actrice française (Courbevoie 1898 - Paris 1992).
D'origine auvergnate et populaire (père mineur en Auvergne, puis ajusteur dans la région parisienne), elle exerce divers métiers (secrétaire, mannequin, girl de revue) avant de débuter au théâtre en 1920 comme actrice comique, puis au cinéma en 1930, et de mener parallèlement ces deux activités jusque dans les années 60. Ses premiers films sont des comédies légères : Un chien qui rapporte (J. Choux, 1931), ou des adaptations de comédies de boulevard : Mais n'te promène donc pas toute nue (CM de L. Joannon, id.). Elle tournera ainsi une soixantaine de films dont beaucoup sont, à juste titre, depuis longtemps oubliés, par exemple : Enlevez-moi (L. Perret, 1932), Une idée folle (Max de Vaucorbeil, 1933), le Voyage de M. Perrichon (Jean Tarride, 1934), Amants et Voleurs (R. Bernard, 1935), la Garçonne (Jean de Limur, 1936), mais aussi trois films de Sacha Guitry : Faisons un rêve (1937), les Perles de la Couronne (id.), Désiré (id.). Dans ces films (qui sont l'équivalent à l'écran de ce qu'elle joue au théâtre), elle se signale par son dynamisme et sa verve, créant des caractères populaires pleins de truculence, mais exempts de vulgarité, qui lui vaudront, sous la plume d'un critique, le qualificatif ambigu d'« impératrice des faubourgs », hommage sincère à l'espèce de noblesse altière et à la liberté souveraine qu'elle confère à tous ses personnages.
Pension Mimosas (J. Feyder, 1935) est le premier film important dans lequel elle apparaît, mais c'est avec Hôtel du Nord (M. Carné, 1938) qu'elle s'impose définitivement dans le personnage inoubliable de la péripatéticienne amie de Louis Jouvet : prenant « atmosphère » pour une injure, elle lance, grâce à Henri Jeanson, une réplique qui vaut tout autant par son accent parigot que par le talent du dialoguiste, et qui est certainement la plus fameuse et la plus souvent citée de l'histoire du cinéma. Dans Le jour se lève (Carné, 1939), elle est la collaboratrice écœurée et révoltée du sadique dresseur de chiens Jules Berry et l'héroïne d'une brève liaison avec l'ouvrier Jean Gabin. Avec ces deux œuvres majeures, elle a définitivement campé son personnage spécifique, celui d'une femme libre et forte, qui ne croit ni à Dieu ni à Diable, et encore moins aux hommes, mais qui se trouve entraînée dans leurs histoires et leurs drames par son insatiable besoin d'amour, amour pur ou vénal. Pourtant, elle garde au cœur un côté fleur bleue qui la fait se donner à qui lui plaît sans réticence ni fausse honte ; c'est ainsi qu'elle raille « ceux qui parlent tellement de l'amour qu'ils n'ont pas le temps de le faire ». Et sa silhouette fait désormais partie du décor, avec ses étroites jupes fendues sur la cuisse et ses impossibles bibis ou son célèbre boa d'Hôtel du Nord. Parmi ses derniers films de l'avant-guerre figurent aussi deux œuvres mineures mais qui ne sont pas moins savoureuses par leur drôlerie débridée (avec, en prime, la truculente présence de Michel Simon) : Fric-Frac (Maurice Lehman, 1939), d'après la pièce d'Édouard Bourdet, dans laquelle elle venait de faire un triomphe au théâtre, et Circonstances atténuantes (Jean Boyer, 1939), deux films où elle peut épanouir sans contrainte sa ravageuse désinvolture et sa verve gouailleuse, tout comme dans Madame Sans-Gêne (Roger Richebé, 1941).