuivant inlassablement Harrison Ford dans le Fugitif (The Fugitive, Andrew Davis, 1993), qu'en héros abâtardi du Batman forever (1995) de Joel Schumacher. Sa composition loufoque dans Men in Black (id., Barry Sonnenfeld, 1997) lui vaut une adhésion totale du public. En 1998, il reprend le personnage qu'il avait si fortement marqué dans le Fugitif, celui du Marshall Samuel Gerard dans U. S. Marshals (id., Stuart Baird), qui ne vaut que par son interprétation irréprochable.
JORDAN (Larry)
cinéaste expérimental américain (Denver, Colo., 1934).
Après un séjour dans la marine marchande, il sert, comme son labadens Brakhage, d'opérateur et de monteur à Joseph Cornell, auquel il consacrera un hommage (Cornell 1965, 1979). Des divers genres qu'il pratique depuis 1952 (psychodrame, journal, film-poème, etc.), c'est l'animation qui lui va le mieux. Héritier, comme Harry Smith, du Max Ernst d'Une semaine de bonté, il anime de façon rêveuse et soudain fulgurante des figures (hommes, papillons, étoiles, etc.) découpées dans des gravures du XIXe siècle. Les plus intéressants de ces collages féeriques sont Duo Concertantes (1961-1964), Hamfat Asar (1965), Gymnopédies (1966), Our Lady of the Sphere (1969), Orb (1973), Carabosse (1980) et Masquerade (1981).
JORDAN (Neil)
cinéaste irlandais (Sligo 1950).
Jeune écrivain en vogue, il attira l'attention de John Boorman quand celui-ci lui demanda de collaborer au scénario d'Excalibur (1981). Neil Jordan fit un documentaire sur le tournage du film et c'est Boorman qui lui permit de réaliser son premier long métrage de fiction, Angel (id., 1982), bon thriller haletant, tourné en Irlande. Depuis, Neil Jordan continue une carrière en dents de scie, entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. En Amérique, il est comme coupé de ses racines et peut sombrer dans une platitude réellement embarrassante (Nous ne sommes pas des anges, We're no Angels, 1989, effarante adaptation de « la Cuisine des anges » d'Albert Husson). Heureusement, la réussite d'Entretien avec un vampire (Interview with a Vampire, 1994), l'une des plus intéressantes variations du cinéma fantastique sur le thème vampirique, vient confirmer que Neil Jordan est parfaitement capable de réaliser de bons films loin de chez lui. Le plus académique Michael Collins (id., 1996) le ramène à un sujet irlandais, qu'il traite avec sérieux et avec un respect peut-être excessif. Ses films britanniques sont souvent plus inspirés, mêlant une imagerie raffinée à une thématique parfois perverse, ainsi le curieux décryptage des contes de fées de la Compagnie des loups (The Company of Wolves, 1984), avec ses baroquismes somptueux, l'excellent thriller passionnel Mona Lisa (id., 1986), le bizarre The Crying Game (id., 1992), qui mélangeait le film engagé et le suspense hitchcockien, ou encore la Fin d'une liaison (End of the Affair, 1999), adaption scrupuleuse et admirable d'un classique de Graham Greene. Mais, en 1997, The Butcher's Boy (id.), projet certainement personnel, est une œuvre informe qui ne tranche jamais entre la caricature et le pathétique. Depuis Angel, son acteur fétiche est l'excellent Stephen Rea, qu'il impose dans presque tous ses films et qu'il a mené à l'Oscar pour sa création troublante dans The Crying Game.